Des producteurs français de poulet ayant la certification Label Rouge voient dans la grippe aviaire en Asie une "opportunité" de renforcer leurs positions sur les marchés européens, où les consommateurs sont particulièrement sensibles aux risques sanitaires.
La santé n'ayant pas de prix, selon eux, ces producteurs espèrent que l'embargo décidé le 23 janvier par l'Union européenne sur les volailles thaïlandaises amènera les consommateurs d'Allemagne, de Grande Bretagne et des Pays-Bas à se tourner vers des produits de qualité, même si cela doit leur coûter plus cher. "On peut espérer que l'inquiétude va amener les consommateurs à changer leurs habitudes, notamment à l'étranger.
Quand le consommateur doute, il est très intéressé par les produits dont la qualité est garantie par de nombreux contrôles et ceci peut permettre d'accroître nos exportations", analyse Jean-Claude Debois, directeur de la coopérative du poulet de Janzé (Ille-et-Vilaine) qui exporte 5% de sa production.
"Cette importante crise ne nous réjouit évidemment pas, mais on peut penser que ce n'est pas une mauvaise nouvelle pour nous. C'est une belle opportunité pour rebondir notamment sur les marchés de l'Allemagne et de l'Europe du nord", estime de son côté Yves de la Fouchardière, directeur des Volailles fermières de Loué (Sarthe). Mais il n'ignore pas les écueils à franchir : "un Français sait qu'il faut payer pour manger bien et bon, ce qui n'est pas évident pour un Allemand".
Ce producteur propose que les professionnels de la filière (éleveurs, abatteurs et distributeurs) engagent une réflexion sur "la façon de construire une offre" à l'étranger. Loué exporte 15% de sa production qui a connu une hausse de 5% en janvier avant de s'émousser un peu en février. La coopérative de Janzé a enregistré le même résultat.
"Le marché a été soutenu en janvier, avant de s'essouffler un peu ces derniers jours à cause des vacances", tempère Jean-Claude Debois qui espère quand même pouvoir doper ses exportations si la crise persiste. "On peut espérer que l'inquiétude va amener des consommateurs à l'étranger car nos produits offrent des garanties importantes et nos animaux sont élevés sans stress", dit-il.
Partageant le même espoir, Georges Douteau, directeur des Volailles de Challans (Loire Atlantique) est pourtant moins optimiste. "Une crise n'est salutaire pour personne et on n'y gagne jamais rien", affirme-t-il. "Si les produits de qualité peuvent être recherchés en temps de crise en raison de la sécurité sanitaire qu'ils peuvent offrir, le consommateur revient à ses habitudes dès qu'il est rassuré, à cause de son pouvoir d'achat", estime-t-il.
Fort de son "expérience", Dylan Chevalier, spécialiste avicole à la Chambre d'agriculture des Pays de la Loire, reconnaît aussi qu'en temps de crise "les attitudes des consommateurs évoluent et s'orientent vers l'achat des produits de qualité". Mais il ne va pas jusqu'à parier sur une hausse des exportations. "J'ai des réserves sur cette opportunité", dit-il.
L’Europe cède sa place à l’Amérique du Sud sur le marché des broutards au Maghreb
Au Gaec Heurtin, l’ensilage de maïs 2025 déçoit avec seulement 9 t/ha
FCO : le Grand Ouest en première ligne
Le vêlage 2 ans n’impacte pas la productivité de carrière des vaches laitières
Le biogaz liquéfié, une solution pour les unités de cogénération dans l’impasse
« Pas d’agriculture sans rentabilité ! », rappelle la FNSEA
Quelles implications environnementales de la proposition de l’UE pour la Pac ?
L’agriculture biologique, marginalisée d’ici 2040 ?
Pourquoi la proposition de budget de l’UE inquiète le monde agricole
Matériel, charges, prix... Dix agriculteurs parlent machinisme sans tabou