A l'issue d'entretiens en "confessionnal" entre chacune des délégations, la présidence grecque de l'UE et le commissaire européen à l'Agriculture Franz Fischler, un dîner crucial devait réunir à huis clos dans la soirée l'ensemble des ministres, sans leurs collaborateurs. L'incertitude planait sur la poursuite des pourparlers ou une pause de quelques jours à l'issue de ce repas. Le ministre grec Giorgios Drys a entretenu le flou sur la présentation d'une nouvelle proposition de compromis, après le rejet par plusieurs pays (France, Espagne, Irlande, Italie) d'une première version. "Il faut attendre jusqu'à ce soir. Une suspension après le dîner est une option. Rien n'est exclu", a indiqué une source européenne. "Tout le monde veut travailler pour avoir un accord avant le sommet européen de Salonique (Grèce)" le 19 juin, a toutefois tempéré cette source. "Il est tout à fait vain de spéculer si nous aurons une suspension ce week-end. Pour le moment, nous travaillons", a déclaré M. Fischler, en réponse au ministre français Hervé Gaymard et à plusieurs de ses collègues qui avaient évoqué l'hypothèse d'une nouvelle réunion ministérielle la semaine prochaine. "On est entré dans le vif du sujet. Nous sommes maintenant dans une ambiance de travail", a indiqué l'entourage de M. Gaymard, à l'issue de sa rencontre avec MM. Drys et Fischler. "Il y a encore beaucoup de chemin à faire. Je ne pense pas que nous pourrons arriver à un accord cette semaine", a souligné pour sa part le ministre irlandais Joe Walsh. Si l'entourage de M. Fischler qualifiait de "très amicale, très franche" sa discussion avec le ministre français, le commissaire a montré une inquiétude certaine à l'égard de l'entente franco-allemande sur la PAC annoncée mardi à Berlin par le président Jacques Chirac et le chancelier Gerhard Schroeder. "Deux Etats membres ne peuvent pas dicter aux autres ce qu'il faut faire", a-t-il déclaré, minimisant la portée d'un rapprochement qui n'est pas "un accord en tant que tel, quelque chose de définitif coulé dans le bronze". Le commissaire a pressé l'ensemble des Quinze à ne plus "faire du funambulisme plus longtemps" et "prendre une décision". "Est-ce qu'ils acceptent le fait que nous avons besoin de cette réforme maintenant? Est-ce qu'ils sont plutôt du côté de ceux qui disent qu'une réforme est superflue?", a-t-il interrogé. "Nous avons affaire à des ministres qui assument leurs responsabilités et s'imposeront ceux qui souhaitent réellement trouver une réforme", a-t-il affirmé. A l'instar de l'accord européen d'octobre 2002 déjà inspiré par la France et l'Allemagne sur le gel de l'architecture de la PAC jusqu'en 2006 et le plafonnement des aides directes aux agriculteurs après cette date, la nouvelle entente Paris-Berlin risque de porter un rude coup à la réforme défendue par M. Fischler. Lors de son passage au "confessionnal" mercredi soir, Mme Kuenast a confirmé le soutien de son pays aux positions françaises sur la PAC: refus d'un découplage total des aides directes en 2004, d'une dégressivité de ces aides à partir de 2007 et de réformes des secteurs du lait et des céréales. "Elle a opéré un changement radical. C'est un véritable tournant de l'Allemagne vers les positions françaises", a commenté une source européenne. Devant la presse, M. Fischler n'a pour sa part pas montré de velléité de céder sur ces idées phares de sa réforme. Il a de nouveau évoqué le spectre, en cas d'échec, de voir l'UE "cantonnée à voyager en seconde classe et appuyer sur le frein" lors de la réunion ministérielle de l'Organisation mondiale du commerce (OMC) en septembre à Cancun (Mexique). |
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