En Ille-et-Vilaine, Sonia, Sébastien et Alain Fretay ont construit une nurserie attenante à la stabulation laitière pour l’élevage des jeunes veaux. Une installation qui leur a permis de décrocher un Inel d’or (prix de l’innovation en élevage) à l’occasion du Space 2024.
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En 2021, le cahier des charges bio a évolué, interdisant le logement individuel des veaux de plus de 7 jours. Au Gaec Fretay, Sonia, Alain et Sébastien ont transformé cette contrainte en opportunité. « Nous avions une nurserie qui ne fonctionnait pas, avec beaucoup de troubles respiratoires. Nous nous sommes dit que c’était l’occasion de travailler autrement », tranche Alain.
Après plusieurs mois de recherche, les éleveurs ont eu un coup de cœur pour la nurserie collective d’un éleveur allemand. « On a cherché à adapter son modèle à notre structure » poursuit Sonia. Sur 25 mètres, la charpente de la stabulation a été prolongée pour offrir un appentis aux veaux laitiers. Ils bénéficient ainsi d’un peu plus de 40 m² au sec, au sein d’un parc de 800 m², divisé en deux cases. « L’auvent nous permet de distribuer le lait au sec, et les niches installées sur la parcelle servent d’abris en cas d’intempéries » résume Sébastien. L’installation a été récompensée d’un Inel d’or (prix de l’innovation en élevage), remis par Web-agri et l’Éleveur laitier à l’occasion du Space de Rennes.
L’extension a été totalement réalisée avec des matériaux de récupération. « Pour la charpente, nous avons utilisé des sapins de Douglas que nous avons fait débiter sur la ferme. Nous avions quelques tôles d’avance, les traverses pour la clôture ont été achetées d’occasion… », précise l’agriculteur. Compter au total entre 3 000 et 4 000 € pour l’installation de la nurserie autoconstruite.
Louves et taxis lait pour faciliter l’astreinte
Seuls les louves et le taxi lait ont été achetés neufs. Pas question de lésiner sur le confort de travail. « La salle de traite est de l’autre côté du bâtiment. Je ne me voyais pas me promener avec des seaux. On est sur un équipement qui s’amortit en séances d’ostéo économisées », sourit l’éleveuse.
Car avec une centaine de veaux nourris au lait jusqu’à l’âge de 5 mois, les éleveurs en promènent des litres de lait ! « Le cahier des charges fixe une limite de trois mois pour le sevrage, mais on préfère prolonger. Un petit veau, ça boit du lait » tranche Sonia. Compter alors 3 litres par buvée jusqu’aux trois semaines de l’animal, puis jusqu’à 7 ou 8 l sur des animaux plus âgés. « Sur la fin, on réduit doucement les volumes pour préparer le sevrage, et les animaux ont du foin en plus ». De l’orge est distribué de temps en temps aux cornadis pour apprendre aux veaux à s’y rendre. « C’est plus pour les éduquer à venir que pour les complémenter », précise Sonia.
Pour la distribution du lait, ils misent sur le lait kéfir. Un petit tank près de la salle de traite permet d’effectuer le mélange. « C’est pratique. Ça peut être distribué froid ». Côté recette, rien de plus simple « j’achète du kéfir chez Biocoop, et je l’entretiens chaque jour en ajoutant du lait. Il peut s’alimenter ainsi pendant des mois ».
Enfin, pour rationaliser la conduite des veaux, les animaux sont conduits par lots. « J’ai 10 places sur la louve, donc je fais des lots de 10 », explique l’éleveuse. Lorsque les deux cases sont pleines, les veaux les plus âgés rejoignent la pâture attenante au parc à veaux. « Selon l’âge, je mets un peu de lait ou non, et à partir de 5 mois, ils passent sur une ration tout herbe. En pâturage ou en foin ».
Les génisses vêlent autour de 30 mois, après avoir été mises au taureau, et les mâles sont valorisés en bœufs.
Moins de troubles respiratoires
Sur l’aspect sanitaire, le plein air a de nombreuses vertus aux yeux de Sonia. « Depuis qu’ils sont dehors, nous n’avons plus de problèmes respiratoires », constate l’agricultrice. Et le kéfir permet de limiter les diarrhées sur le troupeau.
Mais pas question pour autant d’utiliser la nurserie extérieure toute l’année. « Il y a des veaux dehors d’avril à octobre ». Ensuite, retour au bâtiment dans les anciennes cases collectives.
La pratique permet d’effectuer un long vide sanitaire. « Lorsque les veaux rentrent dans la stabulation, sur une case qui n’a pas été utilisée pendant 8 mois, cela limite les maladies potentielles ». À l’inverse, le parc extérieur bénéficie d’un vide sanitaire de quatre mois.
Les périodes de vêlage sont également étudiées pour éviter les périodes difficiles. Aucune vache ne vêle entre novembre et février. Difficile pour autant de viser le sans-faute. « Cette année, nous avons perdu deux veaux sur une centaine de vêlages », confie l’éleveuse.
Habituer les veaux au pâturage
La technique permet également de former de bons pâtureurs, « ils ne mangent peut-être pas beaucoup d’herbe à ces âges-là, mais ils savent ce que c’est, et se mettent vite à pâturer au sevrage ». Autre avantage : plus besoin de les habituer aux clôtures. « Ils sont habitués à la clôture en bois, il y a certes une petite adaptation avec la clôture électrique, mais bien moins importante qu’avec des génisses élevées en bâtiment ». Et tous apprécient de ne plus devoir courir après les génisses à la mise à l’herbe !
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