Maîtriser le coût du renouvellement

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Le renouvellement représente 12% du coût de production du lait. L’optimisation du revenu passe aussi par l’analyse du coût d’élevage des génisses et des vaches réformées. Explications de Cogedis.

Produire 1000 litres de lait coûte en moyenne 271 euros aux éleveurs du grand ouest (1). Sur ces 271 euros, 12 % sont liés au coût de renouvellement du troupeau. Or les éleveurs, dégageant le meilleur revenu, parviennent à économiser 8,31 euros/1000l sur ce coût de renouvellement. Cette composante mérite donc d’être étudiée de près.
Estimer le coût de renouvellement revient à évaluer le coût de remplacement des vaches réformées. Il s’agit des produits issus de la vente des animaux auxquels on retire le coût d’élevage des animaux de remplacement.
Raisonner son renouvellement amène donc à se préoccuper de la place qu’occupent les génisses sur l’exploitation, et de l’intérêt de les élever. La réforme ne devrait être justifiée que par des raisons objectives comme l’élimination des animaux devenus économiquement inintéressants (infertilité, leucocytes, problème de morphologie fonctionnelle). L’objectif du renouvellement est de combler la place libérée par les animaux réformés, voire d’augmenter la taille du troupeau dans certains cas. C’est bien la réforme qui doit déterminer le renouvellement et non l’inverse. Effectivement, réformer pour faire de la place aux génisses fraîchement vêlées provoque une baisse de la moyenne d’âge du troupeau. Quand on sait que le potentiel maximum des vaches s’exprime vers la 4ème lactation…

Limiter l’élevage des génisses
D’une exploitation à une autre, le coût d’élevage d’une génisse varie du simple au double: de 600 euros à 1 200 euros par génisse. Comme tout investissement, à chacun donc d’en mesurer le besoin, d’en maîtriser le coût et d’y prévoir un retour sur la durée. A l’extrême, l’élevage des génisses pourra être remis en cause quand son coût est supérieur au prix de marché de la génisse amouillante (voir ci-après). Les postes " charges " comprennent l’alimentation (fourrages, concentrés), l’entretien (vétérinaire, paille…), les charges de structure et les pertes. Les produits sont eux liés aux réformes et dépendent bien sûr du marché, mais aussi de l’état de l’animal.
Il est donc important de maîtriser le coût de ses génisses et de se fixer une stratégie de renouvellement. La mise en application du plan de renouvellement permettra ainsi d’allonger la durée de production des vaches laitières, et de limiter l’élevage des génisses au seul besoin généré par la réforme.

(1) résultats obtenus auprès des adhérents Cogedis.


Arrêt de l’élevage de génisses : un gain de 13 euros/1000 litres

En choisissant d’arrêter de produire ses génisses, Loïc Richard peut libérer de la surface labourable pour d’autres cultures et se lancer dans le croisement industriel. Au final, dans le contexte de prix actuel, il gagne 13 euros/1000 litres de lait produit.
En arrêtant l’élevage des génisses (coût de 924 euros/génisse), il bénéficiera de nouveaux produits et abaissera ses charges de production. Les veaux femelles croisés pourront être vendus à 250 euros environ. Et sur les 8,5 ha de terres libérées, il dégagera 7 453 euros de marge brute grâce aux cultures de haricots et de colza. Ainsi, en décidant de ne plus auto-produire les génisses pour le renouvellement, Loïc Richard peut espérer augmenter son revenu de gestion de 5 053 euros (tableau 2). L’incidence sera de 13 euros/1000 litres de lait. Il faut bien sur tenir compte de l’état sanitaire d’un troupeau de tout venant.

Evaluer les scénarios conjoncturels
Cet éleveur est conscient que cette prévision peut évoluer en fonction de paramètres conjoncturels (prix des génisses amouillantes, marges brutes sur cultures). Il a donc étudié avec son consultant différentes perspectives de prix grâce à une matrice de gain (tableau 3). Dans tous les cas, cette orientation est bénéfique pour son coût de production.

1-Conséquence de l’arrêt de la production de génisses (en euros)
Produits en plus   Produits en moins  
Produits veaux 3 281 Vente de génisses non conservées 2 625
Marge brute sur ha libérés 7 453
Charges en moins   Charges en plus  
Coût des génisses produites 14 786 Coût du bâtiment génisses* 1 601
Achat amouillantes 14 703
Charges de mécanisation sur les ha libérés 1 539
TOTAL 25 520 TOTAL 20 467
Dans cette hypothèse, le revenu augmente de 5 053 € , soit 13 € par 1000 litres

* le coût bâtiment est à réintégrer (car compté dans le coût de production)

2- Evolution du revenu en fonction de l’évolution des prix *

 

Marge brute moyenne sur les ha libérés

833 € / ha

877 € / ha

921 € / ha

Prix des génisses amouillantes 1 074

14 € / 1000L

15 € / 1000L

16 € / 1000L

1 131

12 € / 1000L

13 € / 1000L

14 € / 1000L

1 188

10 € / 1000L

11 € / 1000L

12 € / 1000L

*Remarques :

  • Ce calcul intègre les primes PAC dans la marge brute céréales. A l’avenir, les primes ne rentreront dans la marge brute que pour 25 % de leur valeur.
  • On considère que les génisses amouillantes restent disponibles sur le marché.
Aperçu des marchés
Vaches, charolaises, U= France 7,05 €/kg net +0,06
Vaches, charolaises, R= France 6,92 €/kg net +0,08
Maïs Rendu Bordeaux Bordeaux 190 €/t =
Colza rendu Rouen Rouen 465 €/t +3

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