Paris prévoit une "partie difficile" à Cancun

PARIS, 28 août (AFP) - Les ministres français chargés du Commerce Extérieur et de l'Agriculture, François Loos et Hervé Gaymard, ont souligné jeudi devant les organisations agricoles la difficulté de la négociation de l'OMC pour la France, qui veut préserver l'agriculture d'un traitement totalement libéral.

"La partie est difficile, la France risque d'être isolée" a expliqué M. Loos après une réunion de deux heures, à laquelle la presse a pu assister.

"Même s'il existe des différences entre nous", a déclaré M. Loos aux dirigeants agricoles venus dire leur inquiétude, dont José Bové, "nous avons un consensus" sur la "spécificité culturelle" de l'agriculture. "Nous sommes tous d'accord sur la place de l'homme dans la société", a renchéri M. Gaymard et sur la nécessité d'"humaniser la mondialisation".

"Je vous exhorte à nous soutenir, car nous en aurons besoin", a-t-il lancé aux dirigeants agricoles, expliquant que la France avait du mal à faire partager ses convictions face à la "pensée unique libérale".

"Beaucoup de pays déshérités croient que leur intérêt est d'aller contre les politiques agricoles organisées" comme la politique européenne, selon M. Gaymard. "Nos collègues américains sont très présents sur le terrain, notamment en Afrique, pour promouvoir leurs idées", a ajouté M. Loos.

"Pour renverser la vapeur idéologique, il y a du boulot", a résumé Hervé Gaymard, en soulignant que "nul ne peut dire ce qui se passera à Cancun".

Interrogé sur l'inquiétude des syndicats agricoles, M. Loss a estimé qu'ils "ont raison" d'être inquiets car l'OMC est un "dispositif gigantesque".

Les ministres ont rappelé les garde-fous demandés par la France face au texte de compromis actuellement sur la table de l'OMC, présenté par le président du conseil général de l'OMC, M. Perez del Castillo, le 24 août.

"Une telle approche supposant deux étapes, la fixation d'un cadre de négociations puis la détermination d'engagements chiffrés sur la réduction des aides présente des risques", selon M. Gaymard.

"Pour les éviter, la France demandera des garanties afin que cet accord couvre tous les sujets, prévoit des obligations équilibrées entre les membres, offre à la PAC (politique agricole commune) réformée les mêmes garanties que le Farm Bill américain et soit compatible avec la PAC réformée.", estime-t-il.

Mais "certaines des propositions" de ce texte "sont parfaitement inacceptables pour l'Union européenne", comme "la fixation d'une date pour la suppression des subventions à l'exportation, et une réduction progressive de la +boîte bleue" (aides agricoles liées à une limitation d'une production) en plus de la réduction des 2/3 déjà proposée.

Autres points noirs, "l'accord traite tous les pays en développement de façon identique sans distinguer le cas des pays les moins avancés de celui des pays émergents exportateurs". Enfin "il demeure incomplet sur la clause de paix, les indications géographiques, le principe de précaution et l'étiquetage obligatoire".

M. Loos a souligné que la PAC réformée en juin dernier permettait une certaine "marge de manoeuvre" aux négociateurs européens puisqu'elle laissait la liberté aux pays membres de fixer l'ampleur des aides découplées de la production, lesquelles sont en principe intouchables lors de la négociation.


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