Les célèbres volailles de Bresse, qui restent partiellement à l'air libre grâce à une dérogation, s'accommoderaient fort mal d'un confinement général en cas d'apparition confirmée, dans la Dombes voisine, du virus H5N1 de la grippe aviaire.
"On ne peut tout simplement pas faire de la volaille de Bresse si elle ne vit pas à l'extérieur. Mes poulets trouvent plus de 30 % de leur nourriture (vers, limaces, sels minéraux, etc) dans les prés. S'ils ne peuvent plus sortir, il faut qu'on m'explique comment faire", affirme un éleveur.
Cet éleveur de la région de Bourg-en-Bresse, qui souhaite, comme quasiment tous ses confrères, rester anonyme en ces temps troublés, veut "au minimum" le maintien de la dérogation actuelle dont bénéficie la volaille de Bresse, la seule à disposer en Europe d'une appellation d'origine contrôlée (AOC).
"Sans cela, on n'a plus qu'à fermer", se lamente-t-il. L'Ain est touché depuis octobre par le confinement mais, grâce à cette dérogation, les volailles pouvaient jusqu'à présent gambader à l'air libre --dans un espace toutefois clôturé-- de midi au coucher du soleil. Après l'annonce mercredi du confinement général des volailles et surtout la mort, très probablement du virus H5N1, d'un canard à Joyeux (Ain), à une trentaine de km au sud de Bourg-en-Bresse, les éleveurs ignorent toujours les nouvelles conditions d'élevage. "Il n'y a pas encore de nouvelle directive. On ne sait strictement rien. J'espère seulement que le système de dérogation se poursuivra", déclare un éleveur de la région de Montrevel-en-Bresse (Ain). "Avec la psychose actuelle, j'ai préféré jouer la sécurité et enfermer mes volailles dans des bâtiments", précise-t-il.
Selon lui, ce confinement strict n'est toutefois "pas tenable très longtemps" car les poulets grossissent moins vite et se battent entre eux, parfois jusqu'à la mort. Les poulets de Bresse, connus pour leur plumage blanc, leurs pattes fines bleutées et leur crête rouge, ont un cahier des charges très strict. Elevés en quatre mois --moins de trois mois pour une volaille fermière traditionnelle-- ils sont nourris au maïs, blé et poudre de lait, et doivent disposer, chacun, d'au moins 10 m2 d'herbage pour le complément d'alimentation. Ces poulets, qui coûtent deux fois plus cher que les poulets fermiers "classiques", sont produits par quelque 300 éleveurs dans trois départements: l'Ain, la Saône-et-Loire et le Jura. La Bresse --plus d'un million de volailles par an-- est également célèbre pour ses poulardes et ses chapons.
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