Le Brésil s'inquiète du "protectionnisme" agricole d'une Europe élargie à 25

L'élargissement de l'Union européenne à 25 membres depuis le 1er mai a été accueillie avec une certaine crainte au Brésil où les autorités et les médias s'inquiètent d'un éventuel renforcement de la politique agricole "protectionniste" de l'Europe.

Le gouvernement brésilien a déjà demandé à l'Organisation mondiale du commerce (OMC) d'étudier si l'entrée de 10 nouveaux membres venant rejoindre les Quinze nations composant l'UE n'aura pas pour effet d'élever les barrières douanières contre les produits brésiliens, ont indiqué samedi des sources officielles.

Si ces inquiétudes devaient se vérifier, Brasilia est déjà décidé à demander des compensations sous la forme d'une réduction des droits de douane ou d'un accroissement des quotas pour l'entrée en Europe de marchandises brésiliennes comme la viande, le tabac, le sucre, les fruits le café, le maïs et le cuir.

La presse s'est fait l'écho des préoccupations officielles. Le quotidien Folha de Sao Paulo a estimé dans son édition de samedi que "pour le Brésil et le Mercosur (le marché commun sud-américain créé avec l'Argentine, l'Uruguay et le Paraguay), il n'y pas beaucoup de raisons de se réjouir" de l'élargissement.

Le journal a noté que "les pays qui s'incorporent à l'UE ont des produits similaires à ceux du Mercosur et certains sont même directement concurrents" de ceux du Mercosur. Selon le quotidien, la présence des nouveaux membres "pourraient tendre à renforcer le protectionnisme de l'absurde Politique agricole commune de l'UE".

Le journal concurrent, O Estado de Sao Paulo, a lui aussi estimé que l'élargissement de l'Europe provoquera "des maux de tête pour le Brésil", en rappelant que 24,77% des exportations brésiliennes étaient jusque là destinées à l'Europe des 15 et seulement 0,49% aux 10 entrants, en majorité des pays de l'ex-bloc communiste.

Pour l'influent uotidien, "au moins au début" les investissements des grandes économies européennes risquent "d'émigrer vers l'Est" et un "scénario isolationniste tendra à prévaloir" sur le Vieux Continent. En conséquence, le journal se fait l'ardent défenseur d'une conclusion "urgente et nécessaire" de l'accord de libre échange en cours de négociation entre l'UE et le Mercosur.

Un accord est prévu normalement pour octobre si les négociations qui patinent depuis un mois après le report d'offres que devaient se faire mutuellement les deux blocs, parviennent à repartir. D'autres commentateurs brésiliens se sont montrés moins pessimistes, faisant noter que le Brésil pourrait bénéficier de l'élargissement puisque les nouveaux membres de l'UE devront abaisser leurs barrières douanières pour les mettre au niveau de leurs partenaires du noyau fondateur.

Les pays latino-américains et le Brésil en tête estiment que le sommet entre les deux régions prévu à Guadalajara au Mexique fin mai permettra de mettre à l'épreuve l'Europe sur sa volonté de se rapprocher vraiment du sous-continent. Pour explorer les nouvelles opportunités pouvant offrir les 10 nouveaux membres de l'UE, le ministre brésilien du Développement, de l'Industrie et du Commerce extérieur entreprend la semaine prochaine une tournée en Hongrie, République Tchèque et Pologne, accompagné du président de l'Association de la promotion du commerce extérieur (APEX) Juan Quiros.

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