Interdiction des huîtres d'Arcachon

L'interdiction de consommation des huîtres du bassin d'Arcachon en raison de la présence d'une micro-algue toxique, plonge les ostréiculteurs dans le désarroi, un an après une mesure identique qui les avait privés de revenus pendant cinq semaines.

"On est désespérés, on ne sait plus à qui faire confiance", a indiqué aux journalistes Joël Dupuch, le vice-président de la section régionale conchylicole, à l'issue d'une réunion avec des ostréiculteurs du bassin samedi mettant en doute la "fiabilité" des tests sur lesquels reposent l'interdiction annoncée vendredi par la préfecture.

La décision a été prise, selon la préfecture, "malgré la faible présence constatée de micro-algues toxiques dinophysis dans les prélèvements d'eau", en vertu du "principe de précaution et la réglementation en vigueur" et d'un "test +biologique+" positif. A l'entrée du port ostréicole d'Andernos, un professionnel déversait ce week end sa colère sur un tableau noir à l'entrée de son établissement qui propose également des dégustations d'huîtres. "Manger des huîtres n'a jamais tué personne" indique-t-il entre autres insultes visant "les laboratoires" d'analyses, à l'entrée de sa cabane d'ostréiculteur ornée de lampions.

Lors des cinq semaines d'interdiction de commercialisation des huîtres en 2005, les divergences de résultats entre trois laboratoires d'analyses avaient contribué à faire monter la tension sur le bassin, et provoqué des incidents violents entre ostréiculteurs et forces de l'ordre. Le président de la section régionale conchylicole Marc Druart a regretté que la nouvelle interdiction "ne s'appuie encore une fois, uniquement" sur un "test souris, sans intégrer les paramètres des tests chimiques et de comptage de cellules dans l'eau". Le maire d'Arcachon, Yves Foulon (UMP), s'est lui aussi insurgé contre une "mesure manifestement excessive et disproportionnée", qui l'a contraint à annuler les festivités prévues dimanche pour le lancement de la saison estivale. Devant sa cabane blanche, Bruno Larrieu, 42 ans, s'affaire à charger les huîtres sorties vendredi des claires pour être vendues au marché de Dax (Landes) sur sa plate pour les ramener au parc "en attendant". Pour lui, cette nouvelle interdiction est "un coup de massue". "Avec toutes les normes qui sortent de toute part, un jour on mangera totalement aseptisé", déplore-t-il. Selon M. Dupuch, en 2005, l'interdiction avait entraîné "2 millions d'euros de pertes soit 8% du chiffre d'affaires" des 370 exploitations du bassin qui emploient un millier de personnes. "Le manque de naissain, les prix du pétrole qui montent et maintenant l'interdiction, ça fait beaucoup de choses", poursuit M. Larrieu.

Cette nouvelle interdiction de commercialisation s'ajoute en effet à une absence de la collecte de naissain, les larves d'huîtres, en 2005, dont le bassin est le premier producteur européen. Elle intervient en outre alors que la filière pêche du bassin est durement touchée par la hausse du prix du pétrole. Les quelque 30 chalutiers et fileyeurs du port d'Arcachon avaient bloqué le port de la ville lors du long week end du 1er mai, pour appuyer leurs revendications d'une aide financière. "La profession est extrêmement tendue et il va falloir que ça décoince rapidement", a mis en garde samedi M. Dupuch. "A un moment on va perdre le contrôle", a-t-il redouté.

Aperçu des marchés
Vaches, charolaises, U= France 7,1 €/kg net +0,05
Vaches, charolaises, R= France 6,94 €/kg net +0,02
Maïs Rendu Bordeaux Bordeaux 190 €/t =
Colza rendu Rouen Rouen 465 €/t +3

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