200.000 signatures pour un étiquetage strict des semences

BRUXELLES, 3 mai 2004 - Un collectif "Sauvons nos semences" a remis à la commissaire européenne à l'Environnement Margot Wallstroem, lundi à Bruxelles, une pétition rassemblant les signatures de 200.000 citoyens de l'Union européenne (UE) partisans d'un étiquetage le plus strict possible des semences transgéniques.

Cette pétition survient alors que la Commission doit adopter, dans les semaines à venir, un projet controversé de directive européenne autorisant la présence accidentelle d'organismes génétiquement modifiés à hauteur de 0,3% à 0,5% dans les semences.

A l'origine de la protestation, "Sauvons nos semences", qui rassemble plus de 300 organisations agricoles, écologistes, syndicales ou des coopératives de distribution, a fustigé lundi un projet "illégal, non scientifique, injuste et complètement superflu". "Ces seuils de tolérance vont conduire à une contamination massive dans l'agriculture et à des problèmes massifs pour les agriculteurs", a dénoncé, lors d'une conférence de presse, un responsable européen de Greenpeace, Eric Gall.

"Cela signifierait la fin du modèle agricole européen fondé sur des produits de haute qualité", a renchéri Mauro Albrizio, vice-président du Bureau européen de l'environnement (BEE), également appuyé en ce sens par la Confédération paysanne européenne (CPE). Dans un communiqué, le coordinateur du collectif, Benedikt Haerlin, a reproché pour sa part à la Commission européenne de se faire "le cheval de Troie de l'industrie" des OGM.

L'actuel projet de directive de Bruxelles prévoit de tolérer la présence "accidentelle ou techniquement inévitable" d'OGM à hauteur de 0,3% dans les semences de colza et de maïs et de 0,5% pour celles de betterave, de pomme de terre et de coton. "Cette proposition n'est pas la version finale", a toutefois assuré lundi la porte-parole de Mme Wallstroem, Ewa Hedlund.

En l'état, le texte en gestation à la Commission, que les représentants de "Sauvez nos semences" se sont fait forts de distribuer à la presse lundi, ne reprend pas le cas du soja, pour lequel le Comité scientifique européen des plantes avait proposé un seuil de tolérance de 0,7% d'OGM.

Pour le collectif et les pétitionnaires opposés au projet, l'idée même de tolérance est à exclure et les OGM présents dans les semences doivent être étiquetés comme tels "à partir du seuil fiable de détection". "Sauvez nos semences" accuse aussi Bruxelles de vouloir faire porter sur les agriculteurs classiques ou biologiques le coût des mesures à prendre pour protéger leurs cultures d'une contamination par les OGM de champs transgéniques qui, selon le collectif, seront "inévitablement" disséminés dans l'environnement.

Le dossier des OGM a fait débat ces derniers mois à l'intérieur même de la Commission, où les sensibilités sont parfois différentes. Mme Wallstroem a plaidé fin janvier pour revoir à la baisse les seuils de tolérance envisagés dans les semences.

Quelques jours auparavant, son homologue chargé de l'Agriculture, Franz Fischler, s'était prononcé pour des seuils "les plus bas possibles", mais contre une tolérance zéro. "Le niveau zéro était peut-être valable au paradis, mais dans le monde réel, ce n'est pas possible. Malheureusement, nous avons été chassés du paradis", avait-il ironisé.

Le commissaire à la Santé et la Consommation, David Byrne, prend pour sa part régulièrement la défense des "produits sains" contenant des OGM, et plaide également depuis deux ans pour la levée du moratoire de fait observé depuis 1999 dans l'UE sur l'autorisation de nouveaux OGM.

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