Ne pas négliger le coût des fourrages

Les coûts des fourrages intègrent les fournitures (semences, engrais, produits phytosanitaires, bâches, conservateurs…) et les charges de mécanisation (travail du sol, semis, désherbage, épandage, récolte,) établis d’après l’itinéraire technique, le matériel utilisé,  et les barèmes d'entraid.

Le coût des fourrages (charges opérationnelles + frais de récolte) est en général plus élevé que celui des concentrés. En moyenne, sur 835 élevages €colait répartis en France, le coût des concentrés est de 47 €/Ml contre 63 €/Ml pour les fourrages.

De plus si on considère plusieurs niveaux de production, la variabilité du coût alimentaire s’explique bien plus par les écarts entre coûts des fourrages qu’entre coût des concentrés.

Des données €colait antérieures (Synthèse €colait 2000) vont dans le même sens : pour une même catégorie de niveaux de production égaux (7000 à 8000 litres/VL) et une même catégorie de coûts de concentrés (45 à 54 €/Ml), le coût des fourrages variaient entre 47 et 77 €/Ml. 

Les écarts de coûts alimentaires observés ont différentes explications

Le coût des fourrages dépend de la composition de la ration (part de la pâture et des ensilages notamment) et de la  conduite des différents fourrages qui la constituent (optimisation du rendement pour diluer les charges de structures et ainsi diminuer le coût/t MS).

Le tableau ci-dessous donne quelques coûts fourragers établis à partir de barèmes d’Entraid pour un rendement donné. La pâture reste le fourrage le plus intéressant dès lors qu’il est possible de la pratiquer.

Le rendement de transformation d’une tonne de fourrage en litres de lait est tout aussi important que le coût de production

De par leur nature, les fourrages ont des valeurs UFL et PDI variables. Ainsi,  l’intérêt d’un fourrage par rapport à un autre peut aussi se mesurer à son coût pour 1000 UFL ou par kg de MAD.  L’ensilage de maïs avec un rendement correct est compétitif pour la fourniture en UFL, la luzerne est intéressante pour la MAD (voir tableau ci-dessous).

Bien sûr, seule une récolte réussie (stade, conservation) permettra de préserver au mieux les qualités nutritives potentielles des fourrages. Restera encore à passer le cap de la distribution et de l’équilibre de la ration pour en tirer le meilleur parti et aboutir au coût/ Ml le plus bas possible.

L’expérience acquise au travers du réseau €colait sur des cas simples (exploitation spécialisée lait avec ration maïs majoritaire) montre que la valorisation des fourrages par les troupeaux n’est pas toujours à la hauteur des calculs théoriques que l’on peut faire. En moyenne, un maïs estimé à 10 t de MS au champ est valorisé à 7 t par les vaches.

Maîtriser le coût de ses fourrages est un élément primordial pour maximiser la marge alimentaire. Pour une exploitation donnée, le choix du système d’alimentation se fera avant tout en fonction des surfaces à valoriser (importance de l’herbe, pâture possible ou non…), du niveau de production attendu compte tenu de la place dans les bâtiments et du quota, disponibilité de la main d’œuvre. C’est au sein du système cohérent retenu qu’il faudra rechercher les pistes de progrès.
Il est possible d’agir à trois niveaux :

1) du semis au lieu de stockage : atteindre le rendement potentiel en maîtrisant charges de structures et charges opérationnelles, récolter au bon stade.
2) du stockage à l’auge : maîtrise de la conservation et de la distribution
3) de l’auge au tank : équilibre de la ration