Il a réitéré son refus du "découplage total" entre le niveau de production et le montant des aides directes versées aux exploitants, que la Commission européenne souhaite instaurer à partir de 2004, et s'est montré pessimiste sur un compromis le mois prochain si Bruxelles n'adoucit pas son plan. "N'ayons pas la magie des dates", a martelé M. Gaymard, en marge de la réunion informelle des ministres européens de l'Agriculture sur l'île grecque de Corfou (nord-ouest). "Le 30 juin n'est pas une date sacramentelle comme l'était le 31 décembre 2002", a-t-il ajouté, en référence à la réforme de la pêche bouclée en urgence par les Quinze en fin d'année dernière. A l'époque, l'édifice de la pêche communautaire était menacé par l'échéance des accords européens régulant le secteur. Le ministre français a affirmé "ne pas voir comment un compromis" sur la Pac "serait possible si la Commission ne fait pas mouvement". "Je ne vois pas d'évolution dans l'hypothèse où la Commission ne bougerait pas, notamment sur le découplage des aides", a-t-il dit. Le commissaire européen à l'Agriculture Franz Fischler a réaffirmé dimanche sa conviction qu'un accord sur la réforme de la PAC pouvait être obtenu dès juin. Mais il avait refusé a priori de revenir sur son projet de découplage total des aides, le point crucial de son plan, et jugé "dangereux" un découplage partiel, en soulignant les divergences d'interprétation entre les pays de l'UE à l'égard de cette idée avancée notamment par l'Allemagne comme solution possible de compromis. M. Gaymard s'est défendu lundi de faire obstacle d'avance à un accord, assurant que la France, principale opposante de M. Fischler avec les pays du sud de l'UE et l'Irlande, était "ferme, mais pas fermée". Il s'est montré prudent sur le "découplage partiel", affirmant vouloir étudier des propositions avancées par sa collègue allemande Renate Kuenast. Il s'est dit favorable au principe d'un transfert ("modulation") d'une partie des subventions à la production vers des aides au développement rural, autre axe clé de la réforme Fischler. Il a souligné toutefois que le niveau de 6% proposé par la Commission à l'horizon 2013 constituait pour la France un "maximum maximorum", et a rejeté le projet de Bruxelles de financer aussi par un biais similaire "une baisse des prix des céréales et du lait". Les autres ministres européens présents à Corfou ont tous relevé la nécessité d'échafauder un compromis sur la PAC, tout en se montrant partagés sur l'urgence de la réforme. Proche de M. Gaymard, le Portugais Armando Sevinate Pinto a estimé qu'"aboutir en juin ou en novembre" n'avait "pas grande importance". "Tout dépend du contenu", a-t-il déclaré, reprochant lui aussi à la Commission de ne pas "bouger". Le Wallon José Happart, qui représentait la Belgique, a prédit une absence d'accord en juin et un renvoi du dossier à la future présidence italienne de l'UE.
L'Irlandais Joe Walsh a évoqué au contraire "une accélération des négociations" susceptible de permettre d'aboutir le mois prochain. Principale alliée de M. Fischler, la Britannique Margaret Beckett a mis en garde pour sa part contre l'"énorme erreur" que constituerait selon elle une absence d'accord en juin, dans la perspective des négociations sur la libéralisation des échanges agricoles à l'Organisation mondiale du commerce (OMC). |
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