Le 30 mars dernier se tenait l'Assemblée générale de Nor'Holstein. A cette occasion, les responsables de l’association départementale des éleveurs de Prim'Holstein du Nord ont organisé une table ronde sur le thème du nouveau DGF (Dispositif génétique français) avec comme intervenants François Desmons, Daniel Destombes, Sylvie Garreau et Denis Volckaert. Discussion à partir de la situation aux Pays-Bas.
Denis Volckaert, directeur commercial de la holding néerlandaise CRV, a donc présenté au préalable la restructuration qui a eu lieu aux Pays-Bas au cours des décennies passées. Après avoir connu de multiples structures d'élevage, ce pays n'en compte plus aujourd'hui que quelques-unes, dont une ultra dominante. Ces fusions ont eu lieu à travers les frontières des provinces, généralement sur les mêmes activités (IA, Contrôle laitier). Ainsi, de 50 CIA en 1950, le pays n’en connaissait plus que 3 au milieu des années 1990, dont le plus important était Holland Genetic. Et en 1998, on assiste à la naissance de CR Delta, qui englobe Holland Genetic, maintenant dénommée HG, le NRS (centre de calcul, Herd-book), le Contrôle laitier. |
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Une seule structure pour tous les services à l'éleveur
Des démarches similaires avaient eu lieu de l’autre côté de la frontière, dans la partie flamande de la Belgique, qui ont donné naissance à VRV. Ensuite, avec la scission belge, entre les parties flamandes et wallonnes, c’est tout naturellement que VRV et CR Delta se sont rapprochées, donnant naissance à la Holding CRV. Libéralisme et position dominante On arrive là à un des paradoxes du libéralisme. Alors que ce système s'est développé dans un monde concurentiel, HG a été condamné par l'autorité néerlandaise de lutte contre la concurrence déloyale NMA (Nederlandse Mededingingsautoriteit). |
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68 € par vache et par an, tout compris !
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Au final, l’éleveur néerlandais débourse, en moyenne, 68 euros par vache pour l’ensemble des services. Un des coûts qui n’a pas manqué d’interpeller Daniel Destombes, directeur du Contrôle Laitier du Nord est celui de 19 euros pour le Contrôle laitier !
Cela a amené Denis Volckaert à fournir quelques explications. Il y a ainsi aux Pays-Bas une réelle offre de services à la carte. Les prestations sont facturées par vache et par passage, avec plusieurs systèmes possibles (A4, A8, contrôle B, par l’éleveur…). La pesée est facturée au temps réel, à la minute !
Quant au retour de l’information (fiches de lactation, taux, bilans divers..), l’éleveur choisit ce qu’il veut, avec en face un coût pour chaque document. Le conseil en nutrition est du ressort des firmes d’aliments et, dernière précision, il n'y a aucune subvention pour l'ensemble de ces services.
Globalement, le coût du contrôle se situe dans la fourchette 15 à 25 euros par VL et par an, sachant que 70 % des élevages sont en contrôle type A4.
Le contrôle B (par l’éleveur) a été mis en place aux Pays-Bas depuis 2001, et la crise de la fièvre aphteuse. Le coût est inférieur de l’ordre de 15 à 20 %. S’il n’y a pas transparence avec la laiterie quant aux volumes de lait livrés, les données ne sont pas certifiées et ne servent que pour le management du troupeau.
Du côté de l'insémination, le coût moyen de 48 euros comprend 28 euros pour la semence. Chiffres calculés avec un taux de 1,78 IA pour obtenir une conception.
Ce qu'ils en disent :
Après cette présentation, complète et agréable à suivre, chacun des 3 intervenants français était amené à réagir. En filigrane, la restructuration des organisations d'élevage françaises. « A la vue de cet exemple, il a certes des économies d’échelle potentielles chez nous, mais je suis surpris par les 19 euros, coût du contrôle laitier. Je suis aussi surpris par la taille de la structure » a commencé Daniel Destombes, directeur du Contrôle Laitier du Nord.
Du côte de Prim’Holstein France, Sylvie Garreau « découvre cet aspect néerlandais. Par rapport à la France, la Hollande est de la taille de la Bretagne. Avec ces regroupements, les éleveurs me semblent plus éloignés de leurs structures, et le coût final, en ce qui concerne ma partie, ne le justifie pas. »
François Desmons, directeur général de Genes diffusion, qui connaissait déjà l’exposé de M. Volckaert, « trouve ce projet audacieux, mais peut-être pas adapté à la taille de notre pays. »
S'en est suivi un échange entre les intervenants, aussi sollicités pour répondre à des questions provenant de l'auditoire. Vous trouverez ci-dessous quelques phrases clés qui, même sorties de leur contexte, permettent d'appréhender les positions de chacun.
