L'agroalimentaire peine à recruter malgré le chômage

Malgré le chômage de masse, les entreprises de l'agroalimentaire peinent à trouver du personnel, selon les patrons bretons, contraints d'améliorer les conditions de travail pour redorer l'image de la branche.

Ces difficultés menacent selon eux l'avenir du premier secteur industriel  de Bretagne, avec 63.000 emplois, confronté à la concurrence des pays  émergents.

Alors que le chômage touche 8% de la population active en Bretagne, 70% des  entreprises de l'agroalimentaire peinent à recruter, selon une étude récente  de l'Association pour le développement et la formation des industries  agroalimentaires en Bretagne (Adefia).

Les entreprises doivent assumer des coûts importants de formation, liés au  fort turn-over des salariés, qui affecte aussi la performance industrielle.  "De nombreux candidats quittent l'entreprise après quelques jours ou quelques  mois", déplore Jean-Luc Cade, directeur de l'Adefia.

La situation est particulièrement difficile pour les métiers de la viande  (découpe, désossage) et les emplois peu qualifiés sur les lignes de  fabrication et de conditionnement. "Globalement, l'attractivité des métiers de  l'agroalimentaire n'est pas bonne", reconnaît-il.

Selon lui, c'est d'abord la conséquence de conditions de travail  difficiles. Pour des raisons d'hygiène, les emplois s'exercent souvent en  milieu réfrigéré. La répétition de mouvements parfois physiques sur des lignes  de production taylorisées favorisent les risques de maladies  musculo-squelettiques.

Les problèmes de recrutement risquent de s'aggraver dans les années à  venir, car "il y a une désaffection des sections de formation initiale  agroalimentaire", souligne M. Cade. "On peut craindre qu'à l'avenir des  investissements industriels ne se fassent pas en Bretagne".

"Les entreprises sont dans l'obligation de réagir rapidement et  massivement. Ce serait un comble que le développement de l'agroalimentaire  soit freiné par le recrutement", estime Jean-Luc Perrot, économiste à la  Chambre régionale d'agriculture de Bretagne.

"Le fait de voir des gens malades, blessés par le travail, dissuade" les  candidats potentiels, explique-t-il. Selon lui, les salaires "équivalents à  ceux des autres secteurs, à qualification égale" ne sont pas en première ligne  dans la désaffection des candidats.

Dans une région rurale qui a rattrapé son retard industriel depuis 30 ans  grâce à l'essor de l'électronique et de l'automobile notamment, la  main-d'oeuvre est devenue plus exigeante, alors qu'"autrefois, l'usine de  poulet c'était le seul boulot possible", relève-t-il.

Aujourdhui, il n'est pas rare qu'un ouvrier lâche un emploi stable dans  l'agroalimentaire pour un CDD à l'usine Peugeot-Citroën de Rennes, confie M.  Cade.

Selon Thierry Besse, secrétaire général de l'Association bretonne des  entreprises agroalimentaires, la progression des livraisons en flux tendus a  contribué à détériorer les conditions de travail. "On sollicite le personnel  sur des créneaux très courts avec des cadences plus fortes, et on fait de plus  en plus appel à des intérimaires. Ce stress, ces à-coups, ce manque de  visibilité sont aussi une explication des maladies professionnelles",  estime-t-il.

Cependant, des améliorations ont déjà été engagées. "Dans les usines qui  travaillent en flux tendus, l'emballage est en train d'être automatisé",  souligne-t-il. "On crée aussi des chaînes de production de petite taille,  gérées par des équipes de plus en plus autonomes. Le boulot est plus riche et  mieux vécu".     Mais, comme le souligne M. Perrot, "l'image du secteur s'est détériorée  petit à petit au fil des années, et il faudra du temps pour la reconstruire".

Aperçu des marchés
Vaches, charolaises, U= France 7,1 €/kg net +0,05
Vaches, charolaises, R= France 6,94 €/kg net +0,02
Maïs Rendu Bordeaux Bordeaux 190 €/t =
Colza rendu Rouen Rouen 465 €/t +3

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