Entre 1960 et les années 1990, la France a vu sa production de viande progresser dans un contexte d’augmentation de la demande et d’ouverture progressive des marchés. « La hausse de la production française s’appuie sur un compromis entre développement industriel et maintien de produits typés, et se greffe sur des exploitations plus petites, plus diversifiées et plus familiales qu’en Europe du Nord. La coexistence des deux logiques est rendue possible par un cadre politique qui à la fois protège un marché européen en croissance et soutient activement la production et les exportations », relève l’Institut du développement durable et des relations internationales, qui a développé un scénario tendanciel sur l’évolution des filières volaille, porcine et bovine dans sa dernière publication.
Dans la période, les fermes d’élevage se sont spécialisées et concentrées : ainsi, l’élevage devient l’apanage de la Bretagne et du Grand-Ouest, ainsi que des bassins herbagers, et les fermes où l’on trouve un atelier viande sont de moins en moins nombreuses. Le nombre d’exploitations qui élèvent des vaches allaitantes s’amenuise ainsi de 44 % sur la période entre 1968 et 2000.
À partir des années 1990, avec la libéralisation des marchés, la consommation de viande évolue vers des produits de plus en plus standardisés, mais la France perd du terrain face à ses concurrents européens avec un niveau d’automatisation inférieur et une productivité moindre.
Une tendance qui ne s’inversera pas sans rien faire
Pour entrevoir le futur des filières viande à 2035, l’Iddri retient plusieurs hypothèses : une demande mondiale en croissance, une compétition entre États membres au service d’une consommation alimentaire à bas prix ; une politique d’orientation de la demande alimentaire « à bas bruit », modifiant peu les tendances alimentaires ; un soutien public aux filières dans le cadre d’une Pac « renationalisée », où chaque pays joue de son avantage comparatif pour renforcer ses filières ; et un pouvoir d’orientation des politiques environnementales secondaire par rapport aux forces économiques.
Il en résulte les tendances suivantes : une déconnexion géographique accrue entre consommation de produits peu différenciés et aires de production ; des pratiques de consommation qui restent déterminées par le signal prix, stables en volume par rapport à 2020 ; et le maintien de différentiels de compétitivité significatifs entre États membres de l’UE, défavorables à la France. Dans l’Hexagone, le décrochage entre l’offre et la demande se poursuivrait. En viande bovine, la contraction de l’offre serait ainsi plus rapide que celle de la demande avec un taux de couverture qui passerait de 95 % à 80 %, (ce taux passe de 97 % à 88 % pour les trois filières viande confondues). En parallèle, le nombre de fermes décroît de près d’un tiers, sans conséquence sur la production de volaille, mais entraînant une diminution de 20 % de la production de viande bovine, les gains de productivité ayant déjà atteint un plafond.
Une baisse de production sans intérêt environnemental
Si la diminution de la production de viande réduit en parallèle les émissions de gaz à effet de serre affiliés, à hauteur de - 15 %, l’augmentation des importations de viande nécessaires pour couvrir la demande annule presque complètement cet effet.
En revanche, « le retournement des prairies permanentes dans les régions de plaine et de coteaux (- 18 % entre 2020 et 2035 et - 26 % entre 2000 et 2035) a comme conséquences négatives la pollution des eaux (relargage de nitrates sur plusieurs années, baisse du pouvoir épurateur), des pertes de biodiversité et le déstockage de carbone ainsi que le recul des infrastructures agroécologiques – haies, bosquets, mares – associées à l’élevage herbivore pâturant », relève l’Iddri.
L’institut prévoit également une intensification végétale liée à la forte demande en concentrés, et des effets négatifs liés à l’utilisation d’engrais de synthèse, de produits phytosanitaires et de l’irrigation.
Un autre avenir est-il possible ? L’iddri liste davantage de questions que de réponses, mais affirme néanmoins qu’il est nécessaire de prendre en compte « l’ensemble des enjeux associés à la production et à la consommation des viandes », « en allant au-delà d’une recherche d’un compromis entre compétitivité et climat (traduite en kg CO2/tonne de viande), qui guide la plupart des discussions actuelles ».
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