Retrait des Unités de Sélection de l'Upra , le président adresse un courrier aux éleveurs

Suite à l'annonce par l'Unceia du retrait des unités de sélection de l'Upra Prim'holstein, le président Bruno Bechet a adressé un courrier d'informations à l'ensemble des éleveurs adhérents de l'Upra. En voici le texte intégral.

Cher collègue,

Comme vous avez pu le lire récemment dans la presse, les Unités de Sélection ont annoncé, à l’issue du Conseil d’Administration de Prim'holstein France (PHF) du 19 avril, qu’elles entamaient « un processus irréversible de séparation avec l’Upra Prim’Holstein ».

Cette annonce a surpris les représentants des 1er et 3ème collèges (respectivement collège éleveurs et utilisateurs) et les a déçus.
En effet, depuis un an environ, les différents collèges réfléchissaient à un nouveau projet pour l’Upra, prenant en compte les discussions nationales entre familles de l’élevage au sein du Dispositif Génétique Français (DGF), les attentes de la nouvelle Loi d’Orientation Agricole et les conclusions du rapport de M. Dassonville sur le fonctionnement de l’Upra Prim’Holstein.
Les dernières réunions des instances de PHF (Conseil d’Administration de février et Assemblée Générale de mars 2005) laissaient entrevoir des opportunités pour établir un nouveau projet pour l’Upra dans l’intérêt de tous les éleveurs de Prim’Holstein.

En ce moment décisif pour l’avenir de notre Upra et celui de notre rôle d’éleveurs sur l’orientation de cette race, je souhaite rappeler les principales missions réalisées par notre Association.

A - La gestion du fichier racial
L’Upra délivre les documents officiels que sont les Fiches Individuelles Adultes (FIA) et les pedigrees.
Concernant les FIA, l’Upra les délivre à tous les éleveurs de la Base de Sélection pour toutes les vaches ayant terminé leurs lactations, ce qui représente environ 2 millions de documents. Jusqu’à ce jour, elle recevait des subventions ministérielles qui lui permettaient de financer cette mission. Je dois vous dire que les subventions n’ont jamais totalement couvert les coûts de production de cette fiche, et qu’en conséquence une partie des cotisations du service Elaboré est utilisée pour financer cette mission collective. Il conviendra de s’interroger sur l’avenir de cette fiche et de son impression systématique face à la baisse, voire la disparition annoncée des subventions.


B - L’orientation de la race
Il s’agit de définir les objectifs de sélection de la race (exemple, les pondérations des composants de l’Index Synthèse Upra – ISU) et donc d’orienter le programme national génétique, d’agréer les reproducteurs d’insémination artificielle, de définir la table de pointage, d’agréer les pointeurs de la race. L’Upra définit donc des règles techniques qui s’imposent à tous les acteurs de la filière génétique.


C - La promotion générique de la race
L’Upra organise différentes manifestations nationales comme le Concours Général Agricole de Paris, elle assure des formations dans les établissements agricoles, elle participe à l’animation des événements départementaux ou régionaux en soutien des Syndicats de Race, elle publie différents documents relatifs à la race, elle a développé un site Internet d’informations, elle représente la race dans les instances internationales…


D - Les services aux éleveurs
Depuis 1992, les pointeurs de l’Upra collectent la morphologie de 20% des filles de l’échantillon testage. Les informations collectées sur l’ensemble des vaches vues dans le cadre des visites du Service Elaboré viennent enrichir les informations du testage et améliorent la fiabilité des index.
Dans le cadre de son Service Elaboré, elle a développé un certain nombre de services génétiques liés à sa connaissance de terrain : visites d’élevage, conseils génétiques personnalisés, plan d’accouplement objectif indépendant de toute structure commerciale.


Globalement, le milieu de la génétique s’accorde à dire que le travail technique a été bien réalisé, en conformité avec les différents textes de loi français et européens, et que la structure Upra est bien gérée d’un point de vue économique. Dans ces conditions, quels sont les vrais reproches à l’encontre de l’Upra Prim’Holstein ?

