Les cas de grippe aviaire, supposés en Roumanie et détectés en Turquie, aux portes de l'Union européenne, inquiètent la filière avicole française qui, sans céder pour le moment à la panique, craint un renforcement des mesures de sécurité et une désaffection des consommateurs.
"Si des mesures de sécurité supplémentaires devaient êtres prises cela deviendrait très embêtant et cela coûterait extrêmement cher", a déclaré à l'AFP Christian Marinov, directeur adjoint de la Confédération française avicole (CFA). Le secteur réalise un chiffre d'affaires annuel de 6 milliards d'euros et emploie 50.000 personnes. Le gouvernement français a demandé au cours du week-end à l'Agence française de sécurité sanitaire des aliments (Afssa) de lui faire des recommandations supplémentaires pour renforcer la sécurité des élevages français. Le 25 août dernier, l'Afsaa, avait déjà demandé de porter une "attention particulière" aux élevages fermés utilisant comme eau de nettoyage et/ou d'abreuvement des eaux provenant de plans d'eau où se posent les oiseaux migrateurs. Pour Pascale Briand, la nouvelle directrice générale de l'Afssa, "l'appréciation du risque est faite de façon aussi précise que possible pour que les recommandations de l'Afssa puissent donner une aide à la décision du gouvernement".
La prochaine réunion des experts est fixée au 17 octobre et la publication du rapport définitif de l'Afssa, avec ses nouvelles recommandations, est prévue pour le début novembre. La pose de filets au dessus des élevages est déjà considérée par certains experts comme une "fausse bonne idée" car ceux-ci risquent d'attirer les oiseaux sauvages désireux de se percher et par la même de contaminer les élevages. Une autre stratégie possible est le confinement jour et nuit des volailles. "Le confinement aurait un coût certain", souligne Alain Melot, président de la Fédération de l'industrie avicole (FIA). Pour Yves de la Fouchardière, directeur du groupement d'éleveurs Fermiers de Loué (Sarthe), qui commercialise les célèbres poulets de Loué, "s'il y avait des mesures de confinement, on appliquerait les règles. Je ne pense pas qu'on perdrait le label rouge. Au niveau européen, les Pays-Bas, quand ils ont décidé de confiner leurs volailles, avaient obtenu de Bruxelles la possibilité de garder l'appelation +élevé en plein air+ parce que l'enfermement était une mesure de courte durée".
Mais la grande crainte de la filière avicole est l'impact psychologique de la grippe aviaire sur les consommateurs. Les ventes de volailles avaient en effet baissé de près de 10% en février 2004 lors du pic de la crise aviaire en Asie du Sud-Est. Lors des graves crises de l'ESB (la maladie de la "vache folle") en 1996 et 2000, la consommation de viande de boeuf avait baissé en France respectivement de 20% et 40% pendant près de quinze jours. "On ne veut pas cédér à la panique", affirme pourtant Marie-Pierre Pé, la déléguée générale du Cifog (Comité interprofessionnel des palmipèdes et du foie gras). La France est le premier producteur de volailles de l'UE et le troisième exportateur mondial derrière le Brésil et les Etats-Unis.
Chaque année quelque 190.000 élevages français produisent 1 milliard de volailles dont 750 millions de poulets, 80 millions de dindes, 80 millions de canards, 35 millions de pintades et plusieurs millions d'oies et de cailles. Seulement 20% de ces volaillles sont élevées en plein air. Le virus H5N1 de la grippe aviaire, qui a entraîné en Asie la mort de millions de volatiles et d'une soixantaine de personnes depuis fin 2003, est considéré comme un des "meilleurs candidats" pour devenir un virus pandémique s'il s'adapte à l'homme.
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