Les experts des 25 se penchent sur la préparation de l'Union Européenne

Les spécialistes en épidémiologie humaine des pays membre doivent se pencher sur les mesures de surveillance et de protection en place et la possibilité, évoquée depuis plusieurs mois déjà, de mettre en place un stock européen d'antiviraux, a indiqué la Commission européenne. "C'est une réunion d'échange de vues", a indiqué Johannes Laitenberger, porte-parole de la Commission. Aucune décision concrète n'était attendue et Bruxelles, qui organise la réunion, n'a pas prévu de publier de communiqué de presse à l'issue de la rencontre.

L'idée d'un stock commun d'antiviraux -- pour faire face à une éventuelle pandémie au cas où le virus prendrait une forme facilement transmissible d'homme à homme -- avait déjà été lancée par l'exécutif européen en octobre face aux différences de préparation et de capacités de stockage des Etats membres. Début décembre, lors d'une réunion des ministres de la Santé à Bruxelles, la France avait ensuite proposé que chacun des 25 apporte entre 1 et 3% de ses stocks nationaux, qui doivent permettre de couvrir 25% de la population comme le recommande l'Organisation mondiale de la santé (OMS). La question des "stocks sera une nouvelle fois discutée en juin", date prévue pour la prochaine réunion formelle des ministres de la Santé, a indiqué une porte-parole de la Commission, Mireille Thom.

La réunion de Luxembourg sera également l'occasion pour les experts de l'organisation de l'Onu pour l'alimentation et l'agriculture (FAO), de l'Organisation internationale de la santé animale (OIE) et de l'OMS de faire le point sur leur mission en cours depuis dimanche dans l'est de la Turquie. Les experts des 25 pourraient aussi discuter des conseils aux voyageurs se rendant dans les pays touchés par la grippe aviaire ou les dispositifs en place dans les aéroports, a-t-on indiqué auprès du gouvernement belge. Ces mesures relèvent des gouvernements nationaux, mais rien n'empêche les 25 de tenter de les coordonner.

Sans déconseiller à leurs citoyens de se rendre dans les pays où sévit le virus hautement pathogène H5N1 de la grippe aviaire, plusieurs pays de l'UE recommandent déjà d'éviter les zones à risques comme les marchés où sont vendues les volailles et le contact même avec les oiseaux. Pour les mesures vétérinaires et de sécurité alimentaire, seuls domaines dans lesquels l'UE a agi jusqu'ici, les experts ont étendu mercredi jusqu'à fin 2006 le programme de surveillance des oiseaux sauvages et des volailles, qui a déjà permis de tester quelque 25.000 oiseaux. Ces tests n'ont jusqu'ici détecté aucune présence du virus extrêmement pathogène H5N1 dans l'Union.

Lundi, ces mêmes experts ont aussi décidé un embargo sur les plumes non traitées en provenance de six pays proches de l'est de la Turquie. La réunion de jeudi se tient alors que la Turquie a déjà recensé dix-huit personnes contaminées par le virus H5N1 dont trois sont décédées. C'est le premier pays hors d'Extrême-Orient à avoir enregistré des décès dus au virus. Aucune nouvelle mesure n'a été prise cette semaine vis-à-vis de la Turquie elle-même, ce pays faisant déjà l'objet d'un embargo sur ses volailles et produits dérivés. Vendredi, les commissaires européens aux Relations extérieures, Benita Ferrero-Waldner, et à la Santé, Markos Kyprianou, présenteront à leur tour l'aide financière destinée à lutter contre la maladie que l'UE proposera la prochaine prochaine à la conférence des donateurs de Pékin. L'UE estime depuis des mois qu'une des premières mesures de protection consiste à aider les pays tiers qui en ont besoin à lutter sur place contre la propagation du virus.