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De gauche à droite : François Desmons, directeur général de Gènes diffusion ; Daniel Destombes, directeur du Contrôle laitier du Nord ; Sylvie Garreau, directrice de l’Upra Prim'Holstein et Denis Volckaert, directeur commercial de CRV (© DR) |
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Daniel Destombes, directeur du Contrôle laitier du Nord :
- Service à la carte : "On sera obligé de s’adapter aux attentes diversifiées des éleveurs. Tôt ou tard, on devra séparer l’échantillonnage et l’appui technique à cause du nouveau DGF. Mais le piège pour les éleveurs sera de se faire conseiller par quelqu’un qui a un intérêt commercial. Ce que l’on demande aujourd’hui, c’est du temps pour s’adapter."
- Rapprocher les hommes : "Avant de rapprocher les structures, il faut rapprocher les hommes. Il est nécessaire d’apprendre à travailler ensemble, cela passe par la formation, l’harmonisation de certaines façons de travailler…"
Sylvie Garreau, directrice de l’Upra Prim'Holstein :
- Adhésion : "Les éleveurs peuvent venir chez nous et repartir, ils sont libres. On doit donc être compétitif."
- Collèges : "On réunit des "partenaires" qui ont des divergences d'intérêts."
- Agrément des taureaux : "Les CIA ont droit à 10 % de taureaux qui ne passent pas les seuils d’ISU. Jusqu’ici, nous n’en avons refusé aucun."
- Transparence : "On va très rapidement évoluer vers une palette de services à offrir. Dans un souci de transparence, les missions de service public seront clairement différenciées des services apportés par le Service élaboré."
- Désengagement : "L’état se désengage politiquement et financièrement. La subvention actuelle, moins de 20 % du budget global de l’Upra, sert essentiellement à la délivrance des fiches individuelles vache (FIA) que nous éditons pour toutes les vaches contrôlées, même issues de troupeaux non adhérents au Service élaboré. Les nouvelles fiches (FIVL), qui paraîtront à partir de mai 2005, ont un prix de revient unitaire de 0,13 euros."
- Upra devient OS : "Depuis 1 an, il y a discussion sur l’évolution du rôle des Upras au Ministère. L’Organisme de sélection (OS) qui prendra le relai de l’Upra, sera le seul organisme agréé."
François Desmons, directeur général de Gènes diffusion :
- Amendes aux coops d'IA :
"Globalement, en terme de % du chiffre d’affaires annuel, les pénalités qui ont été infligées aux coopératives d’insémination ne sont pas élevées. Il s’agit plus d’un avertissement que d’une véritable sanction, mais cela remet en cause la Loi de 1966."- Evolution de la Loi sur l'Elevage : "Dans les deux ans, les évolutions auront été faites : je ne suis ni pour ni contre. Il y a une évolution de notre environnement : on y a réfléchi et on s’adapte. Depuis quelques années Genes Diffusion a anticipé ces évolutions, et pour être franc, je suis surpris que cela ait duré si longtemps.
Cette évolution est une bonne chose, on aura une meilleure sérénité dans le travail et pas d’état d’âme. Actuellement, nous sommes obligés de travailler avec tout le monde, même ceux qui ne veulent pas de nous."
- L’insémination par l’éleveur : "Depuis 1978, nous n’avons jamais freiné, pas plus que nous ne l’avons encouragé. Quand il y a eu des demandes, nous avons fait des formations, par groupes d’éleveurs, et établi des conventions qui ont permis à ces éleveurs de bénéficier des DN recevables pour leurs animaux. Aujourd’hui, sur 8.500 éleveurs actifs sur notre zone, 90 inséminent eux-mêmes."
- Coût à l'IA : L’écart va de 4 à 16 euros à l’IAP pour les coûts de déplacement entre les régions les plus et les moins favorables.
- Echanges de semences : Nous avons notre programme de sélection, mais nous envisageons des échanges de semences avec les autres unités de sélection françaises : il ne faut pas tomber dans l’abus de position dominante sur notre secteur. Mais on se voit mal servir de distributeur à des CIA étrangers.
- Concurence entre OS ? : "Une directive européenne dit que l’on peut avoir plusieurs Organismes de sélection (OS) par pays. Le monopôle, c’est bon pour personne !"
- Représentativité : "A l'Upra Prim'Holstein, les éleveurs du premier collège siègent à titre individuel, alors que dans le second collège ce sont des élus des CIA qui représentent l'ensemble des éleveurs, non pas une minorité."
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