Tony Blair, sous pression, vise un accord... en décembre

Le Premier ministre britannique Tony Blair tentera de convaincre jeudi ses homologues de sa volonté d'arriver à un accord sur le budget de l'UE 2007-2013 d'ici la fin de sa présidence, mais il n'entend pas négocier à Hampton Court, en dépit des pressions des nouveaux Etats membres.

"Je pense qu'un accord peut et doit être atteint lors du Conseil (européen) de décembre (...) mais j'espère que nous pourrons éviter des discussions détaillées à Hampton Court" (ouest de Londres), écrit M. Blair dans sa lettre d'invitation à ce sommet informel, qu'il veut consacrer aux "défis de la mondialisation". Tony Blair sait qu'il est attendu au tournant, notamment par les pays d'Europe de l'Est, qui escomptent quelque 160 milliards d'euros d'aides sur la période pour financer leur rattrapage économique, et avaient été déçus par sa volonté de blocage au sommet européen de juin.

Rejetant le compromis de la présidence luxembourgeoise, M. Blair avait lié la remise en cause du "rabais" britannique au budget à une remise à plat de la Politique agricole commune (PAC), ce qu'il savait politiquement impossible, les aides aux agriculteurs ayant été sanctuarisées par un accord d'octobre 2002. Dans une ultime tentative pour éviter un échec, les nouveaux venus s'étaient même dits prêts à réduire légèrement leurs attentes financières, le Premier ministre luxembourgeois Jean-Claude Juncker avouant alors "sa honte" devant l'égoïsme des membres plus anciens. Son dernier compromis proposait des dépenses d'un montant de 871 milliards d'euros sur la période, soit 1,06% de la richesse nationale des 25 (contre 994 mds dans la proposition initiale de Bruxelles). Côté recettes, il prévoyait un plafonnement du rabais, qui fait que les Britanniques contribuent moins que les autres en proportion de leur richesse, à un montant annuel moyen de 5,5 mds contre 7,1 mds sans changement.

Pour sortir de l'impasse, la Commission européenne a proposé jeudi quelques changements cosmétiques allant dans le sens du Royaume-Uni. Elle suggère de redéployer 3,2 milliards d'euros (sur un total de 300 mds) d'aides directes aux agriculteurs vers le développement rural et propose que les 25 consacrent 60% des aides régionales aux politiques de "compétitivité" (formation, recherche, transport, etc.) au lieu de 50% actuellement. Elle propose aussi que l'UE réfléchisse à partir de 2009 à un "réexamen complet" et "sans tabou" de son budget, en vue de la période 2014-2019, ce qu'avaient déjà avancé les Luxembourgeois.

M. Blair s'est dit samedi "d'accord sur la ligne générale" proposée par la Commission pour un accord financier et "parfaitement disposé à discuter" du rabais "à condition que cela se fasse dans le contexte d'une Europe qui change". Il devra cependant convaincre Jacques Chirac d'accepter une réduction, même faible, des aides aux agriculteurs. Le président français, tout en jugeant un accord impératif en décembre, a souligné lundi que "l'accord final devrait être le plus proche possible de la dernière proposition" luxembourgeoise. Il lui faudra aussi trouver une solution pour les Néerlandais, premier contributeur net au budget, qui avaient également bloqué l'accord en juin.

Tony Blair sera d'autant plus enclin à faire le forcing en décembre, que le bilan de sa présidence se limite pour l'instant à un débarrage laborieux des négociations d'adhésion avec la Turquie. Il lui restera à vendre cet accord, qui, de toute évidence, sera très voisin du dernier compromis luxembourgeois. "Aucune solution ne s'éloignera de plus de quelques millimètres de mes dernières propositions. Mais le gouvernement britannique aura soin d'habiller autrement l'enfant. C'est humain", constatait, amer, Jean-Claude Juncker dans un entretien lundi au quotidien Les Echos.

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