Le vecteur de la maladie reste toujours un mystère

Les experts vétérinaires de cinquante pays européens ont déploré mardi la modestie des connaissances disponibles sur le vecteur de la grippe aviaire, plus de deux ans après le déclenchement d'une crise sanitaire qu'ils voient s'installer dans la durée.

"Quelles espèces transmettent le virus ? Quel rôle jouent les oiseaux migrateurs ? Quelle est l'importance des contaminations inter-espèces ?", s'est interrogé Joseph Domenech, le directeur des services vétérinaires de l'agence des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture FAO. Réunis à Paris pour une "réunion d'urgence" de deux jours, alors que chaque nouvelle journée apporte son lot de pays contaminés, les pays membres de l'OIE - Organisation mondiale de la santé animale - ont recommandé d'accélérer les recherches sur le rôle des oiseaux sauvages dans la transmission du virus. "Chaque source virale présente une éligibilité pour des races particulières", a relevé le Dr Bernard Vallat, directeur général de l'OIE.

Le virus H5N1, à l'origine de la crise actuelle, est particulièrement virulent envers les poules et les cailles, dans une moindre mesure envers les canards d'élevage. Mais dans la nature, il s'attaque, sans discrimination, à toutes sortes d'espèces: une trentaine au total, selon un décompte de la FAO. On a ainsi retrouvé ce virus dans les hérons, les mouettes rieuses, les cigognes, les flamants, les aigrettes, les cormorans, les chouettes, les autours, les faucons pélerins, les poules d'eau, les oies... Les cygnes semblent la meilleure sentinelle de la maladie: c'est l'espèce touchée dans le plus grand nombre de pays (une douzaine). Les délégués se sont aussi interrogés sur le rôle possible des pigeons, dont des exemplaires ont été infectés en Russie et en Thaïlande. "Les pigeons peuvent être infectés et transmettre le virus, mais dans les faits, avec un recul de deux ans, je ne les vois pas infecter les volailles de ferme", a souligné le délégué russe Evguény Nepoklonov. Si la recommandation finale de la réunion préconise de s'intéresser de près aux pigeons, l'OIE n'est pas allée jusqu'à établir une règle pour les manifestations colombophiles, comme le réclamait l'un des délégués. "Toutes les villes du monde ont des pigeons", a relevé le Dr Vallat. "Si nous ne sommes pas très prudents dans notre communication, nous allons instaurer une panique mondiale", a-t-il mis en garde devant les délégués. La résolution finale de la réunion de Paris demande, au nom de la transparence, que les pays qui déclarent des cas de grippe aviaire dans leur avifaune sauvage ne soient pas punis par l'imposition de sanctions commerciales sur leurs exportations de volailles.

Les délégués préconisent également la mise en place d'un réseau de détection rapide doté de laboratoires performants. "Ce n'est pas encore le cas dans la partie Est de l'Europe", a concédé le Dr Vallat, en proposant la création d'un établissement de référence à Vladimir (Russie). Pour l'OIE, l'actuelle épidémie ne peut être jugulée que par une mise à niveau des systèmes vétérinaires des pays touchés. "En Asie, on commence à voir les effets des mesures structurelles prises à partir de 2004", a-t-il affirmé. En Afrique, il faudra attendre au moins trois ans pour juguler la maladie et pendant ce temps là l'Europe restera sous la menace de la maladie, même si elle arrive à éradiquer les foyers récemment apparus.

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