Washington pousse les Européens à lâcher du lest sur l'accès au marché

Les Etats-Unis veulent obtenir de l'Union européenne d'importantes concessions agricoles et ont fait de ce thème le point central de leur stratégie avant la conférence de Hong Kong qui décidera de l'avenir des négociations engagées dans le cycle de Doha de l'OMC.

"Un succès de Doha est l'élément primordial pour améliorer la croissance économique mondiale", a souligné le représentant américain pour le commerce Rob Portman récemment. "Et il n'y a rien de plus important pour l'économie mondiale que de réduire les barrières douanières pour le commerce", selon lui. Fort de l'appui des pays du Forum de coopération Asie-Pacifique (Apec), qui ont pris pour cible lors de leur récent sommet en Corée du Sud la politique agricole largement subventionnée de l'Union européenne, Rob Portman a invité l'UE "à faire plus en terme d'accès au marché". Après des mois de paralysie du cycle de Doha, lancé en 2001 au Qatar, et les échecs de Seattle (1999) et Cancun (2003), Rob Portman a repris l'initiative le 10 octobre dernier. Il offrait la réduction de 60% des aides versées aux agriculteurs américains qui perturbent le plus le marché mondial.

"Mon idée était que si les Etats-Unis avançaient sur la question des subventions, il y aurait une réponse du coté de l'accès au marché" de la part des Européens, a-t-il expliqué à des journalistes. "Mais nous n'avons toujours pas eu cette réponse", a-t-il constaté ajoutant : "il est difficile pour nous de maintenir notre position sans voir de possibilité pour nos paysans d'obtenir un geste équitable", à savoir un rééquilibrage par le biais de réductions des droits de douane de la part des Européens. Washington reproche à Bruxelles d'avoir avancé une offre trop faible, à peine 46% de réduction des droits sur les importations de produits agricoles. Toutefois lorsque le Commissaire européen au commerce Peter Mandelson, alter ego de Rob Portman, insiste sur des progrès dans le domaine de l'accès au marché des produits industriels et des services, l'Américain concède : "il n'a pas tort car à la fin tout devra se tenir". Mais on n'en est pas encore là. Et d'ici la nouvelle échéance envisagée, fin 2006 au plus tard, d'autres pressions obligent Washington à pousser à un accord.

En juin 2007 le Congrès doit voter le renouvellement du dispositif "Trade Promotion Authority" (TPA), qui donne au président américain le pouvoir de négocier des accords commerciaux internationaux et de les soumettre en bloc pour approbation par les élus mais sans qu'ils puissent les amender. "C'est la principale force qui pousse à négocier", note Mark Nguyen, expert en commerce international et membre d'une délégation d'industriels américains qui se rendra à Hong Kong. "Et si on n'arrive pas à un bon accord, cela signifiera un retard de plusieurs années pour un grand nombre de sujets" actuellement sur la table de négociation, ajoute-t-il dans un entretien avec l'AFP. Sans ce pouvoir donné par la TPA, le négociateur américain doit soumettre chaque élément nouveau dans ce type de négociations aux élus du Congrès, au risque de les voir sévèrement amendés.

Le déficit commercial record, qui pourrait dépasser 700 milliards de dollars cette année, ajoute à la pression. "Aux Etats-Unis, nous sommes totalement dépendant du commerce international", a rappelé Rob Portman, en soulignant qu'un emploi sur cinq dépend des exportations. "Cela a certes une influence (sur les négociations) car les gens s'inquiètent de savoir si cette libéralisation est dans leur intérêt", selon Mark Nguyen rappelant les nombreuses pertes d'emplois dans le secteur manufacturier américain ces dernières années.

Aperçu des marchés
Vaches, charolaises, U= France 7,1 €/kg net +0,05
Vaches, charolaises, R= France 6,94 €/kg net +0,02
Maïs Rendu Bordeaux Bordeaux 190 €/t =
Colza rendu Rouen Rouen 465 €/t +3

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