Depuis quinze jours, les éleveurs de Charente, une région particulièrement touchée par la canicule et la sècheresse, redoublent de vigilance et réorganisent leur temps de travail pour soigner des bêtes fragilisées par les fortes chaleurs.
Depuis l'envolée du mercure, Jean-Marie Bonnin, éleveur de moutons à Confolens (Charente), a avancé son réveil pour s'occuper de ses 260 bêtes "à la fraîche". Dès 5h au lieu de 7h, il les amène au parc de tri. "On ne peut pas les manipuler en pleine chaleur, elles sont beaucoup trop nerveuses, ce serait trop risqué", explique-t-il. Jean-Marie Bonnin abreuve aussi ses brebis trois fois plus souvent et déplace les plus étourdies qui s'attardent au soleil. Même lever matinal pour Jean-Marie Pantier, producteur laitier à Juillé dans le nord du département. "Les bêtes souffrent. Pour une vache laitière, la température extérieure de confort est de 10° quand elle est de 20° pour un humain", précise l'agriculteur. "On redouble d'attention, on est obligés d'être plus près de nos animaux et de s'équiper", ajoute-t-il.
Comme beaucoup de ses collègues, Jean-Marie Pantier a recours, dans le bâtiment de stabulation, à la ventilation et au brumisateur pour rafraîchir sa centaine de têtes. L'éleveur veille aussi à mieux équilibrer les rations et les propose plusieurs fois aux bêtes peu affamées. Philippe Bousseau, producteur laitier à Salles-Lavalette, prolonge parfois ses journées jusqu'à minuit. "Sur le plan économique, on enregistre des baisses de production de 4 litres par bête et par jour", souligne-t-il. "Certains parlent d'une chute de 30 %". Ces observations sont confortées par le recul dont dispose désormais la profession. "Après la canicule de 2003, on a enregistré des mauvais résultats de fertilité chez les brebis et les vaches laitières", confirme Sabrina Peyrille, ingénieur-lait à la Chambre d'agriculture de Confolens. Selon elle, les éleveurs ont une double inquiétude: ils ont souvent du entamé leur réserve de fourrage pour l'hiver et ils redoutent l'effet des sécheresses à répétition sur la production quantitative et qualitative du lait.
A Saint-Médard-de-Barbezieux, dans son élevage porcin de quelque 9.000 têtes, Nicolas Larignon active une sur-ventilation inspirée du modèle espagnol. Il a également décalé les horaires des repas et réduit leur nombre à 2 au lieu de 3 pour contenir l'énervement des cochons. "On est très vigilants, précise l'éleveur. Cette année, la grosse chaleur est arrivée progressivement, les porcs se sont habitués. Mais en juin 2005, les fortes chaleurs étaient venues d'un coup et 30 bêtes étaient mortes en très peu de temps." En Charente, la Direction des services vétérinaires ne fait, pour l'instant, état d'aucune mortalité due à la chaleur. Dans le centre du département, les 60 cerfs de Karine de Braquilanges vivent au ralenti et maigrissent. Les biches, en période de lactation, sont les premières à pâtir du manque de fraîcheur et d'herbe verte.
« J’ai opté pour un système très simple car c’est rentable »
Réformer ou garder ? 26 éleveurs dévoilent leur stratégie de renouvellement
Le vêlage 2 ans n’impacte pas la productivité de carrière des vaches laitières
« J’ai gagné presque un mois d’IVV grâce aux colliers de détection de chaleur »
Le biogaz liquéfié, une solution pour les unités de cogénération dans l’impasse
« Pas d’agriculture sans rentabilité ! », rappelle la FNSEA
John Deere, Claas, made in France… À Innov-Agri, il pleut aussi des nouveautés
Pourquoi la proposition de budget de l’UE inquiète le monde agricole
La FNSEA appelle à « une grande journée d'action » le 26 septembre
Matériel, charges, prix... Dix agriculteurs parlent machinisme sans tabou