La formation pour « démystifier » et « comprendre »

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La formation pour « démystifier » et « comprendre »

Pourquoi s’intéresser au marché à terme porc, qu’en attendre ? Pour le découvrir, nous avons suivi une journée de formation avec des éleveurs. Chacun arrive au matin avec son idée du marché à terme... Avis et témoignages sur le vif.

 


Formation dispensée par Agritel (© Web-agri)

 

Ils sont six ce matin là. Eleveurs ou responsables de groupements, ils sont là pour suivre une journée de formation dispensée par Agritel, société de conseil spécialisée dans la gestion des risques financiers des secteurs agricoles et agro-alimentaires. Une formation qui leur a été proposée par la caisse du Crédit agricole de St Hilaire-du-Harcouet (50). Le crédit agricole dispose en effet d’une filiale Calyon financial, habilitée à œuvrer sur le Marché à terme porc. 
Mais qu’en attendent-ils ?

L’inconnu c’est le prix de vente

 


C. Turpin, "l'inconnu
c'est le prix de vente" (© WA)

 

Christophe Turpin, éleveur avec 550 Truies, à Cuves (50) présente sa situation « Je n’ai pas d’engraissement, 97% de mes porcs sont engraissés en façonnage. En fait, soit je mets en façonnage, soit je vends mes porcelets. Cela m’intéresse de savoir, d’avoir la possibilité de savoir si je mets en engraissement ou pas : vendre mes porcelets ou non ? Je connais le coût de l’aliment, le prix de vente des porcelets et je connais la porcherie dans laquelle je mets à  façon, ce qui me donne une bonne idée de l’état des porcs qui sortent. L’inconnu c’est le prix de vente des porcs engraissés ! L’idée c’est aussi d’avoir une meilleure compréhension des mécanismes du marché à terme.»

Je voudrais avoir une visibilité sur le marché

 


P. Julien "avoir une visibilité
sur le marché" (© WA)

 

Patrick Julien, 130 truies NE et producteur de lait à Banvou dans l’Orne : « Je commercialise 100 porcs tous les quinze jours, avec la même régularité. J’attends de cette formation de pouvoir prévoir ce qui va se faire dans six mois, un an. Je subis le marché physique. J’ai besoin de savoir longtemps à l’avance ce qui se  passera pour anticiper ma démarche d’entreprise, gérer ma fiscalité, mes amortissements et saisir des opportunités. Il y a dix mois on m’annonçait une moyenne à 1,30 ! Je voudrais avoir une visibilité sur le marché ! Cette formation doit m’aider à lire les cotations du marché à terme, comprendre les subtilités pour savoir s’il faut y aller ou pas !»

Je veux voir comment ça se maîtrise

 


J. Lecordier (© WA)

 

 

 

Joël Le cordier, éleveur 200 Truies NE partiel, à Bion (50) précise : «  Le porc pour moi c’est 95% du revenu. J’ai donc souhaité découvrir et comprendre le marché à terme ».

 


J. Almin (© WA)

 

Idem pour Joël Almin, 400 truies NE à Fontenay (50).  « Je fais uniquement du porc. Donc, cela correspond à 100% de mon revenu ! », remarque l’éleveur normand qui cherche avec le marché à terme à « peut-être se garantir, notamment en période critique et hivernale. Je veux voir comment ça se maîtrise – avoir la base – et  estimer le temps nécessaire pour s’y consacrer car c’est aussi du temps de travail ! »

Nos éleveurs souhaitent sécuriser leur prix de vente

 


J. Brard (© WA)

 

Joseph Brard, directeur adjoint d’Agrial groupement porc explique : « Certains des éleveurs de notre groupement s’intéressent déjà au marché à terme pour leur approvisionnement en céréales. Un certain nombre de nos éleveurs souhaitent sécuriser leur prix de vente. Je suis là pour ça, le groupement ne pratique pas du tout.

