Les écologistes inquiets de l'enfouissement de millions de volailles

RENNES, 27 août (AFP) - Les écologistes bretons s'alarment des conséquences pour l'environnement de l'enfouissement de millions de carcasses de volailles tuées par la canicule, épisode qu'ils considèrent comme une nouvelle preuve de la faillite du système de l'agriculture intensive.

Les préfectures des quatre départements de Bretagne, première région française de production avicole, ont pris début août des arrêtés autorisant les éleveurs à enfouir les animaux morts, car les services d'équarrisage étaient débordés par l'afflux de carcasses.

La vague de chaleur terminée, l'hécatombe s'est arrêtée et la situation revient progressivement à la normale, permettant par exemple à la préfecture du Morbihan de lever son arrêté.

Mais la saturation temporaire des entreprises d'équarissage, qui assurent le ramassage et le dépeçage des animaux morts dans le cadre d'une délégation de service public, a marqué les esprits.

"Il faudrait que les usines d'équarrissage aient une capacité de production de 20 à 25% supérieure à leur activité normale, pour qu'elles puissent gérer un problème de mortalité anormale ou une épidémie", estime Yves Heuzé, spécialiste des questions vétérinaires et environnementales.

Les carcasses ont été enterrées dans des conditions strictement définies. Sous l'autorité du maire, l'enfouissement devait être soumis à un avis préalable des autorités sanitaires. Un hydrologue pouvait être consulté en cas de risque de pollution des nappes phréatiques.

Selon l'arrêté préfectoral, les fosses devaient être à bonne distance des puits privés, des lieux de baignade, des cours et plans d'eau. Leur profondeur devait être au moins de deux mètres.

"Je n'ai jamais vu ce type de condition respecté en Bretagne : vu le faible nombre d'hydrologues présents pendant les vacances, il ne devait pas y avoir beaucoup de monde pour vérifier!", nuance Paul Pegeaud, de l'association Eau et Rivières de Bretagne.

La France est régulièrement tancée par la Commission européenne pour la pollution des eaux bretonnes par les nitrates et toute décision suspectée d'affecter les nappes phréatiques soulève l'inquiétude.

Les écologistes s'interrogent également sur l'origine de l'hécatombe de volailles.

"Il y a une fragilité extrême de l'agriculture industrielle en Bretagne : quand on fabrique des poulets en 35 jours, dans des conditions de mal-être, il ne faut pas s'étonner qu'on ait 2.000.000 volailles mortes en période de canicule", analyse Pascale Loget, porte-parole régionale des Verts et adjointe au maire de Rennes.

Davantage que les agriculteurs pratiquant l'élevage intensif, ce sont les "intégrateurs", les firmes qui achètent les volailles aux producteurs avant de les transformer, qui sont désignés comme responsables.

"Les intégrateurs qui incitent les aviculteurs à intensifier l'élevage ne devraient plus être soutenus par les pouvoirs publics", affirme René Louail, responsable breton de la Confédération paysanne. "L'Etat devrait plutôt aider ces éleveurs à changer leur système de production, car un système intensif est vulnérable au niveau sanitaire et économique", ajoute-t-il.


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