L'homme fait partie intégrante de l'environnement des animaux domestiques, notamment des animaux d'élevage. Il a donc un rôle à jouer dans leur bien-être. Pourrait-il être un substitut maternel ou social ? Des chercheurs de l'Inra analysent chez des agneaux par quels mécanismes se développe l'affinité pour le soigneur et notamment l'importance du rôle alimentaire du soigneur pour l'animal d'élevage.
Les chercheurs de l'Inra ont confronté l'hypothèse d'un conditionnement lié à l'alimentation à une relation d'attachement, lien émotionnel entre les animaux et leur éleveur. Les résultats rejettent l'hypothèse du simple conditionnement alimentaire et montrent que la présence et les contacts du soigneur pendant quelques minutes par jour pourrait plutôt faire de l'homme un substitut social pour l'animal. Les comportements qui suggèrent cette relation sont la recherche du contact du soigneur, l'apaisement de l'agneau en sa présence, la détresse après une séparation, ou le retour vers le soigneur après un événement anxiogène.
![]() (© Inra) |
L'étude a été menée sur 246 agneaux allaités artificiellement. C'est une pratique courante en élevage laitier. Ces animaux, séparés de leur mère et nourris par l'homme, développent une relation très spéciale avec leur soigneur. C'est ce lien que les chercheurs ont cherché à caractériser : conditionnement alimentaire ou relation émotionnelle telle une relation d'attachement ?
Les tests mis en place
Deux tests comportementaux ont été utilisés. Dans le " test d'affinité ", la réponse des agneaux à l'arrivée et au départ du soigneur était observée. L'affinité a été mesurée lorsque les agneaux étaient isolés afin de pouvoir déterminer si le soigneur pouvait compenser la détresse de la séparation sociale. Le " test d'exploration " consistait à observer l'exploration d'objets (cône de circulation, bidon) et la réponse à un événement soudain et nouveau (chute d'un ballon) en présence du soigneur. Ceci avait pour but de tester l'utilisation du soigneur comme une base de sécurité. Les facteurs de variations testés ont été la présence du soigneur auprès des animaux associée ou non à l'alimentation, l'activité du soigneur (immobile ou caressant l'agneau), la méthode de distribution alimentaire (biberon ou seau), etc.
Des comportements comme l'activité vocale de l'agneau, le temps d'approche vers le soigneur, le temps passé près de lui sont des éléments pris en compte pour évaluer le niveau d'affinité des animaux.
![]() Schématisation du parc du « test d’affinité » (© Inra / C. Tallet) |
L'éleveur n'est pas un simple distributeur d'aliment pour l'animal d'élevage
Les résultats des tests effectués montrent que l'affinité de l'agneau pour le soigneur peut se développer sans association du soigneur à l'alimentation. Le conditionnement alimentaire ne permet pas d'augmenter à moyen terme l'affinité pour le soigneur et le fait de nourrir les agneaux peut même détourner leur attention puisqu'ils ne recherchent pas le contact du soigneur mais celui de l'alimentation.
Les comportements observés qui suggèrent plutôt un rôle de substitut social sont la recherche par l'agneau du contact du soigneur, l'apaisement de l'agneau en sa présence, la détresse après une séparation, ou le retour vers le soigneur après un événement anxiogène.
Les études montrent aussi que les réponses sont le reflet d'une relation agneau-soigneur spécifique. En effet, les agneaux ne répondent pas à un soigneur inconnu comme au soigneur familier. Et ce sont les contacts physiques avec le soigneur qui se révèlent importants pour l'établissement de l'affinité.
![]() ![]() Pendant les tests, on mesure par exemple l'affinité des agneaux pour le soigneur, par sa présence seule et des contacts (à gauche), ou en situation d'alimentation, ici en donnant un biberon (à droite). (© Inra / C. Tallet) |
Le soigneur intègre l'univers relationnel de l'animal d'élevage
La compréhension de l'établissement d'une bonne relation entre l'animal d'élevage et le soigneur est importante si on veut améliorer le bien-être des animaux d'élevage. Une bonne relation soigneur-animal (absence de peur liée à l'homme, présence de l'homme rassurante) peut avoir des conséquences positives en terme de production et de qualité des produits de l'élevage, ou de manipulations des animaux.A l'heure de la mécanisation, les animaux sont souvent nourris par des systèmes mécaniques. Dans des conditions d'élevage en milieu plus naturel, ils doivent être aussi plus autonomes par rapport à l'homme. Cette évolution interroge l'avenir des relations éleveur-animal. Moins que le rôle alimentaire du soigneur, c'est plutôt la qualité des contacts tactiles qui pourraient être un élément clef d'une bonne relation éleveur-animal.
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