Le monde associatif français se mobilise.

PARIS, 15 oct 2004 (AFP) - Les éleveurs africains de poulets sont menacés de disparition par l'arrivage massif sur les marchés locaux de volailles européennes à bas prix, dénoncent plusieurs associations françaises à travers une campagne de sensibilisation.

Lancé le 5 octobre, ce mouvement baptisée "Exportations de poulets, l'Europe plume l'Afrique", entend accroître la pression sur les décideurs européens pour qu'ils militent en faveur d'un "droit à la protection des marchés agricoles" africains dans les négociations commerciales. Les organisateurs (Agir Ici, Comité catholique contre la faim et le développement, Comité français pour la solidarité internationale) visent les pratiques de l'industrie avicole européenne, qui écoule en Afrique les croupions ou les ailes non consommés en Europe. Ainsi, sur les marchés de Dakar, Yaoundé ou Douala, la volaille autochtone, souvent issue de petites exploitations individuelles, vendue entre 1,80 et 2,40 euros le kilo, ne peut que s'incliner devant les résidus congelés européens à 0,50 euro le kilo. Au Cameroun, l'importation de "congelés" est passée de 978 tonnes en 1996 à 22 154 tonnes en 2003, alors qu'au Sénégal, le volume a été multiplié par dix en 5 ans, et 40% des élevages de ce pays ont disparu, selon les organisateurs.

Le marché africain "est convoité par les multinationales", dénoncent les pétitionnaires, qui stigmatisent la domination de la "logique du moindre coût", et les "accords commerciaux" contraignant ces pays à "ouvrir leur marché". Une logique de marché dont profite la filière française. Les prix sont "complètement fixés en fonction de l'offre et de la demande", déclare Alain Mélot, président de la Fédération des industries avicoles (FIA). De plus, pour la FIA, "très étonnée" de cette campagne, les pays africains "n'ont aucun problème pour ériger des barrières douanières s'ils le souhaitent". M. Mélot cite le cas du Nigéria qui n'importe pas de volaille européenne. "Une décision illicite" dans le cadre de l'OMC rétorque Caroline Doremus-Mege, d'Agir Ici, qui affirme que le but de la campagne est justement que ce type de mesure de protection devienne légal. "La mise en place de protections tarifaires est une solution pour pouvoir protéger ses marchés", déclare anonymement un responsable d'un grand groupe du secteur. Ces importations représentent tout de même "un bon moyen de nourrir une population à faible pouvoir d'achat", et vendre aux populations du poulet local à des prix élevés n'est pas la solution, selon lui. M. Mélot relativise également la perspective de la mise en place de protections douanières: "l'élevage dans ces pays est presque de l'élevage personnel, s'ils ferment leurs frontières, ils auront tout à construire, et avec quel argent ?". Argument irrecevable pour Mme Doremus-Mege: "le Cameroun pourrait être autosuffisant" et "au Sénégal, la croissance du secteur avicole était assez phénoménale avant d'être ruinée par ces importations massives".

Pour la FAO (Food and Agriculture Organization), "il est évident que la concurrence est quasiment impossible" entre "au Nord, une agriculture subventionnée, avec une productivité environ mille fois supérieure à celle d'Afrique subsaharienne", déclare Gilles Hirzel, pour qui cette opération est en adéquation avec "l'équité dans les échanges" prônée par son agence. Une dizaine de jours après son lancement, la campagne est "plutôt bien partie" déclare Agir Ici. Les cartes postales adressées au ministre français délégué au Commerce extérieur, aux Commissaires européens à l'agriculture et au commerce, et à Agir Ici arrivent "par dizaines chaque jours". L'association déplore cependant : "il n'y a pas eu de réaction des décideurs".


Aperçu des marchés
Vaches, charolaises, U= France 7,1 €/kg net +0,05
Vaches, charolaises, R= France 6,94 €/kg net +0,02
Maïs Rendu Bordeaux Bordeaux 190 €/t =
Colza rendu Rouen Rouen 465 €/t +3

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