Le G8, si son but est effectivement de hisser l'Afrique hors de la pauvreté, ne doit pas se contenter de déverser des fonds ou d'annuler des dettes : il doit cesser de fausser le commerce mondial avec ses subventions agricoles, réclament les ONG et pays en développement.
Une telle requête de leur part n'est certes pas nouvelle mais elle résonne singulièrement, alors que les chefs d'Etat et de gouvernement des sept pays les plus industrialisés et de la Russie sont réunis à Gleneagles (Ecosse) pour se pencher spécifiquement sur les maux de l'Afrique. Le thème de l'achèvement du cycle de négociations commerciales multilatérales dites de Doha avait initialement été présenté par la présidence britannique du G8 comme le troisième pilier du "Plan Marshall pour l'Afrique".
Il permettrait théoriquement d'ouvrir les marchés des pays développés aux pays pauvres et de supprimer les subventions agricoles qui rendent leurs produits totalement incompétitifs. En réalité, il n'a jamais été réellement question d'un accord à ce sujet à Gleneagles : le sujet, extrêmement complexe, est en chantier depuis des années.
Dans le meilleur des cas, il pourrait faire l'objet d'un accord lors de la prochaine réunion de l'Organisation mondiale du commerce, prévue en décembre à Hong Kong, dans le cadre plus large des négociations de Doha.
Mais le thème est bel et bien sur la table à Gleneagles : le président américain George W. Bush a lancé jeudi matin un appel à "travailler avec l'Union européenne pour que nos pays respectifs éliminent les subventions agricoles" d'ici 2010. "Le meilleur endroit pour cela est le cycle de Doha", a-t-il ajouté. La veille, le président de la Commission européenne, José Manuel Durao Barroso avait déclaré de son côté que l'Union européenne était également prête à renoncer progressivement à ses subventions, à condition que les Etats-Unis en fassent autant.
Mais à moins de six mois de la réunion cruciale de Hong Kong, l'heure ne semble néanmoins pas encore au compromis : une décision en ce sens est "encore loin devant nous", a déploré mercredi le directeur général de l'OMC, Supachai Panitchpakdi.
A l'approche du G8, les pays en développement avaient accru leur pression: l'Union africaine, réunie en début de semaine en Libye, a ainsi présenté une requête commune appelant à la suppression des subventions agricoles qui handicapent des secteurs entiers de l'économie africaine, notamment le coton, très subventionné aux Etats-Unis.
Le "groupe de Cairns", qui rassemble 16 grands exportateurs de produits agricoles, a renchéri mercredi en appelant les pays du G8 à "montrer au monde qu'ils s'attaquent sérieusement au problème de la pauvreté dans les pays en développement en soutenant des réformes audacieuses", c'est-à-dire en supprimant les subventions agricoles.
Les interpellés se disent parfaitement conscients du problème. M. Barroso a reconnu mercredi que "si l'Afrique subsaharienne pouvait regagner seulement 1% supplémentaire du commerce mondial, cela représenterait un revenu annuel sept fois supérieur à ce que le continent reçoit actuellement en aide étrangère et en allègement de dette". Or la tendance est à l'opposé : sa part dans le commerce mondial a chuté de 6% en 1980 à 2% en 2002. L'UE entend à présent consacrer davantage d'aide au développement des capacités commerciales des pays pauvres africains, a-t-il dit.
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