Malgré des réticences affichées principalement à Paris, le commissaire européen au Commerce Peter Mandelson est prêt à améliorer encore son offre agricole pour éviter l'échec à Genève d'une nouvelle "réunion de la dernière chance" dans les négociations à l'OMC.
Alors que les négociations reprennent jeudi à Genève, M. Mandelson n'a pas hésité à dramatiser l'enjeu de ce complexe marchandage. "Tous les négociateurs, et tous ceux qui critiquent le processus en coulisses, doivent avoir à l'esprit le coût vraiment énorme qu'aurait un échec, à la fois politiquement et économiquement", a déclaré vendredi à Londres le commissaire européen. Bruxelles a appuyé cette offensive diplomatique en donnant des indications plus précises sur les nouvelles concessions envisagées, qui restent conditionnées à des efforts des partenaires de l'UE sur l'agriculture mais aussi sur les tarifs industriels et les services. "Nous ne pouvons pas concéder ce que le G20 (des grands pays émergents) nous demande en matière d'accès au marché et de tarifs (agricoles), mais nous avons dit que nous pouvons nous en rapprocher davantage que dans l'offre faite en octobre", a souligné la semaine dernière un responsable européen. Alors que le G20, entraîné par le Brésil, demande que l'UE abaisse en moyenne ses tarifs douaniers agricoles de 54%, l'offre européenne du 28 octobre 2005 se contentait de 39%. "Nous avons indiqué que nous pourrions nous rapprocher sensiblement des 54% sans toutefois les atteindre", a précisé ce responsable.
Les subventions à l'exportation, les soutiens internes et l'accès au marché, c'est à dire la baisse des tarifs douaniers et/ou l'augmentation des quotas d'importations, constituent les trois piliers de la négociation agricole. L'UE s'est déjà engagée à Hong Kong, en décembre 2005, à supprimer totalement ses subventions à l'exportation d'ici 2013. De plus, la réforme de 2003 de la Politique agricole commune, qui a découplé l'appui financier aux agriculteurs des volumes produits, a pratiquement éliminé, selon Bruxelles, les distorsions aux échanges induites par les soutiens internes. C'est sur l'accès au marché que l'UE s'est trouvée placée sur la défensive, particulièrement à Hong Kong, par la connivence tactique entre le G20 et les Etats-Unis.
Pour sortir de cet étau, M. Mandelson a parallèlement joué le rapprochement avec les propositions "médianes" du G20 et concentré son tir sur une offre agricole des Etats-Unis jugée excessivement ambitieuse en matière d'accès au marché, mais très insuffisante pour les soutiens domestiques accordés aux fermiers américains, source de graves distorsions sur les marchés internationaux. Cette manoeuvre, dont on verra à Genève dans quelle mesure elle a réussi, suscite cependant déjà des récriminations françaises. "Avec les concessions déjà accordées, la Commission est au bout de son mandat", réaffirmait récemment le ministre français de l'Agriculture Dominique Bussereau. "Nous pouvons assurément aller plus loin dans le cadre de notre mandat", réplique pourtant le responsable européen, une opinion semble-t-il partagée par la grande majorité des Etats membres, qui l'ont exprimée lors de différents conseils des ministres européens.
A Genève, conformément à une règle du jeu particulière à l'UE, M. Mandelson devra compter avec la présence en coulisse des ministres du Commerce et de l'Agriculture des 25. "Mais, de toute façon, explique une source diplomatique, personne, même pas les Français, ne souhaitent devoir renégocier le mandat confié à la Commission" européenne. Tout dépendra en fin de compte des ouvertures concédées par les grands pays émergents sur les tarifs industriels, autre volet des négociations de Genève pour mettre au point le cadre indispensable au bouclage du cycle fin 2006 ou début 2007, un objectif qui serait hors d'atteinte en cas d'échec cette semaine.
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