L'approche « bancaire »

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Chacun son analyse d'un dossier porcin, mais s'il en est une que l'éleveur ne peut négliger c'est celle du banquier. Albert Faucheux du Crédit Agricole des Côtes d'armor présente les critères analysés lors d'une étude de financement et les défis qui seront à relever par les élevages de demain. Avis et regard du banquier.

 Pour le banquier, les principaux critères d'analyse d'un dossier porcin, concernent d'abord la technique et les performances de l'atelier, puis l'approche technico-économique pour «vérifier l'efficacité technique» et surtout insiste Albert Faucheux le prix d'équilibre: «Il permet de situer la performance globale de l'atelier. Il faut être en mesure de tenir en cas de crise, de pouvoir payer tout le monde !». Et le banquier va droit au fait, «puisque 60% du coût c'est l'alimentaire, il faut aller à l'alimentaire !»

En fait, le banquier regarde tout et surtout le prix de l'aliment payé par l'éleveur ! Il dispose pour cela d'un outil d'analyse...le diagnostic d'élevage dans lequel sont intégrés de nombreux paramètres: prix de l'aliment, coût alimentaire, plus value/kilo, prix de vente/kilo, MB/truie, nombre de porcs produits/truie, IC, poids de vente.

 

 La définition bancaire du prix d'équilibre

Pour le banquier, c'est un indicateur global de performance qui doit être en cohérence avec le prix payé sur 3 ou 5 ans. Selon Albert Faucheux, il doit:

  • intégrer un revenu "honnête" pour  l'éleveur
  • ménager une marge nette d'autofinancement (qui renforce le bilan et pemet de l'autofinancement)
De plus, explique Albert Faucheux, les banques vont changer d'attitude et rechercher à faire du "bon crédit", et de moins en moins de crédit risqué: «De plus en plus d'autofinancement sera demandé», explique le banquier.

 

 
Albert faucheux, «Le banquier regarde tout!» (© Web-agri)

Les défis à relever par les élevages de demain...

Le contexte dans lequel évolue l'élevage porcin, se caractérise actuellement rapelle Albert Faucheux, par une forte variabilité des cours, un abaissement des filets de protection, pas d'intervention significative des pouvoirs publics et une concentration des élevages avec accroissement de leur taille.

Il devient nécessaire en élevage porcin, de «se protéger à l'intérieur: de ré-internaliser la fonction "gestion des risques" au sein même de l'exploitation pour avoir la capacité à passer les crises conjoncturelles». A l'idéal, avoir « la capacité d'avaler deux ans de crises, sinon on n'en voit pas la fin ! (des crises)», conseille Albert Faucheux.

Avoir la possibilité d'autofinancer ses projets à hauteur de 20%

«Actuellement 80% des élevages n'ont pas de fonds propres. De nombreux éleveurs atteignent 100% de taux d'endettement», rappelle le banquier qui explique qu'à l'avenir les éleveurs devront avoir des fonds propres, une épargne financière de précaution : «En entreprise, le financement peut atteindre 40% en fond propre, si ce n'est pas envisageable actuellement en agriculture, il faudra penser à en avoir quand-même un peu» . D'après Albert Faucheux, l'objectif à moyen terme d'autofinancement en élevage se situe aux alentours des  20%.

Pour "gérer le risque", l'éleveur peut aussi trouver des éléments de réponse en terme de sécurisation des prix avec le marché à terme par exemple ou en envisageant des partenariats de contractualisation. «Ce n'est pas toujours noir !» assure Albert Faucheux: «D'autres productions le font déjà, et ces éleveurs gagnent leur vie !»

Aperçu des marchés
Vaches, charolaises, U= France 7,14 €/kg net +0,04
Vaches, charolaises, R= France 6,99 €/kg net +0,05
Maïs Rendu Bordeaux Bordeaux 190 €/t =
Colza rendu Rouen Rouen 465 €/t +3

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