Des milliers de volailles abattues aux portes de l'UE

Nombre de pays européens ont ainsi renforcé leurs dispositifs de prévention et de lutte contre la grippe aviaire qui frappe désormais aux portes de l'UE. Les premiers résultats de laboratoire ayant isolé le virus de cette maladie parmi des volailles de la province turque de Balikesir (nord-ouest), la Commission européenne « va aujourd'hui adopter par une procédure d'urgence une décision d'interdire toutes les importations d'oiseaux vivants et de plumes de Turquie », a fait savoir lundi Bruxelles.

En ce qui concerne la Roumanie, où trois canards auraient été contaminés dans le delta du Danube, la Commission attend mercredi, jour où des résultats d'analyses confirmeront ou, au contraire, excluront une présence du virus.

Cas confirmé samedi dans un élevage de dindes

De leur côté, les services vétérinaires russes ont annoncé lundi le prochain abattage de 460.000 volailles d'un élevage de la région de Kourgan (ouest de la Sibérie), dernière zone en date touchée par la grippe aviaire en Russie. Dix-sept localités dans la région de Novossibirsk (Sibérie centrale) restent sous surveillance, mais les mesures de quarantaine ont été levées dans les six autres régions sibériennes précédemment affectées, a précisé le ministère de l'Agriculture.

Mesures similaires en Turquie, où quelque 2.900 volailles supplémentaires ont été gazées au cours de la nuit de dimanche à lundi à Kiziksa, village de la province de Balikesir où le premier cas de grippe aviaire dans ce pays a été confirmé samedi dans un élevage de dindes (2.000 volatiles y avaient déjà été abattus). Les autorités roumaines ont, pour leur part, annoncé la poursuite du « gazage » des volailles à Ceamurlia de Jos (sud-est), après avoir détecté vendredi un « supposé virus » de grippe aviaire sur trois canards dans ce village du delta du Danube, et plus de 15.000 doivent au total connaître un tel sort.

D'autres pays de la région ont pris des mesures préventives. La Pologne, la Grèce et la Hongrie, toutes trois membres de l'UE, ont ainsi prohibé les importations de volailles de Roumanie, la Bulgarie se déclarant prête à imposer, le cas échéant, un tel embargo. En attendant, les autorités de Sofia ont interdit la chasse aux oiseaux migrateurs, possibles vecteurs de la maladie, et les services sanitaires ont intensifié les contrôles. En Hongrie, les autorités sanitaires ont invité les personnes ayant récemment été en contact avec des volailles originaires de Roumanie et présentant les symptômes d'une grippe à consulter sans délai un médecin. Le gouvernement du Kosovo a, lui, décidé d'interdire les importations de volailles des Etats de la région qui ne font pas partie de l'Union européenne. En Grèce, le ministère de l'Agriculture a notamment « renforcé » le contrôle vétérinaire des unités productrices.

En prévision d'une éventuelle pandémie

L'Autriche a commandé plusieurs centaines de milliers de masques pour protéger les visages et d'importantes quantités de désinfectant, tout en commençant à reconstituer les stocks de vaccin « Tamiflu », épuisés fin août. En Italie, le ministre de la Santé Francesco Storace s'est dit préoccupé par la « progression du virus », considérant cependant que la situation n'était pas encore alarmante. Le Portugal, où aucun cas de maladie sur les animaux n'a été détecté après des centaines d'analyses, a, quant à lui, commandé 2,5 millions de doses de médicaments en prévision d'une éventuelle pandémie de grippe aviaire. En Suisse, où les contrôles sur les vols en provenance des pays à risque avaient déjà été intensifiés dans les aéroports de Genève, Bâle et Zurich pour contrer les importations illégales, un programme de surveillance des oiseaux migrateurs a été mis en place. Ebranlée fin août par une première alerte, finalement infondée, à la grippe aviaire sur un oiseau migrateur, la Finlande a lancé un appel d'offres auprès des laboratoires pharmaceutiques européens pour l'acquisition de 5,2 millions de doses de vaccin.