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C’est dans la petite commune de Saint-Germain-de-Martigny, dans l’Orne (61), que Denis Mousset élève une centaine de vaches laitières. Son exploitation est plutôt classique : les vaches sont en logettes paillées, la ration est de type maïs/soja, la reproduction se fait en monte naturelle.
Ayant trait plus de 25 ans dans sa salle de traite « Autotandem Orlando » de la marque Westfalia, Denis a décidé en 2014 de moderniser son installation pour améliorer son confort de travail. Il s’est alors rendu au salon EuroTier en Allemagne pour prendre connaissance des nouveautés. C’est à cette occasion qu’il a découvert la salle de traite Multilactor de la marque Silicon Form. « La conception de la traite, du lavage et de la désinfection m’ont fait m’interroger », avoue l’éleveur. En effet, l’originalité de ce système est de ne plus comporter de griffes mais seulement des gobelets trayeurs indépendants, comme sur un robot de traite.
Du confort pour les vaches comme pour le trayeur
La séparation par quartier sans bol permet une répartition uniforme du poids et de la pression sur chaque trayon. L’absence de griffe pèse alors moins lourd sur les trayons mais représente aussi un très gros avantage pour le trayeur : plus de confort ! Anaïs, la salariée qui s’occupe de la traite des vaches, constate : « J’ai travaillé dans une salle de traite 2 x 12 traite par arrière, raconte-t-elle, et ce n’est pas la même chose : là c’est beaucoup moins difficile, surtout pour les épaules puisqu’il n’y a plus de griffes à porter. » En effet, chaque gobelet pesant environ 400 g, ils sont moins lourds à porter qu’une griffe qui peut aller jusqu’à 2 kg.
Une fois posés, les gobelets ne font que stimuler la mamelle sans extraction de lait. C’est seulement après un laps de temps prédéfini que le vide se fait et que le lait est tiré. Le vide est d’ailleurs bas : « Aujourd’hui je trais à 34 kPa (kilopascal : unité de pression, ndlr) alors que j’étais à 42 avant, explique l’éleveur, cela permet de ménager les trayons ». L’entrée d’air se fait au moment du vide de façon périodique et commandée par le pulsateur. L'entrée est d’ailleurs plus près du trayon par rapport à une griffe, ce qui fait descendre le lait plus rapidement.
Durant la traite, le bras qui distribue les gobelets entraîne les tuyaux à lait dans un mouvement rotatif pour stimuler la mamelle. « Je vois encore ma mère masser les mamelles des vaches pour faire descendre le lait, se remémore l’éleveur, c’est le même principe. D’ailleurs, depuis l’installation, celles-ci paraissent mieux vidées qu’avant, affirme-t-il. La stimulation fait descendre le lait des acinus et il y a plus de lait . » Selon ses estimations, il aurait augmenté sa production de 10 % grâce au Multilactor.
Une désinfection des gobelets entre chaque vache
Lorsque le débit du lait tombe en dessous d’une valeur minimum pré-réglée, la pulsation et le vide se déconnectent puis les gobelets sont rétractés par le bras sans toucher le sol. Entre chaque vache, les gobelets subissent un nettoyage et une désinfection : ils sont d’abord rincés à l’eau à l’intérieur comme à l’extérieur puis secoués pour faire sortir d’éventuels résidus, ensuite désinfectés par une solution péracétique puis à nouveau rincés à l’eau. Au total, moins de 2 litres (eau + désinfectant confondus) sont nécessaire à chaque nettoyage. Une fois ce processus terminé, le magasin trayeur reprend sa position initiale, prêt à traire une nouvelle vache.
« Cela fait trois mois que je n’ai plus aucune mammite », se réjouit l’éleveur. Son taux cellulaire moyen ne dépasse d’ailleurs pas les 180 000 cellules. Depuis l’installation, il se permet de ne plus tremper les vaches après la traite, ce qui lui fait gagner du temps (et de l’argent !). Denis constate également moins de lésions sur les trayons de ses animaux : « Avant, avec mes anciennes griffes, j’avais des sphincters abîmés et même retournés et il y avait aussi plus de cellules. Je suis persuadé que mes vaches dureront plus dans le temps. »
120 000 € d’investissement total amorti en trois ans
La nouvelle salle de traite est en route depuis maintenant plus d’un an (janvier 2017). Il s’agit de la deuxième installation en France (la première se situe en Alsace). Denis a choisi de conserver son ancien dispositif en 2 x 4 tandem et de garder ses compteurs à lait. Il a alors dû descendre la ligne de vide qui était auparavant en hauteur et installer les huit bras. Au final, il a investi 8 000 €/poste, soit 64 000 € (il aurait fallu ajouter 1 000 €/poste pour avoir les compteurs à lait sur l’écran d’affichage ainsi qu’une commande automatique des portes). Il a également dû racheter un programmateur de lavage (pour environ 3 000 €) et un compresseur (environ 4 000 €).
Au total, il chiffre son investissement global à 120 000 € en comptant ses différents voyages en Allemagne, le temps passé et la main d’œuvre pour l’installation de la nouvelle salle de traite. Il a bénéficié des aides de la région et de l’Europe dans le cadre d’un PCAE (plan de compétitivité et d’adaptation des exploitations), ce qui a financé 25 % de l’investissement. L’éleveur estime amortir le tout en trois ans.
« Un robot n’aurait pas réduit les contraintes »
Pour supprimer définitivement la pénibilité de la traite, Denis Mousset avait déjà songé au robot mais selon lui, «il présente plus de défauts que d’avantages ». Pour se faire une idée, il est tout de même allé visiter plusieurs élevages qui ne l’ont pas convaincu. Il préfère privilégier le contact entre les vaches et le trayeur : « Dans mon système, on voit les vaches et on peut s’attarder sur celles qui ont un souci. Et l’avantage c’est qu’une fois la traite finie : on tourne le bouton et c’est terminé, contrairement au robot qui peut vous appeler de jour comme de nuit ».
Au total, la traite dure deux heures et ne mobilise qu’une seule personne. Pendant qu’Anaïs trait, Denis nourrit les vaches. Après la traite, il ne leur reste qu’à faire boire les veaux. L’éleveur ne regrette pas du tout son investissement : une salle de traite plus grande aurait surement dû mobiliser une personne supplémentaire et un robot lui aurait selon lui coûté plus cher pour plus de contraintes.