L'adhésion à l'Union Européenne dope le marché du lait et de la viande porcine et bovine en Europe centrale

(04/07/2004) Depuis leur entrée dans l'Union européenne, les producteurs de lait, de porc ou de boeuf d'Europe centrale se frottent les mains : les prix ne cessent de monter en raison d'une forte demande de l'ancienne Union Européenne et en particulier de l'Allemagne.

Mais les consommateurs locaux, qui consacrent à l'alimentation une partie bien plus importante de leur budget qu'à l'Ouest, font les frais de ce phénomène à l'ampleur inattendue. Les prix dans les magasins augmentent. En Slovaquie, on constate même une pénurie de beurre.

Depuis jeudi par exemple, la coopérative tchèque Jih Tabor livre quotidiennement 15.000 livres de lait au producteur de fromages allemand Goldsteig. Selon la direction de la coopérative, Goldsteig paie le litre de lait jusqu'à 9% de plus que les entreprises tchèques, aux alentours de 0,27 euro. Le gain supplémentaire pour Jih Tabor atteint plus de 5.300 euros par mois.

Selon le président de l'Union professionnelle de l'agriculture tchèque, Miroslav Jirovsky, au moins 70.000 litres de lait partent déjà chaque jour vers l'Allemagne.

En Slovaquie, ce sont surtout les producteurs de beurre qui se sont tournés vers les pays les plus riches de l'UE, lassés des prix très bas exigés sur place par les grands groupes de distribution qui se livrent entre eux à une concurrence féroce.

"Les producteurs slovaques peuvent vendre leurs produits sur le marché européen pour des prix plus élevés", explique à l'AFP Ivan Oravec, président de la Chambre d'agriculture slovaque. Alors qu'en Slovaquie, les laiteries ne peuvent guère espérer plus de 2,5 EUR par kilo de beurre, elles trouvent preneurs à 3,5 EUR sur le marché européen.

Comme la Slovaquie consommait déjà plus de beurre qu'elle n'en produisait avant son entrée dans l'UE, on constate actuellement de grosses difficultés d'approvisionnement. "La raison principale de cette situation est sans doute la politique des grandes chaînes d'hypermarchés qui pressent les producteurs de vendre leurs produits à des prix bas", dit Ivan Oravec.

En Pologne, les grossistes européens se sont surtout précipités sur la viande de boeuf. "Il y a de la demande pour le boeuf de toutes les catégories de qualité", affirme Waldemar Guba, un haut responsable du ministère de l'agriculture à Varsovie.

Les exportations de porc tchèque et polonais vers l'ancienne UE augmentent également très rapidement. La raison, là aussi, en est l'importante différence de prix pratiqués dans l'ancienne et la nouvelle UE. Fin mai, le prix moyen du boeuf en Pologne était inférieur de 40% au prix moyen dans l'UE.

L'Union européenne constituant un marché unique, les producteurs des dix nouveaux pays qui ont rejoint l'UE au 1er mai ont toute liberté de vendre où bon leur semble, à condition de respecter les très strictes normes sanitaires européennes.

Pour les Polonais, les Tchèques ou les Slovaques, ces nouvelles règles du jeu annoncent d'importantes hausses des prix, qui risquent d'entamer leur pouvoir d'achat. Si les salaires moyens dans la région dépassent rarement 500 euros par mois, les consommateurs pouvaient profiter jusqu'à présent de prix alimentaires beaucoup plus bas qu'en Europe de l'Ouest, surtout pour la viande et les produits laitiers.

En Pologne, les prix du boeuf sur les marchés de gros ont augmenté de 40% depuis le 1er mai et ceux du porc de 20%. "Ces hausses de prix étaient attendues mais elles sont arrivées beaucoup plus rapidement que prévu", affirme Waldemar Guba.

Aperçu des marchés
Vaches, charolaises, U= France 7,1 €/kg net +0,05
Vaches, charolaises, R= France 6,94 €/kg net +0,02
Maïs Rendu Bordeaux Bordeaux 190 €/t =
Colza rendu Rouen Rouen 465 €/t +3

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