Le lupin blanc doux est une culture relativement récente en France et produite essentiellement pour l’autoconsommation à la ferme. Composition de la graine, intérêt agronomique et utilisation dans la ration des bovins sont expliqués dans cet article du BTPL.
Le lupin: un produit de qualité
La composition de sa graine est plus proche de celle de la graine de soja que de celle du pois ou de la féverole. Riche en protéines et exempte d’amidon, elle contient toutefois moins d’huile que le soja et est indemne de facteurs antitrypsiques, ce qui permet de l’utiliser directement en alimentation des animaux.
Elle est également collectée par l’industrie de l’alimentation animale lorsque la conjoncture de prix est intéressante.
Valeurs comparatives de protéagineux et d'oléagineux | |||
Graines protéagineuses |
Pois |
Lupin |
Féverole |
20 % protéines |
35 % protéines |
25 % protéines | |
Graines oléagineuses |
Colza |
Soja |
Tournesol |
20 % protéines |
35 % protéines |
16 % protéines |
|
Points forts |
Limites |
Peu d’intrants, pas d’azote Bonne tête d’assolement Culture possible dans les parcelles caillouteuses Récolte facile Stockage et conservation simples |
Sol acide indispensable(pas de calcaire actif) Sol sain Peu de solutions de désherbage en post-levée Sensible à l’anthracnose, maladie grave transmise par les semences Culture d’été, le lupin est sensible à la sécheresse |
|
Quelques résultats en Rhône-Alpes sur lupin de printemps
En Rhône-Alpes la culture de lupin de printemps semble à privilégier par rapport à des semis d’automne.
Les variétés de printemps sont les suivantes : Amiga, Lublanc, Ares, Alban
la variété Lublanc ressort souvent avec un net avantage en terme de rendement.
Un constat général montre qu’en culture sèche, les rendements sont sérieusement hypothéqués dès qu’apparaissent les premiers déficits hydriques en juin : toutes variétés confondues, les rendements ont oscillé entre 10 et 25 quintaux / ha.
En culture irriguée, par contre, les rendements ont varié entre 30 et 40 quintaux / haAttention : le cycle végétatif du lupin se déroulant sur les mois de juillet et août, il est en concurrence avec le maïs pour l’irrigation.
L’année 2001 a vu de nombreuses atteintes d’anthracnose dans les parcelles de lupin. La protection des semences contre cette maladie n’a manifestement pas été suffisante, et l’application complémentaire de fongicide a bien souvent été indispensable.
Un exemple de conduite dans une exploitation du Rhône :
Lupin blanc de printemps en culture iriguée
Variété : Lublanc
Rendement : 40 Quintaux/ ha
Charges opérationnelles
Dose / ha | Coût F / ha | |
semis |
230 kg |
1492 |
Engrais |
30 unités/ha P2O5 |
280 |
Désherbage 1 |
Chlortoluron : 5 l / ha |
175 |
Désherbage 2 |
Cent 7 : 0.6 l / ha |
117 |
Fongicide |
Amistar : 1 l / ha |
381 |
Total charges opérationnelles |
2445 |
Total des charges
Charges opérationnelles | 2445 |
Frais de mécanisation hors irrigation(fermage et main d’œuvre inclus) | 2590 |
Irrigation | 3000 |
TOTAL des charges | 8035 |
Coût effectif
Prime PAC protéagineux irrigués dans le Rhône | 4266 |
COÛT EFFECTIF GLOBAL / ha | 3769 |
COÛT EFFECTIF GLOBAL / kg | 0.95 |
En intégrant les frais de stockage et de concassage (soit 15 ct/kg), ce lupin ; à 40 Qx / ha, revient à 1.10 F / kg à la gueule de l’animal.
Si le rendement n’avait été que de 30 Qx / ha, le coût à la gueule de l’animal serait de 1.40 F / kg.
Avec de l’orge à 0.65 F / kg et du tourteau de soja 48 à 2 F / kg, le prix d’opportunité du lupin est de 1.42 F / kg. On voit donc qu’avec un itinéraire cultural intensif, soutenu par l’irrigation, il faut sortir des rendements supérieurs à 30 Qx / ha pour que la graine de lupin soit économiquement intéressante dans l’alimentation de nos vaches comparativement à du soja à 2 F /kg.
Utilisation par les animaux
MS | UFL | UFV | PDIN | PDIE | PDIA | MAT | CB | P | CA | A+S | |
LUPIN |
87 |
1.08 |
1.07 |
198 |
140 |
22 |
340 |
14 |
4 |
1.7 |
8 |
Valeurs exprimées / kg brut
Les matières azotées du lupin sont très rapidement dégradables dans le rumen :
% de la MAT dégradable dans le rumen :
- lupin : 95 %
- pois : 90 %
- tourteau soja 48 : 62 %
- tourteau tanné : 30 %
Un hachage fin des graines de lupin accentue la vitesse de dégradation, c’est pourquoi il est conseillé d’effectuer un concassage grossier. Les matières grasses que contient le lupin sont composées essentiellement d’acides gras courts, peu oxydables. Cela permet de concasser le lupin et de le stocker durant un mois sans risquer les problèmes de rancissement.
Sa forte teneur en azote soluble en fait un bon complément des rations à base de maïs.
Exemple de ration semi-complète équilibrée à 25 litres de lait / VL / jour
Q brute | Q MS | |
Ens maïs | 45 | 14.5 |
Paille | 0.8 | 0.7 |
0rge | 1 | 0.88 |
Lupin | 2 | 1.76 |
Tourteau tanné | 1.7 | 1.5 |
Minéral | 0.2 | 0.2 |
carbonate | 0.1 | 0.1 |
Total | 19.7 |
Soit une concentration de : 0.92 UFL / kg MS , 96 g PDI / kg de MS
L’utilisation de lupin dans la ration impose de recourir à des formes de protéines protégées telles des tourteaux tannés, de la drèche de brasserie…
Dans certaines régions, dans l’Ain par exemple, des entreprises de fabrication d’aliments proposent aux éleveurs d’extruder leur récolte de lupin. Cette pratique permet de protéger les protéines et donc de donner de plus grandes quantités de lupin dans la ration sans risque d’excès d’azote soluble.
En conclusion,
|
La culture de lupin, au même titre que celle d’autres protéagineux serait une belle occasion de renforcer la part de concentrés « made in France » dans l’alimentation de nos troupeaux. Mais l’Europe ne semble pas très convaincue par l’importance de cet enjeu… Ainsi, le lupin et autres protéagineux risquent de se cantonner chez les seuls éleveurs convaincus que l’avenir du lait passe par l’authenticité et la traçabilité des sources alimentaires de nos vaches laitières !
« Ensiler 38 ha de maïs, c’est rentrer l’équivalent de 75 000 € de stock »
L’Europe cède sa place à l’Amérique du Sud sur le marché des broutards au Maghreb
Au Gaec Heurtin, l’ensilage de maïs 2025 déçoit avec seulement 9 t/ha
John Deere, Claas, made in France… À Innov-Agri, il pleut aussi des nouveautés
Maïs fourrage : « Un silo mal tassé monte rapidement à 15 % de freinte »
« Pas d’agriculture sans rentabilité ! », rappelle la FNSEA
La « loi Duplomb » est officiellement promulguée
Quelle évolution du prix des terres 2024 en Provence-Alpes-Côte d’Azur ?
Biométhane ou électrique, les alternatives au GNR à l’épreuve du terrain
Facturation électronique : ce qui va changer pour vous dès 2026