Les agriculteurs grecs plus inquiets de la future Pac que de l'élargissement

ARGOS (Grèce), 6 avril 2004 - A la veille de l'élargissement de l'Union européenne, le 1er mai, le monde agricole grec est plus préoccupé par sa modernisation en vue de la réforme de la politique agricole (Pac) que par l'entrée des dix nouveaux pays dont le marché va s'ouvrir à ses produits méditerranéens.

"Les grands changements proviendront surtout de la réforme de la PAC plutôt que de l'élargissement. Les produits agricoles des dix, la Pologne par exemple, n'entrent pas en concurrence directe avec nos produits de base (coton, huile, tabac, vin, agrumes, légumes)", estime, sous couvert d'anonymat, un responsable des PASEGES (700.000 membres), la plus grande organisation agricole du pays.

L'élargissement est même "plutôt positif car il représente une ouverture des marchés et cela nous rend optimistes, c'est une occasion d'exporter", ajoute-t-il.

Avec l'élargissement, "les marchés s'ouvrent, si on est malins on pourra vendre, ça peut nous favoriser", renchérit auprès de l'AFP Panagiotis Pévérétos, un éleveur de 53 ans de la région d'Argos (Péloponnèse).

Il a créé il y a un an une ferme modèle entièrement automatisée produisant du lait de brebis destiné à la feta, le fromage national fabriqué avec le lait de brebis.

"Nous devons insister sur les filières qui nous avantagent : le coton, l'huile d'olive, les agrumes, l'élevage caprin et ovin", insiste M. Prévérétos, syndicaliste et membre du conseil régional d'Argolide.

"Les nouveaux pays ne nous concurrencent pas sur nos produits fondamentaux, ni sur les moutons, ni sur les oranges, pour parler de la région d'Argos", souigne-t-il. Tout juste admet-il d'éventuels problèmes pour les pommes de terre, les pommes et poires produits par la Pologne, la Slovaquie et les Tchèques.

Dans les années 80 "il n'y a pas eu de modernisation, car on attendait les subventions sans investir", dit-il. "Maintenant on se retrouve très en arrière, par rapport à l'Espagne notamment qui produit des oranges 12 mois sur 12 alors que nous on en toujours à une saison de cinq mois".

Pour s'en sortir, l'agriculture grecque doit oublier de vivre sur les subventions européennes et faire enfin le pari de la recherche et de la qualité. Contrairement à la plupart de ses collègues, M. Pévérétos a ainsi choisi l'innovation et le "bio", un mouvement qui commence à faire son chemin dans le pays.

Il a ainsi importé 350 brebis françaises de type Lacaune de Millaux (sud de la France) "beaucoup plus performante que n'importe quelle race locale", grâce à des croisements et à un travail de recherche d'une quarantaine d'années.

Dans sa ferme d'avant-garde, il n'emploie que des produits naturels pour l'alimentation des bêtes, avec un petit plus : un rajout d'écorces d'oranges concassées et séchées, produites dans la région d'Argos, "qui donne des forces aux animaux", assure-t-il.

Il n'existe que quatre autres exploitations de ce type dans l'ensemble de la Grèce, qui risque de pâtir à l'avenir de l'absence de politique de recherche agricole.

"Avec l'entrée des nouveaux pays dans l'Union européenne, si on ne s'adapte pas, on finira par importer du lait de brebis, pas dans l'immédiat mais avec le prochain élargissement à la Bulgarie et à la Roumanie qui disposent de grandes étendues et d'une main d'oeuvre bon marché".

"Nous, pour l'instant, nous avons la feta mais nous devons faire attention, nous devons à tout prix jouer la qualité pour s'en sortir", insiste-t-il.

Pour en savoir plus sur l'élargissement de l'Union européenne, consultez notre dossier spécial Union européenne/De Quinze à 25

Aperçu des marchés
Vaches, charolaises, U= France 7,05 €/kg net +0,06
Vaches, charolaises, R= France 6,92 €/kg net +0,08
Maïs Rendu Bordeaux Bordeaux 190 €/t =
Colza rendu Rouen Rouen 465 €/t +3

Météo

Tapez un ou plusieurs mots-clés...