Peur des attaques, manque d'argent : la colère des éleveurs de moutons

NICE, 18 août 2004 - Les éleveurs de moutons des Alpes-Maritimes dénoncent "l'incompatibilité" entre le loup et leurs troupeaux mais aussi entre leurs besoins et l'absence de soutien du gouvernement depuis le mois de janvier.

"De l'exaspération, on passe à la révolte", affirme Thierry Giordan, un berger dont les moutons pâturent à 2.000 m dans le parc du Mercantour, pour expliquer l'ultimatum du 20 août lancé au gouvernement. Les fédérations ovines de l'arc alpin menacent de "sortir les fusils", dès vendredi, pour assurer la défense de leurs troupeaux, jugeant "insuffisant" l'arrêté interministériel autorisant l'abattage de quatre loups dans les Hautes-Alpes, les Alpes-de-Haute-Provence et les Alpes-Maritimes.

"Les éleveurs ne veulent pas du loup mais pas jusqu'à demander son éradication. Ils exigent son enlèvement des zones de pâturage parce qu'aucune co-existence n'est possible avec les ovins", dit Claude Guigo, membre de l'association européenne de défense du pastoralisme contre les prédateurs. "Abattre quatre à cinq loups, ça ne sert à rien. Qu'on les mette dans des parcs et qu'on les montre aux touristes", dit Thierry Giordan.

Près de trois cents moutons ont fait une chute mortelle le 12 août du haut d'une falaise à Saint-Etienne-de-Tinée (Alpes-Maritimes), sans que l'on puisse déterminer si cette chute a été provoquée par une attaque de loups. La direction départementale de l'agriculture (DDA) souligne que les "attaques avérées" des loups sont en constante augmentation depuis dix ans dans les Alpes-Maritimes, à l'exception de l'année 2003. Le département a été le premier en France à avoir enregistré la présence du loup en 1993.

"On a dénombré 51 attaques en 1994, 260 en 2001, 342 en 2002 et 225 en 2003. Cette année, fin juillet, on en avait recensé 179, un chiffre record par rapport aux mêmes périodes les années précédentes", souligne Romy Merlet de la DDA. En dix ans, ce sont 4.000 moutons qui ont été victimes du loup, soit en étant attaqués directement, soit en dévissant du haut d'une falaise, selon des statistiques de la DDA.

Mais le mécontentement actuel est aussi dû, selon les éleveurs, au "constat" que le gouvernement ne les soutient pas. "Depuis l'arrêt du plan Life, fin décembre 2003, aucun éleveur n'a perçu d'aides pour se protéger des attaques du loup", souligne Claude Guigo. Le plan Life participait au financement de construction de parcs pour abriter les moutons la nuit, des aide-bergers et des chiens de garde.

"Officiellement, des mesures sur cinq ans, co-financées par la France et l'Europe, ont été arrêtées par le gouvernement. Mais, à la mi-août, aucun centime n'avait été versé aux éleveurs alors qu'on parle d'un budget de 500.000 euros", ajoute Claude Guigo. Ces mesures sont indépendantes des sommes variant entre 80 et 400 euros par bête tuée, allouées aux éleveurs lors d'attaques avérées de loups.


Aperçu des marchés
Vaches, charolaises, U= France 7,1 €/kg net +0,05
Vaches, charolaises, R= France 6,94 €/kg net +0,02
Maïs Rendu Bordeaux Bordeaux 190 €/t =
Colza rendu Rouen Rouen 465 €/t +3

Météo

Tapez un ou plusieurs mots-clés...