A l'angle du linéaire "crémerie" d'un hypermarché des Côtes d'Armor, Martine Le Fustec invite les clients à tester la qualité de ses yaourts, fabriqués à partir de produits naturels et de lait provenant de vaches nourries à l'herbe.
Martine n'est pas animatrice de vente. Elle est agricultrice et vient promouvoir "Terre et ciel", une gamme artisanale de produits laitiers issus de son exploitation et de sept autres fermes du département.
Ces exploitations adhèrent aux principes d'une agriculture durable, respectueuse de l'environnement et de l'homme par une production saine et naturelle, "sans farine animale, sans hormone et sans OGM".
« Nos 50 vaches sont dehors toute l'année et sont nourries à l'herbe. On ne les "pousse" pas. Elles produisent environ 6.000 litres de lait par an quand beaucoup, qui ne sortent jamais de l'étable, en sont à 10.000 l/an », explique Martine Le Fustec.
« On s'est dit: "pourquoi notre lait, produit différemment, finirait-il dans les mêmes citernes que le lait industriel ? Pourquoi ne pas essayer de le valoriser ? » D'où l'idée de Terre et ciel", poursuit l'agricultrice.
Deux années ont été nécessaires pour faire aboutir le projet dont le groupe de paysans est le maître d'oeuvre, d'un bout à l'autre de la chaîne : définir les produits, trouver une marque, arrêter un "packaging", dénicher les moyens industriels de production, assurer la promotion et la commercialisation, etc.
« Chacun a trouvé sa place dans le projet et appris à faire des choses nouvelles », assure Marc Morelle, animateur au Cedapa (Centre d'étude pour un développement agricole plus autonome), le réseau qui fédère ces producteurs.
« Un des objectifs est de rester à taille humaine et de conserver la maîtrise à tous les niveaux en respectant le cahier des charges initial », souligne l'animateur.
A base de lait entier, les produits "Terre et ciel", commercialisés pour le moment dans quelques dizaines de point de vente du département, ne contiennent ni conservateurs, ni produits chimiques.
« Les crèmes à la vanille sont fabriquées avec des extraits naturels de vanille et non un arôme artificiel. Pour le cacao, on s'approvisionne dans le circuit du commerce équitable. La confiture utilisée pour les yaourts aux fruits est fabriquée artisanalement », précise Marc Morelle.
Car ces défenseurs de l'agriculture durable se veulent aussi citoyens, insérés dans la société et soucieux de l'avenir de la planète. « Il faut trouver un équilibre entre l'économique, le social et l'environnemental », résume Marc Morelle.
Le prix de vente, inévitablement plus élevé qu'un produit industriel malgré une faible marge, reste cependant un obstacle, de même que la difficulté de se faire connaître sans publicité face aux mastodontes du secteur.
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