A – un poids trop important accordé aux éleveurs du 1er collège dans les instances de l’Upra
Pour mémoire, dans sa composition actuelle, le Conseil d’Administration comprend 38 membres, dont 19 sont issus du 1er collège (Base de Sélection = Contrôle Laitier), 15 sont issus du 2ème collège (Unités de Sélection), 4 sont issus du 3ème collège (utilisateurs).
La majorité qualifiée des 2/3 des administrateurs présents est requise pour prendre une décision relative à toutes les grandes questions sur la race et il est utile d’informer que jamais une décision n’a été prise par la seule volonté du collège éleveur.
Par ailleurs les sources de financement de l’Upra sont les suivantes (exemple de l’année 2004):
• 1er collège (cotisations Service Elaboré) : 76 %
• 2ème collège (cotisations de base à l’IAP, prestations testage) : 6 %
• 3ème collège (pedigrees, formations) : 9 %
• subventions du Ministère : 9 %
On peut revenir sur les chiffres annoncés par l’UNCEIA où l’on oppose les 8 500 éleveurs du Service Elaboré aux 125 000 éleveurs adhérents des coopératives de base.
Doit-on rappeler que les éleveurs du Service Elaboré sont avant tout des éleveurs du Contrôle Laitier, adhérents à leur coopérative de base, et font partie de ces 125 000 éleveurs ?
Doit-on rappeler que les éleveurs du Service Elaboré ont fait une démarche volontaire pour adhérer à une Association, ce qui n’est pas le cas des 125 000 éleveurs des coopératives de base ?
Doit-on oublier que les éleveurs du Service Elaboré ont été des éléments moteurs pour faire progresser la race, qu’ils ont œuvré pour la collectivité, ce dont certains semblent oublier aujourd’hui ?


B – l’Upra est perçue comme une contrainte d’une démarche collective nationale que les Unités de Sélection ne veulent pas supporter dans le contexte actuelle de libéralisation de l’insémination artificielle. Les Unités de Sélection veulent tout décider, la loi du marché à court terme étant la seule ligne directrice.


C – L’Upra est accusée de ne pas réaliser sa mission de promotion de la génétique française
Récemment le Congrès International Holstein tenu à Paris en 2004 a été organisé dans l’intérêt de la filière génétique française, et non au profit des éleveurs du Service Elaboré.
Plus généralement, il est justifié de se poser la question suivante : qu’est-ce que la génétique française ? Nous répondrons : c’est l’ensemble des produits génétiques « fabriqués » par les acteurs français, à savoir les vaches produites par les éleveurs français et les taureaux testés par les Unités de Sélection françaises. Faut-il réduire cette population aux seuls taureaux français et exclure de fait de tous les concours, de toutes les publications les vaches de pères étrangers, géniteurs utilisés par ailleurs en masse dans les schémas de sélection et vendus parfois par ces mêmes Unités de Sélection françaises ?
Les techniciens Upra sont également accusés de conseiller des taureaux étrangers, et de défavoriser les taureaux français y compris lorsqu’ils pointent leurs filles.


Il me semble que ces différents points sont fondamentaux pour les éleveurs de Prim’Holstein. Quels seront la place, le pouvoir de décision des éleveurs Prim’Holstein sur l’orientation de la race si l’Upra Prim’Holstein est amenée à disparaître, comme le souhaitent certains acteurs ?
Concernant la morphologie, quel sera le nouveau cadre et qui réalisera le pointage ?


 Nous sommes à un tournant décisif. Il nous appartient de nous mobiliser maintenant si nous, éleveurs, souhaitons conserver un organisme indépendant et un pouvoir sur l’évolution de notre race. N’hésitez-pas à contacter le siège administratif de l’Upra, les administrateurs du 1er collège ou moi-même si vous le souhaitez.


Nous comptons sur votre mobilisation et vous prions d’agréer, Cher Collègue, l’expression de nos sentiments les meilleurs.


Le Président, Bruno Bechet

Aperçu des marchés
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Vaches, charolaises, R= France 6,92 €/kg net +0,08
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