DEAUVILLE (Calvados), 25 août 2005 (AFP) - Les ventes aux enchères de yearlings pur-sang cette semaine à Deauville ont pâti de la surproduction du secteur et de l'absence de nombreux acheteurs français dans un contexte économique morose, selon les professionnels de la filière.
Le prix moyen d'adjudication des yearlings - jeunes chevaux d'un an révolu destinés aux courses - a été de 70.353 euros contre 76.383 euros en 2004, soit une baisse de 8 %. Le taux de vente a également baissé, passant de 75,20 % en 2004 à 73,20 % cette année en dépit d'une réduction sensible de l'offre. Le chiffre d'affaires des quatre jours de ventes a reculé de 20 % par rapport à 2004, avec 22,865 millions d'euros pour 325 yearlings adjugés, contre 28,491 millions d'euros pour 373 jeunes chevaux vendus en 2004.
« Le marché est très très sélectif, car l'offre est très nettement supérieure à la demande », a indiqué à l'AFP Philippe Augier, président de l'Agence française de vente du pur-sang, société commerciale organisatrice de l'événement qui a débuté dimanche et à pris fin mercredi soir. Actuellement, 4.550 yearlings pur-sang naissent chaque année en France, alors que la Grande-Bretagne et l'Irlande totalisent 15.000 naissances annuelles. « Il y a surproduction car les ventes se sont très bien passées depuis 5/6 ans, ce qui a conduit beaucoup d'éleveurs à réinvestir », explique M. Augier.
1.000 naissances de trop
« Beaucoup d'acheteurs ont jugé qu'il n'y avait pas assez de yearlings du niveau qu'ils souhaitaient », analyse pour sa part Louis Romanet, directeur de France Galop, société organisatrice des courses parisiennes de plat et d'obstacle. Il estime qu'il y a probablement en France 1.000 naissances de trop chez les pur-sang, ce qui ne favorise pas la qualité.
Ainsi, malgré une sélection plus rigoureuse opérée cette année par l'Agence française - 500 chevaux au catalogue contre 549 en 2004 - les acheteurs étrangers, qui ont souvent le plus fort potentiel d'achat, ont boudé les chevaux, ne tolérant aucun défaut au niveau du modèle, du pedigree ou du dossier vétérinaire. « Les acheteurs étrangers ont un choix énorme à travers le monde, dans 15 jours il se vendra 5.000 yearlings aux Etats-Unis, et 2.000 en Angleterre et en Irlande au mois de septembre », souligne M. Augier. Les étrangers n'ont donc pas affolé les enchères lors de ces ventes d'été, considérées comme les plus prestigieuses de l'année en France. |
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Beaucoup d'éleveurs vont peut-être réduire leur activité
L'enchère record est revenue à un yearling présenté par un haras ornais et adjugé lundi 580.000 euros à un courtier irlandais pour le compte d'un client américain, loin des 2 millions d'euros payés en 2002 par le cheik de Dubaï Maktoum Al Maktoum pour une pouliche.
« La raison principale des ces mauvais chiffres, c'est le manque d'acheteurs français, et ceci à cause d'un contexte économique défavorable », souligne de son côté Patrice Renaudin, directeur du Syndicat des éleveurs de chevaux de sang de France. Il fustige aussi la concurrence déloyale, selon lui, de l'Irlande où les saillies et les ventes d'étalons sont totalement défiscalisées. « Beaucoup d'éleveurs français vont peut-être être amenés à réduire leur activité suite à ces ventes », redoute M. Romanet. Deauville est un des principaux marchés de chevaux au monde, avec notamment Lexington aux Etats-Unis, Newmarket en Grande Bretagne et Dublin en Irlande.
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