Dans les Côtes d'Armor, l'invasion quotidienne de centaines de milliers d'étourneaux venus d'Europe de l'est sur la région de Locarn mobilisent agriculteurs et pouvoirs publics, qui tentent de trouver des solutions pour remédier à un fléau récurrent depuis 20 ans.
Comme chaque année, entre octobre et mars, la région de Locarn se transforme en "dortoir" pour ces oiseaux migrateurs. Attirés par le climat doux et l'abondance de nourriture, ils détruisent les cultures et pillent les exploitations agricoles.
Les agriculteurs, regroupés en collectif, dénoncent depuis plusieurs années leurs ravages : dans les champs, les étourneaux retournent la terre sur plusieurs centimètres de profondeur pour arracher les semis d'hiver.
D'autres bâchent les mangeoires, installent des grillages
Quand ils parviennent à rentrer dans les étables, ils mangent aussi la nourriture du bétail, ce qui contraint les éleveurs à nourrir leurs bêtes avant 5 h et après 23 h, en fonction du passage des oiseaux.
D'autres bâchent les mangeoires, installent des grillages pour empêcher les intrusions dans les granges, et même surproduisent, en prévision des pertes.
« L'impact est important. Les oiseaux mangent les stocks de maïs, ce qui entraîne une perte de la valeur des grains pour les céréaliers », note Christophe de Quelen, maire de Locarn.
Les éleveurs dénoncent également les fientes laissés par les volatiles, qui selon eux pourraient causer un risque sanitaire.
Etudes sur les risques sanitaires
Face au problème, les pouvoirs publics se mobilisent, avec la Fédération régionale de défense contre les ennemis des cultures de Bretagne (Feredec), et avec l'aide de Philippe Clergeau, de l'Institut de recherche agronomique (Inra) de Rennes, qui étudie ces oiseaux depuis 20 ans.
Des battues ont été menées, des études sur les risques sanitaires réalisées, et une étude d'impact a été commandée pour évaluer les conséquences sur l'agriculture et envisager des indemnités.
Selon Philippe Clergeau, « on compte désormais 450.000 étourneaux sur le dortoir de Locarn, soit dix fois moins qu'il y a 20 ans ».
L'ouest compte actuellement 4 grands dortoirs ruraux, - deux en Bretagne, un en Vendée et un dans la Manche -, de 200 à 500.000 oiseaux chacun, et de nombreux dortoirs urbains (10 à 20.000 individus) pour une population totale de l'ordre de 3 millions d'oiseaux.
Au moyen d'effaroucheurs acoustiques
Le chercheur affirme que chasser définitivement les oiseaux « ne fera que déplacer le problème, ou l'éclater en plusieurs dortoirs », et « les détruire serait sans effet, car ils se reproduisent vite ».
Il préconise notamment de semer plus tôt en hiver, d'enterrer les graines plus profondément, et recommande de favoriser la protection des cultures, notamment au moyen d'effaroucheurs acoustiques baptisés effraies.
Une solution soutenue par le sous-préfet de Guingamp, Eddie Bouttera. Fin décembre, lors d'une réunion du comité de pilotage sur la question, il a été décidé d'accentuer la formation des agriculteurs et de subventionner les achats d'effraies.
« On va également continuer les éclaircies dans les forêts de résineux où logent les oiseaux. Ils trouvent refuge dans les forêts non entretenues. Avec des éclaircies, des coupes, des élagages, le vent s'infiltre d'avantage, et l'étourneau vient moins », ajoute Christophe de Quelen.
« De toute façon, il n'y a pas de solution miracle », affirme Eddie Bouttara. Les agriculteurs souhaiteraient l'aspersion de produits chimiques pour éradiquer les colonies d'oiseaux, ce qu'il refuse : « Les produits se retrouveraient dans la chaîne alimentaire. »
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