Le G20, toujours uni, continue de mettre la pression sur les pays riches

PARIS, 25 juil 2004 - Révélé par la dernière conférence de l'OMC à Cancun, où il s'est fermement opposé aux Européens et aux Américains sur l'agriculture, le groupe des pays émergents du G20 emmené par le Brésil et l'Inde va tenter d'arracher des avancées notables dès mardi à l'OMC.

Avant d'arriver à Genève, où les 147 pays membres de l'Organisation mondiale doivent sceller un accord intermédiaire avant le 30 juillet sur la libéralisation du commerce mondial, le G20 a haussé le ton. Sous l'impulsion du Brésil, grand pourfendeur des subventions agricoles, le G20 estime que le texte, qui prévoit notamment la fin des subventions aux exportations agricoles, "nécessite des améliorations et des changements importants".

En clair, le G20, qui outre le Brésil et l'Inde comprend également la Chine et l'Afrique du sud, juge que l'Europe et les Etats-Unis ne vont pas suffisamment loin dans l'élimination des subventions versées à leurs agriculteurs. C'est déjà ce point qui avait en partie fait capoter la conférence de l'OMC à Cancun en septembre dernier avec l'hostilité des pays en développement contre des subventions accusées de faire baisser les prix et de ruiner les paysans du Sud. L'Union européenne et les Etats-Unis viennent cette semaine à Genève avec de nouvelles propositions, consacrant ainsi l'importance du G20 dans le cycle de négociations commerciales lancé fin 2001 à Doha, et qui risque de s'enliser si aucun accord n'est trouvé avant la fin de juillet.

Le G20 a noté "un déséquilibre manifeste" dans le nouveau texte de l'OMC. "L'objectif du Brésil, c'est de casser les soutiens internes (aux agriculteurs) américains. Or le texte de l'OMC, qui est taillé sur mesure pour les Etats-Unis, les sacralise au lieu de les réduire", explique Ralph Ichter, expert en négociations OMC pour la société Euroconsultants, basée à Washington.

Dans sa lutte contre les soutiens internes américains, le Brésil a gagné une première manche en juin dernier, lorsque l'organe de règlement des différends de l'OMC, qu'il avait saisi, a estimé que les sommes versées par Washington à ses producteurs de coton constituaient une subvention déguisée à l'exportation. D'où l'importance accordée par le G20 à la question du coton, qu'il souhaiterait voir traitée plus vite. Jeudi, il a ainsi déploré que le texte de l'OMC n'accorde pas une "attention prioritaire" au problème du coton, crucial pour les paysans d'Afrique de l'Ouest.

La négociation agricole de Genève pourrait cependant mettre à mal l'unité du G20, car les intérêts du Brésil, gros exportateur agricole en concurrence avec les Etats-Unis, ne sont pas toujours ceux des autres membres. C'est le cas sur l'accès au marché, un autre volet de la discussion agricole, où les pays de l'OMC doivent négocier une formule de baisse des droits de douanes, dans le but théorique de permettre à terme la libre concurrence entre producteurs internationaux.

Or, l'Inde est l'un des plus réfractaires à cette négociation et a averti que "toute négociation sur l'accès au marché doit prendre en compte les impératifs de survie" de ses 600 millions d'agriculteurs. Sans droits de douane, leurs petites exploitations ne pourraient rivaliser avec les exportateurs des Etats-Unis ou... du Brésil qui a, lui, intérêt à favoriser l'accès au marché. Tout le dilemme du G20, appelé à préciser ses positions à Genève, réside dans cette équation. Les négociateurs européens et américains tenteront de diviser ce bloc pour éviter de lâcher trop de concessions.


Aperçu des marchés
Vaches, charolaises, U= France 7,1 €/kg net +0,05
Vaches, charolaises, R= France 6,94 €/kg net +0,02
Maïs Rendu Bordeaux Bordeaux 190 €/t =
Colza rendu Rouen Rouen 465 €/t +3

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