 


G. Hervé (© WA)

 

Dans le passé au niveau des missions techniques du groupement, on utilisait la GTE. Maintenant on revient de plus en plus au prix de revient de l’éleveur, le marché à terme peut peut-être servir à cela ».  Gilbert Hervé, Chargé de commercialisation à Porc Ouest complète , « J’ai besoin de savoir de quoi ça retourne, pour être dans le match ! »

 

Le marché à terme, un levier supplémentaire

 

Rappel - Le WTB Hannovre (Marché à terme porc) – Qu’est-ce que c’est ?


C’est un marché financier allemand situé à Hannovre (Allemagne). Il réunit en un lieu les intervenants autour d’une cotation (le contrat à terme). C’est un marché d’anticipation sur le prix sur une échéance future (1-12 mois) et un marché avec des engagements financiers entre des acheteurs et des vendeurs (Il nécessite des engagements des deux parties)

Condition d’existence d’un marché à terme. C’est un outil qui vient en complément du marché  physique pour limiter le problème majeur du marché physique : la volatilité du prix du produit négocié. Créé pour répondre aux besoins de sécurisation ressentis par tous les opérateurs de  la filière (producteurs, abatteurs, utilisateurs finaux..). Accessible pour les intervenants français, le marché à terme peut-être utilisé pour mettre en place des couvertures de prix.
Pour un éleveur, le marché à terme permet ainsi de fixer les prix de ses porcs par avance, sans avoir à se soucier des fluctuations des cours du marché physique. Une opération de couverture, si elle est effectuée correctement permettra (au risque de base près) de fixer par avance le prix de vente.

Pour tous la découverte du Marché à terme a permis de mieux appréhender les problématiques et le fonctionnement de cet outil. Tous ont compris que le marché à terme n’est pas la solution miracle, mais bien un outil qui peut les aider à gérer leur risque. « C’est un levier supplémentaire », insiste Gautier Le Molgat, consultant chez Agritel, qui dispense la formation « le marché à terme permet d’appréhender la volatilité des cours». Pour le consultant il est important de ne pas le considérer comme un outil spéculatif mais bien comme un outil de gestion du risque. L’important c’est de savoir se fixer un objectif de prix –qui soit aussi dans le marché - précise Gautier Le Molgat et « Il faut assumer son objectif » 

En apprendre encore plus

Côté éleveur le message est bien passé. « Dans nos élevages », précise Christophe Turpin, « on prend des décisions tous les jours qui sont plus importantes et qui influent plus que celles-là sur notre exploitation ! ». La formation a permis de « démystifier le marché à terme ». Tous sont unanimes sur ce point.
Pour Gilbert Hervé, Porc Ouest, le marché à terme s’apparente même à une arme. « C’est une arme qui permet d’élargir les propositions auprès de nos adhérents. Je suis persuadé qu’avec ce prix européen, tout concourre à un "vrai bon prix" et par la même à une amélioration des relations avec les éleveurs. » « Le monde du porc a toujours été friand d’innovation », poursuit-il « Les éleveurs sont des entrepreneurs. Ce serait mal venu de les freiner sur ce sujet, d’autant qu’un jour, l’offre européenne pourrait devenir supérieure aux besoins – selon les aménagements OMC, l’augmentation des apports chiliens, brésiliens …- Quel prix du porc en 2008-2009 ? »
Après cette première journée, comme les autres éleveurs présents, Christophe Turpin  a « envie d’aller au bout de la formation pour en apprendre encore plus sur le fonctionnement ».

Retrouvez au jour le jour les cotations porc sur le marché à terme d'Hannovre et chaque semaine une analyse du marché.

 A voir en cliquant ICI (L'accès à l'analyse est réservé aux abonnés PRO)

La formation s’articule autour de deux journées : la première permet de comprendre et maîtriser la lecture des données disponibles au marché à terme. La seconde sera l’occasion de mettre en pratique les connaissances acquises ainsi que d’apprendre à établir de véritables stratégies pour une commercialisation au marché à terme.
Aperçu des marchés
Vaches, charolaises, U= France 7,14 €/kg net +0,04
Vaches, charolaises, R= France 6,99 €/kg net +0,05
Maïs Rendu Bordeaux Bordeaux 190 €/t =
Colza rendu Rouen Rouen 465 €/t +3

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