"L'approche de la Commission a trouvé une large base d'assentiment. On se félicite tous azimuts de notre initiative pour relancer les négociations à l'Organisation mondiale du commerce", a affirmé le commissaire européen à l'Agriculture Franz Fischler mardi à Killarney (Irlande).
"J'en suis convaincu, notre lettre sera reçue comme une véritable injection de vitamines", a-t-il déclaré, lors d'une conférence de presse à l'issue de la première réunion informelle des ministres européens chargés du secteur où l'ensemble des 25 pays de la nouvelle UE élargie avaient voix au chapitre. "Nos Etats membres savent que notre initiative est équilibrée. La Commission a, à tous égards, respecté le mandat qui lui a été confié", a ajouté M. Fischler, récusant des accusations portées la veille par le ministre français Hervé Gaymard, pour qui Bruxelles avait "outrepassé" ses prérogatives.
M. Gaymard a renouvelé mardi devant ses collègues ses critiques de la veille contre la lettre adressée aux pays membres de l'OMC par M. Fischler et le commissaire européen au Commerce Pascal Lamy, principal négociateur de l'UE à l'OMC. "Comment l'Europe pourrait-elle protéger la politique agricole commune (PAC) jusqu'à la fin de la négociation si elle donne aujourd'hui le signal d'un désarmement unilatéral?", a-t-il interrogé en réclamant une "remise à plat de la stratégie" de Bruxelles.
Il a de nouveau estimé qu'"accepter aujourd'hui de mettre sur la table" de l'OMC le mécanisme de restitutions à l'exportation, par lequel l'Union européenne reverse annuellement près de 3 milliards d'euros à ses exploitants, "en contrepartie d'engagements limités" serait "une grave faute tactique". Devant quelques journalistes, M. Gaymard a réfuté l'idée que Paris ferait "cavalier seul".
Selon des diplomates, son appel n'a toutefois reçu à Killarney qu'un appui limité à quelques pays: la Belgique, "très dure, qui s'est étonnée de la lettre" du tandem Lamy-Fischler, l'Italie, l'Irlande, qui a exprimé "ses préoccupations sur le calendrier de l'initiative", la Slovaquie et Chypre.
L'Espagne, alliée traditionnelle de Paris sur les questions agricoles, a semblé pencher de son côté, mais n'a pas clairement pris position. A l'opposé, M. Fischler a reçu un soutien sans ambiguïté d'un large camp emmené par l'Allemagne, les Pays-Bas, le Royaume Uni, la Suède, l'Autriche, le Danemark et le Luxembourg, selon les mêmes sources. "Très clairement, la majorité penche du côté de la Commission", a résumé l'une d'elles.
Hervé Gaymard a interpellé le commissaire en lui rappelant qu'il était "le garant de l'engagement" pris lors de la difficile adoption de la réforme de la PAC en juin 2003 à Luxembourg. A l'époque, les Européens s'étaient entendus sur le fait de ne pas faire payer deux fois leurs agriculteurs, une première fois par la réforme de la PAC, qui a coupé le lien entre le niveau des aides et les quantités produites, et une seconde, dans le cadre de l'OMC, où les subventions de l'UE sont très décriées. "Cela reste tout à fait dans le domaine du réalisable avec ce que nous proposons aujourd'hui", a répondu Franz Fischler devant la presse.
M. Fischler a aussi insisté sur le fait que la nouvelle offre européenne, destinée à relancer le "cycle de Doha" en panne depuis l'échec de la conférence ministérielle de l'OMC à Cancun (Mexique) en septembre 2003, était conditionnée à des avancées "totalement parallèles" des principaux partenaires de l'UE à l'OMC, comme les Etats-Unis, l'Australie et le Canada. |
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