La France, grand pays producteur de fromages avec un millier de variétés, est aussi celui où nombre de produits ont disparu ou sont en passe de s'éteindre : d'où la mobilisation de l'association "Fromages de terroirs", qui organise le 9 avril une 4e journée nationale du fromage en France.
"En 30 ans, plus d'une cinquantaine ont été rayés de la carte alors que la proportion des fromages industriels ne cesse de croître tandis que celle des fromages au lait cru ne représente plus que 7% de notre consommation", explique à l'AFP Véronique Richez-Lerouge, présidente d'une association qui décrète la "mobilisation pour que notre exception fromagère ne disparaisse pas".
"La galette des Mont-d'Or, produit fabriqué depuis 400 ans, a disparu cet été depuis le décès du dernier producteur qui détenait le secret de fabrication", constate-t-elle.
Le Savoyard Guy Martin, chef trois étoiles Michelin du Grand Véfour à Paris, sert notamment dans son établissement une autre variété en voie d'extinction, le bleu de Termignon, fabriqué en haute Maurienne près de la frontière italienne.
Avec la journée nationale du fromage, l'association veut mobiliser les Français sur un "désastre en marche" dont les causes sont multiples, selon Mme Richez-Lerouge: "l'uniformisation du goût, des normes européennes de plus en plus draconiennes, plus de la moitié des AOC produites au lait pasteurisé, la disparition des rayons de fromage à la coupe dans les grandes surfaces, ou des affaires de listeria attribuées au seul lait cru alors que la bactérie touche tous les produits, lait pasteurisé, poissons et viande", affirme-t-elle.
"Le rôle des chefs est de faire vivre les petites productions. Il faut être vigilants, que nos représentants à l'Union européenne tapent du poing sur la table. On ne peut pas demander à un petit producteur d'avoir les mêmes normes qu'une grande fromagerie. Il faut trouver un compromis du bon sens", dit Guy Martin, auteur de "Cuisiner les fromages".
Des centaines de fromagers affineurs participent un peu partout en France à l'opération avec animations et dégustations (liste des participants sur www.journeenationaledufromage.com)
Philippe Olivier, installé à Boulogne-sur-mer, juge qu'il y a "péril en la demeure" même s'il n'a "jamais été aussi optimiste qu'aujourd'hui".
"Depuis deux à trois ans, des jeunes s'installent pour sauver ces fromages, des jeunes agriculteurs de 30 ans avec une éthique, qui produisent en respectant la nature, qui viennent à la production en faisant un choix de vie. De même jamais il n'y a eu autant de jeunes inscrits à l'école de fromagerie à Paris", affirme-t-il à l'AFP.
"Il y a quinze ans, il n'y avait plus que deux producteurs du fromage de Bergues, près de Dunkerque, ce fromage de pauvre que les marins dunkerquois embarquaient à bord pour leurs expéditions à Terre-Neuve. Grâce à notre mobilisation, ils sont huit producteurs aujourd'hui et sept autres en formation. Je vends du Bergues dans une trentaine de fromageries en France et aussi à l'étranger!", ajoute-t-il.
Enfin l'opération a trouvé un autre partenaire, Lafayette gourmet à Paris. Cette enseigne édite pour la première fois et à 80.000 exemplaires un guide consacré aux fromages qui se veut à la fois culturel, pratique et ludique.
"Il faut expliquer que le fromage est un produit fabuleux, pas nocif. Il faut défendre le patrimoine français et sauvegarder les produits qui ont du goût!", explique Sylvain Gaudu, directeur du Lafayette Gourmet dont le rayon fromage, avec ses 150 références uniquement au lait cru, est selon lui "le plus visité du magasin".
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