La Confédération paysanne accuse le productivisme

VEZIN-LE-COQUET (Ille-et-Vilaine), 12 août (AFP) - Les aviculteurs de la Confédération paysanne, moins frappés par la canicule, voient dans l'hécatombe en cours des élevages de l'Ouest les conséquences dévastatrices de l'agriculture productiviste plutôt qu'une fatalité due à la seule vague de chaleur.

Le syndicat paysan met en avant des poulaillers à "taille humaine", où les pertes de ces derniers jours sont quasi-nulles, comme alternative aux fortes concentrations des productions industrielles qui sont à l'origine, selon lui, de la mort de centaines de milliers d'animaux depuis le début de la canicule.

"C'est un problème de concentration, on atteint les limites des élevages industriels où les bêtes sont entassées", affirme Patrick Besnard, porte-parole de la Confédération paysanne en Ille-et-Vilaine. "Quand vous avez 25 poulets au mètre carré, comment voulez-vous qu'ils survivent aux fortes chaleurs ?".

Le responsable syndical fustige le manque de préparation de la filière agricole. "La canicule nous tombe dessus tous les 20 ans: si on avait diminué le nombre de volailles au mètre carré, on n'aurait pas la crise actuelle", selon lui.

Serrés dans des hangars d'où elles ne sortent jamais, les volailles élevées en batterie souffrent davantage des pics de températures que les animaux labellisés ou certifiés agriculture biologique.

"Mes poules sont au maximum à six par mètre carré la nuit, et vivent dehors dans la journée", explique Yves Caillard, éleveur biologique à Vezin-le-Coquet. "Elles peuvent emprunter en toute liberté des parcours à l'ombre d'arbres fruitiers, où la chaleur est inférieure de 5 à 6 °C à la température sous abri".

L'aviculteur se félicite d'avoir choisi d'installer ses 1.800 volailles dans trois petits poulaillers: "leur taille limitée m'a évité de recourir à la ventilation ou à la brumisation, qui ne sont pas très efficaces dans les conditions qu'on connaît actuellement".

Car les petits établissements d'élevages sont plus propices à l'aération que leurs cousins de plus grande taille. "Pour ventiler, j'ouvre les portes", résume Paul Renault, éleveur de "coucous" de Rennes (poulets traditionnels) à Louvigné-de-Bais et fournisseur de restaurants réputés dans la région bretonne.

"La situation est difficile, mais pour l'instant je n'ai pas de perte. Mes poulets ne sont pas entassés, ce qui évite qu'ils paniquent. En revanche je plains les éleveurs industriels...", déclare cet exploitant de 2.500 bêtes réparties sur cinq poulaillers de 50 mètres carrés chacun.

Dans la Sarthe, les éleveurs de volailles labellisées sont beaucoup moins touchés par l'hécatombe des animaux causée par la canicule, selon Xavier Uzu, secrétaire départemental de la Confédération paysanne. "Là où il y a de fortes densités, les volailles ne survivent pas. Si vous mettez des êtres humains tout serrés dans un endroit clos, ils font de l'hypoglycémie, c'est pareil", compare-t-il.

"Les pouvoirs publics ont demandé la fermeture de 450.000 mètres carrés de poulaillers pour répondre à la crise du secteur. Ils auraient mieux fait d'organiser la baisse de la densité, car avec des pics de chaleur comme celui-là, la concentration atteint ses limites", résume-t-il.

Les agriculteurs de la Confédération paysanne déplorent que les producteurs paient encore les pots cassés. "Les marchands d'aliments et les transformateurs font supporter les risques aux éleveurs. Ils devraient partager les pertes avec eux", réclame Patrick Besnard.


Aperçu des marchés
Vaches, charolaises, U= France 7,05 €/kg net +0,06
Vaches, charolaises, R= France 6,92 €/kg net +0,08
Maïs Rendu Bordeaux Bordeaux 190 €/t =
Colza rendu Rouen Rouen 465 €/t +3

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