26 fév 2005 (AFP) - Au coeur du marais Poitevin, communes, élus et associations de protection de l'environnement se mobilisent pour faire revivre la tradition du pâturage sur les marais communaux, de vastes prairies naturelles humides.
« Ces prés communaux, vieux du Xème siècle, sont un témoignage du passé et un véritable paradis pour les espèces animales et végétales », explique Didier Naudon, technicien au parc interégional du marais Poitevin, à cheval sur la Vendée, les Deux-Sèvres et la Charente-Maritime.
Situés sur l'un des principaux couloirs de migration entre l'Europe et l'Afrique, les communaux sont des aires indispensables pour les oiseaux migrateurs qui y trouvent nourriture et tranquillité. Oies cendrées, barges à queues noires et vanneaux huppés s'y rassemblent par milliers.
« Disparaître au profit des cultures céréalières »
Ces communaux sont des terres gagnées sur la mer entre le Xe et XIIe siècle. Les abbayes et seigneuries les mettaient à disposition des habitants les plus pauvres pour y chasser, pêcher et faire paître leurs troupeaux de vaches, oies et chevaux. C'est à la Révolution française que ces grandes prairies naturelles humides, qui permettent notamment de limiter les crues de purifier l'eau, deviennent la propriété des communes.
« A partir du début des années 70 et jusqu'à la fin des années 80, ces prairies humides ont commencé à disparaître au profit des cultures céréalières », souligne Jean-Pierre Guéret, de la Ligue de protection des oiseaux (LPO). Les travaux hydrauliques agricoles et certaines pratiques culturales (drainage, labours) ont entraîné la disparition de 55 % des prairies humides entre 1979 et 1994. Ces zones humides ne représentent plus qu'un tiers de la surface totale du marais Poitevin, deuxième zone humide en France après la Camargue. Cet "assèchement" est une des raisons de la perte, en 1996, du label parc naturel régional Marais poitevin.
La surface des marais communaux a également été divisée de moitié pour se stabiliser aujourd'hui à 2.874 hectares. Par ailleurs, en raison des changements de pratiques agricoles, de nombreuses communes, incapables de rentabiliser les coûts d'entretien de ces prairies les ont vendu ou mises en culture.
450 bovins et 50 chevaux
A la fin des années 80, des associations d'habitants « ont tiré la sonnette d'alarme pour maintenir cette tradition », raconte Benoît Biteau, du parc interégional. La LPO, l'organisation écologiste WWF et certaines communes lancent alors un programme de sauvegarde de ces marais. En échange d'aides financières et techniques apportées par le parc, la WWF et la LPO, 16 communes de Vendée et de Charente-Maritime s'engagent à maintenir le communal en pâturage collectif. « Cela a permis de préserver 1.900 hectares de communaux », affirme Sarah Gillet du WWF. « A Lairoux, il était à un moment question de parceller notre communal mais la commune a fait le choix de le conserver », explique Monique Bouron, maire de cette commune.
Depuis quelques années, des éleveurs venus de communes extérieures amènent chaque année au mois d'avril, leurs bêtes sur cette vaste étendue. Jusqu'à décembre, quelque 450 bovins et 50 chevaux peuvent y paîtrent en toute liberté l'herbage des 247 hectares. « Ces marais nous aident à encourager l'agriculture à revenir vers les prairies et l'élevage extensif », se félicite Benoît Biteau. « Ils nous permettent de montrer qu'il est possible de faire vivre une économie pastorale », précise Didier Naudon.
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