L'addition va être salée pour la France

PARIS, 7 août (AFP) - La sécheresse qui règne depuis plusieurs semaines en France devrait entraîner une addition salée dans le secteur de l'agriculture, estiment les organisations agricoles et le ministère de l'Agriculture.

"L'Etat a toujours été là en cas de problème et sera encore là", soulignait-on jeudi au cabinet d'Hervé Gaymard, le ministre de l'Agriculture, en réponse à l'inquiétude du monde agricole.

En plus des 37 millions d'euros annoncés par le gouvernement - dont 26 millions d'euros ont déjà été débloqués - pour l'aide au transport du fourrage, le Fonds national de garantie des calamités agricoles (FNGCA), co-financé par l'Etat et les agriculteurs, pourrait devoir débourser plus de 100 millions d'euros pour la seule sécheresse, en plus des 20 à 30 millions d'euros pour le gel du printemps, selon les organisations professionnelles agricoles.

Aucun chiffrage total n'est encore possible car il faudra y ajouter le coût du report au 15 décembre prochain du paiement des cotisations sociales des agriculteurs des départements affectés par la sécheresse et les éventuels allégements de charges et prêts bonifiés que le Premier Ministre, Jean-Pierre Raffarin, pourrait annoncer lors de la Conférence Agricole le 22 août prochain.

Le FNGCA a déjà dû débourser 105 millions d'euros en 2002, dont environ 40 millions d'euros pour les inondations dans le Gard, tout en voyant ses réserves ponctionnées de 130 millions d'euros au profit du budget annexe des prestations sociales agricoles (BAPSA).

"Ponctionner ainsi le fonds a quelque chose d'immoral et d'illogique", a estimé Jérôme Despey, président des Jeunes Agriculteurs.

Plus grave encore aux yeux des organisations agricoles, le gouvernement n'avait rien prévu dans le budget 2003 pour le FNGCA, alors que les agriculteurs et les conchyliculteurs (producteurs d'huîtres et moules), par le biais de surtaxes sur leurs cotisations d'assurances, y contribuent pour environ 83 millions d'euros en moyenne par an.

"Il n'y a pas d'inquiétude à avoir car le FNGCA dispose à l'heure actuelle de 120 millions d'euros, indiquait-on au cabinet de M. Gaymard. Le ministre de l'Agriculture a, en outre, assuré la semaine dernière, avant son départ en vacances, que son ministère disposerait de crédits supplémentaires lors du prochain collectif budgétaire.

Cinquante-cinq départements, dont la liste a été rendue publique jeudi, ont d'ores et déjà prévu de demander que leurs agriculteurs victimes de la sécheresse puissent bénéficier du FNGCA. Les départements ont jusqu'au 19 août pour déposer leurs dossiers. La prochaine réunion de la Commission nationale du fonds des calamités agricoles, avancée d'octobre au 29 août, examinera cette liste et fera des propositions au gouvernement qui décidera du niveau d'indemnisation.

"La sécheresse n'est pas un problème agricole mais un problème national", a affirmé à l'AFP Luc Guyau, président de l'APCA (Assemblée Permanente des Chambres d'Agriculutre).
Mais, si l'Etat, en cette période déjà difficile pour le budget, va devoir payer une facture importante, pas question d'instaurer un "impôt sécheresse" comme en 1976, a assuré avec force à plusieurs reprises M. Gaymard.
Car, si cet "impôt" avait été remboursé ensuite aux contribuables, son impopularité a longtemps nui à l'image des agriculteurs dans le reste de la société française et personne n'est prêt à renouveler l'expérience même si la canicule se poursuivait encore plusieurs semaines.


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