Jean-Jacques et Marie-Claire Picart sont éleveurs laitiers à Plouigneau, dans le Finistère. La production laitière est complétée par un atelier d’engraissement de jeunes bovins qui a permis l’embauche d’un salarié à plein temps. Jean-Jacques Picart explique comment il allie confort de travail et efficacité économique.
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Earl de la Vallée
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Jean-jacques et Marie-Claire Picart ont choisi l’engraissement de jeunes bovins pour compléter la production laitière de l’exploitation : « En 1992, nous avons augmenté notre référence lait et notre surface. J’ai un tempérament d’éleveur et les terres n’étaient pas assez bonnes pour les cultures donc la viande est venue naturellement. » L’atelier d’engraissement convient bien à l'exploitation et aux objectifs de travail du couple. « Les jeunes bovins permettent d’absorber une partie des charges de structure et contribuent à rentabiliser l’atelier laitier. » Le revenu dégagé a contribué à l’embauche d’un salarié. La présence d’une personne à plein temps sur l’exploitation permet Jean-Jacques et Marie-Claire de s’organiser différemment : « La présence d’un salarié créé une dynamique de travail. Cela nous permet de changer le rythme au quotidien mais également de dégager du temps libre. Cette année, nous avons pris 2 semaines de vacances. Si nous n’avions pas eu quelqu’un de rodé sur l’exploitation nous n’aurions pas pu. »
La rentabilité se joue sur des petits détails
L’objectif de Jean-Jacques Picart est d’optimiser la conduite de ses différents ateliers : « La viande bovine, ce n’est pas très lucratif, la rentabilité se joue par des petits plus. » L’exploitation fonctionne aujourd’hui sur un système intensif : « Nous avons un chargement de 2 UGB/ha. Nous avons des rendements de 12 tonnes de matières sèche à l’hectare en maïs et de 8 tonnes pour l’herbe. Les vaches laitières reçoivent 40% de maïs dans leur ration. » Parallèlement, l’éleveur porte une grande attention à maîtrise des coûts : « Avec l’érosion du prix du lait, nous avons calé nos prix de revient en compressant les charges opérationnelles et les charges de structures. »
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![]() « La présence d'un salarié nous permet de dégager du temps libre » (© Chambres d'agriculture de Bretagne) |
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Pour maîtriser les charges opérationnelles, Jean-Jacques Picart joue sur les intrants : « En maïs, les charges opérationnelles s’élèvent à 340 €/ha. Je n’apporte qu’un seul engrais, du localisé à 100kg/ha. Le désherbage revient à 20€/ha avec un premier passage chimique le plus tôt possible et un binage. » Cette pratique a également un aspect agronomique : « On peut gagner jusqu’à 500kg de matière sèche/ha, cela couvre les frais d’amortissement de la bineuse et de carburant. Sur 30 ha de maïs, cela représente 15 tonnes de matière sèche, soit 6 jeunes bovins sortis en plus. » Jean-Jacques Picart recherche un maximum d’autonomie : « Nous autoconsommons 10 ha de céréales et nous sommes presque autonomes en paille. Nous utilisons au maximum les effluents organiques de l’élevage. »
Maïs : 340 €/ha de charges opérationnelles
Lors de la mise aux normes de l’exploitation, Jean-jacques a privilégié au maximum l’autoconstruction pour limiter les charges de structures. L’éleveur est très prudent sur les investissements en matériel : « A chaque achat, il y a une grande part d’autofinancement et nous renouvelons le matériel assez rapidement pour générer des amortissements et dégonfler la pression sociale et fiscale. Et puis cela nous permet d’instaurer un roulement. Nous faisons donc très attention et n’achetons que le nécessaire. Hors de question d’investir dans du superflu ! »
Le découplage des aides vient conforter les choix fait par le couple. « Nous n’avons pas de PMTVA. Par contre, nous avons une référence moyenne de 35 PSBM sur 3 ans pour le calcul des DPU. » Les céréales, le maïs et les ateliers lait et viande représentent une part d’aide de 410 € à l’hectare : « Avec les DPU, nous aurions pu arrêter la viande, mais nous souhaitons garder notre salarié à plein temps pour la qualité de vie que cela nous apporte. » Aujourd’hui, le système a atteint son rythme de croisière et satisfait Jean-Jacques Picart : « Nous avons un rendement EBE/produit brut de 54% qui traduit l’efficacité économique de notre exploitation. Il ne faut pas avoir peur de dire quand çà va bien. »
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![]() (© Chambre d'agriculture de Bretagne) |
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