La baisse des prix met les agriculteurs en ébullition

PARIS, 19 août 2004 - Face aux baisses de prix du lait imposée par les industriels transformateurs, la colère des agriculteurs, illustrée par quelques actions d'éclat, monte un peu partout en France.

A l'appel de plusieurs fédérations professionnelles, les producteurs de lait ont jeudi envahi pacifiquement des grandes surfaces en Normandie, en Lorraine, dans la région lyonnaise et dans le sud-ouest, offrant aux consommateurs yaourts, plaques de beurre et bouteilles de lait après s'être servis sans payer. "Par ces actions qui doivent en principe durer deux jours, jeudi et vendredi, nous cherchons à sensibiliser les consommateurs sur notre situation qui se dégrade depuis 3 ans en raison de la baisse des prix du lait", a expliqué à l'AFP Gilles Psalmon du service économique de la Fédération Nationale des Producteurs de Lait (FNPL).

"Pour les six mois à venir, les fédérations des entreprises transformatrices de lait cherchent à nous imposer une baisse de prix de 11,92 euros pour 1.000 litres (295 euros) alors que nous proposons un rabais de 4 et 5 euros maximum", poursuit M. Psalmon. Régulièrement producteurs et transformateurs se mettent autour d'une table pour fixer un prix minimum du lait pour les campages futures. Or fin juillet les négociations pour un accord national destiné à remplacer celui réalisé en 1997, ont échoué. "Depuis 3 ans les prix à la production baissent. Pour les campagnes 2002 et 2003 la repli a atteint 5% et si on accepte un rabais de 4,5% cette année, la baisse sur 3 ans atteindra 10%, explique M. Psalmon. Impensable, soulignent en choeur les agriculteurs.

"Nous ne voulons pas être la vache à lait de la filière laitière", déclarent-ils. Ils ont donc décidé d'organiser un peu partout des manifestations les 19 et 20 août afin "faire revenir les industries laitières à de meilleurs sentiments et obtenir un prix minimum garanti" pour les producteurs de lait. Et si la situation ne se débloque pas rapidement les producteurs de l'ouest de la France menacent de recourir à des "actions de grande envergure" la semaine prochaine.

"On est devant une situation bloquée à cause du comportement des acheteurs qui ne veulent pas conclure un accord. Nous allons vers un durcissement du mouvement à partir de la semaine prochaine", a menacé Claude Charon le président de la FDSEA de la Mayenne. Jeudi les manifestations se sont déroulées dans le calme. A l'appel de la Fédération départementale des syndicats d'exploitants agricoles (FDSEA) et des Jeunes Agriculteurs (JA) une quarantaine de producteurs ont arpenté les allées d'un supermarché de la banlieue bordelaise, constatant que "le litre de lait entier nous est payé 0,29 euro alors qu'il est revendu ici 1,03 euro", selon Marie-Henriette Gillet, présidente des producteurs de lait de la Gironde.

A Nancy les agriculteurs dénonçaient les exigences des transformateurs laitiers qui demandent une baisse de 4% des prix aux producteurs, ce qui représenterait "un mois de salaire perdu et la moitié des producteurs payés en dessous du Smic". Les agriculteurs soulignent que la situation a été bonne au premier semestre pour les grands industriels de la filière (Danone, Président, Nestlé). "Leurs exportations ont augmenté de 4% en valeur tandis que les importations ont accusé un recul de 3%", a indiqué M. Psalmon. Deuxième producteur de lait en Europe derrière l'Allemagne, la France produit chaque année 23 milliards de litres de lait pour un chiffre d'affaires de 18,3 milliards d'euros, dont un tiers revient aux producteurs. La France compte 110.000 exploitations laitières.

Aperçu des marchés
Vaches, charolaises, U= France 7,1 €/kg net +0,05
Vaches, charolaises, R= France 6,94 €/kg net +0,02
Maïs Rendu Bordeaux Bordeaux 190 €/t =
Colza rendu Rouen Rouen 465 €/t +3

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