Tout est bon dans le sanglier et le potamochère

Tout n'est pas bon seulement dans le cochon : le sanglier en Europe et le potamochère en Afrique confirment ce vieil adage, selon les interventions à un symposium international sur l'utilisation durable de la faune sauvage, qui s'est tenu de mardi à vendredi à Paris.

Cette manifestation constituait la sixième édition de l'International Wildlife Ranching Symposium. Ses organisateurs ont traduit "ranching" (élevage en ferme) par "utilisation durable" afin de "refléter la tendance des dernières éditions d'ouvrir le sujet à l'ensemble des modes d'utilisation durable de la faune sauvage", a expliqué Philippe Chardonnet, de la Fondation internationale de la sauvegarde de la faune. Bien entendu, aucun des participants à ce symposium n'a contesté le fait que les animaux sauvages sont en général menacés et nécessitent une protection rigoureuse. En revanche, ont-ils relevé, certaines espèces peuvent être parfaitement "exploitées".

Exemple paradoxalement peu connu, l'évolution des populations de sangliers en Europe. Rien qu'en France, a expliqué Jean-Michel Pinet, professeur émérite à l'Institut national de la recherche agronomique (INRA), les tableaux de chasse ont été multipliés par vingt depuis les années 1950 et atteignent aujourd'hui environ 400.O00 bêtes.

"Dans ce contexte, il est étonnant que les élevages professionnels de sangliers (chasse en enclos essentiellement) soient en développement et en bonne santé économique", a ajouté le Pr Pinet. Avec 4.500 euros de produit brut par hectare, a-t-il précisé, ils dégagent un excédent d'exploitation supérieur à celui d'autres élevages (1.800 euros pour l'élevage ovin viande ou 2.000 euros pour l'élevage caprin lait), et s'approchent d'un élevage caprin spécialisé en production fromagère (6.000 euros par hectare).

Au Royaume-Uni et dans les pays scandinaves le marché est celui de la venaison : la viande de sanglier y est appréciée surtout pour son goût et ses qualités diététiques (faible teneur en cholestérol).

En Afrique centrale, riche en animaux sauvages tout en étant confrontée à des problèmes d'approvisionnement en protéines animales, le sanglier trouve son alter ego en potamochère, "cochon" sauvage des zones forestières et pré-forestières du continent. Une expérience de capture et d'élevage de potamochères au Gabon a été présentée à Paris par Olivier Dosimont, de la SODEPAL (Société d'exploitation du parc de la Lékédi). La SODEPAL, qui se trouve à Bakouma (sud-est du pays), s'est lancé en 1994 dans cette entreprise à partir d'un cheptel obtenu par piégeage dans le milieu naturel.

Après des débuts plutôt difficile et marqués par une forte mortalité des jeunes bêtes (89%), les promoteurs sont parvenus à obtenir l'an dernier une survie de 54%. Aujourd'hui, a résumé M. Dosimont, l'"élevage intensif de potamochères fonctionne, même s'il nécessite encore quelques améliorations".

A terme, de tels élevages pourraient par ailleurs contribuer à la conservation de la faune sauvage en Afrique, comme l'a relevé Serge Bahuchet, ethnologue au Muséum national d'histoire naturelle, et spécialiste de l'intégration de l'homme avec l'écosystème forestier africain.

En effet, a-t-il précisé, si on veut réguler le problème de la "viande de brousse" (terme qui désigne la viande souvent issue du braconnage et provenant indistinctement d'espèces communes, comme certaines antilopes, ou très menacées, comme les gorilles, de plus en plus prisée dans les milieux urbains en Afrique), "il faut surtout penser à mieux approvisionner les villes".

Aperçu des marchés
Vaches, charolaises, U= France 7,1 €/kg net +0,05
Vaches, charolaises, R= France 6,94 €/kg net +0,02
Maïs Rendu Bordeaux Bordeaux 190 €/t =
Colza rendu Rouen Rouen 465 €/t +3

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