Les éleveurs de poulets de plein air inquiets pour leurs labels

Les éleveurs français de poulets de plein air s'interrogent sur l'avenir de leurs labels, après les mesures de confinement des volailles.

Ces labels, du type Label Rouge, AB (agriculture biologique), ou appellation d'origine contrôlée (AOC), avaient pourtant "redonné une image" à la filière avicole en général, décriée dans les années soixante pour ses élevages en batteries, rappelle la directrice du Syndicat national des labels avicoles de France (Synalaf), Agnès Laszczyk. Les volailles de qualité pèsent peu dans la production (10%) mais représentent un tiers des achats de poulets entiers, selon le Synalaf. Si bien que les volailles labellisées ont subi de plein fouet la chute de consommation en grande surface, fin février et début mars, qui avait notamment touché les poulets entiers.

"On ne sait pas combien de temps on va tenir. Avec l'arrivée du soleil, les volailles ont encore plus envie de sortir", estime Marie-Paule Meunier, du Comité interprofessionnel de la volaille de Bresse, seul volatile en Europe à bénéficier d'une AOC. "On ne peut pas non plus rater le train des chapons" de Noël 2006, mis en élevage dehors une seule fois par an, en mars, ajoute-t-elle. Le confinement des volailles ne va pas sans poser problème, reconnaît le Synalaf. "De race rustique, ces volailles ne supportent pas d'être enfermées et se battent. Les éleveurs trouvent cinq à six animaux morts tous les matins dans chaque bâtiment", rapporte Mme Meunier.

Pour éviter le pugilat, les éleveurs séparent les animaux par sexe, limitent la densité des élevages ou agrandissent la surface des bâtiments. Certaines préfectures peuvent aussi autoriser les volailles à sortir quelques heures par jour moyennant des visites vétérinaires plus fréquentes, ce qui leur permet de conserver leur label, précise-t-on au ministère de l'Agriculture. Eleveurs et gouvernement discutent de l'opportunité d'une vaccination, qui permet de sortir les volailles mais reste contraignante. Des dérogations ont été également prises au niveau européen, qui autorisent la commercialisation des volailles de plein air pendant douze semaines, ce qui permet aux animaux Label Rouge, abattus avant ce délai, d'être vendus avec le label.

Mais les poulets biologiques n'ont toujours pas de dérogation, une question de "survie" pour la filière selon la Protection mondiale des animaux de ferme. Yves de la Fouchardière, directeur du groupement des Fermiers de Loué, dont les volailles sont élevées en plein champ, reste serein : "d'ici douze semaines, les oiseaux migrateurs porteurs de grippe aviaire seront passés". Le Synalaf fait valoir que la mention "plein air" n'est pas le seul critère du Label Rouge, défini aussi par la souche génétique de l'animal, à croissance plus lente que les poulets standards, ou un âge plus élevé. "Même privées de sortie provisoirement, les volailles Label Rouge gardent leur chair ferme, leurs saveurs", selon le syndicat.

De leur côté, les volailles de Bresse en confinement partiel ont obtenu de pouvoir être commercialisées avec la mention AOC par l'Institut national des appellations d'origine (Inao). Mais l'Inao décidera le 28 mars si ces volailles peuvent conserver l'AOC depuis leur confinement total après l'annonce, le 25 février, de la découverte du virus H5N1 dans un élevage de l'Ain. Les différences entre le plein air et le certifié (élevé en bâtiment mais certifié pour d'autres critères) vont, de ce fait, "s'amenuiser", se félicite le groupe Duc, leader français du poulet certifié.

Aperçu des marchés
Vaches, charolaises, U= France 7,05 €/kg net +0,06
Vaches, charolaises, R= France 6,92 €/kg net +0,08
Maïs Rendu Bordeaux Bordeaux 190 €/t =
Colza rendu Rouen Rouen 465 €/t +3

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