Les responsables européens réunis pour faire front

Mardi à Luxembourg, une réunion des ministres des Affaires étrangères, certes largement consacrée aux négociations en cours à l'Organisation mondiale du commerce (OMC), sera aussi l'occasion d'une première discussion des 25 au niveau politique depuis la découverte du H5N1 en Europe.

Les ministres de la Santé de l'Union Européenne prendront le relais, avec une réunion informelle au Royaume-Uni jeudi et vendredi. Le commissaire européen à la Santé, Markos Kyprianou, qui a appelé jeudi les Etats membres à stocker des antivirus, doit de son côté présenter mercredi un exercice de simulation, organisé plus tard dans l'année et visant à tester la capacité de l'UE à répondre à une pandémie de grippe.

La présence en Roumanie du H5N1 a été confirmé samedi, après avoir été détecté jeudi en Turquie. Selon la Commission européenne, dans ces deux pays, le type de grippe est de "même souche" qu'en Asie. A la suite de ces nouvelles, l'Organisation mondiale de la Santé (OMS) s'est dite "inquiète", car cela prouve que le virus "se trouve dans l'environnement des oiseaux, et cela accroît la possibilité d'une transmission à l'homme". Mais, par la voix d'une de ses porte-parole, elle a aussi temporisé, en rappelant que la transmission du virus "à l'homme reste quelque chose de très rare". Le directeur général britannique de la santé, Liam Donaldson, a en revanche estimé qu'une pandémie de grippe, dérivée d'une mutation du virus de la grippe aviaire, ne pourrait être évitée.

Sans attendre les réunions ministérielles prévues la semaines prochaine, l'UE a déjà pris une série de mesures pour se protéger. Jeudi, elle a interdit les importations en provenance de Roumanie d'oiseaux vivants et de produits issus de la volaille, alors qu'un embargo similaire existait déjà à l'encontre de la Turquie depuis lundi. D'autres mesures de prévention, dans l'UE même, ont aussi été renforcées vendredi pour réduire le risque d'introduction de la grippe aviaire dans les élevages avicoles. L'idée est par exemple, dans certaines zones à risques, d'enfermer les volailles ou de mettre en place des systèmes de détection précoce. Sur la base de critères communs, les Etats membres doivent identifier sur leur territoire ces zones à risques (marécages, axes migratoires...) et y empêcher le contact entre les oiseaux sauvages et la volaille. Plusieurs pays européens ont en outre recommandé la prudence à leurs ressortissants voyageant dans des zones touchées, leur conseillant notamment d'éviter tout contact avec des oiseaux vivants ou morts. Même si le président de la Commission européenne, José Manuel Durao Barroso, s'est dit samedi disposé à proposer "des mesures plus drastiques", son équipe, qui travaillait avant samedi déjà sur l'hypothèse que le virus en Roumanie était le H5N1, ne jugeait pas à ce stade nécessaire de compléter celles déjà prises.

En décidant l'intensification des mesures de précaution, les experts vétérinaires des 25 ont d'ailleurs tenu à rassurer la population, qui dans plusieurs pays s'est déjà ruée dans les pharmacies. Dans une déclaration écrite publiée vendredi soir, ils ont estimé que "pour le moment, la grippe aviaire ne représente pas un risque pour la santé publique". Depuis, Bucarest a annoncé que des cygnes retrouvés morts près du lac Obretinul Mic (sud-est, dans le delta du Danube), qui avaient fait craindre un troisième foyer de grippe aviaire en Roumanie, n'étaient pas porteurs du virus. Les autorités turques ont de leur côté aussi écarté l'hypothèse de la grippe aviaire pour expliquer le décès d'un millier de poules près de la frontière iranienne.