« Je fais résolument le choix du développement »

Alors que son interview publiée dans « Les Échos » a fait l’effet d’une bombe fin septembre, le président de la FNCL revient sur sa vision de la filière et sur les évolutions nécessaires.

L’organisation de la filière doit-elle évoluer ?

Dominique Chargé : C’est certain. Aujourd’hui, les transformateurs gèrent une volatilité dont ils ne sont pas responsables. Les privés subissent aussi les conséquences d’une contractualisation qui leur a été imposée. L’organisation de la filière doit être plus en phase avec les marchés. C’est particulièrement nécessaire pour la gestion de l’offre de lait.

Le problème majeur vient de l’abandon ou de la diminution des outils européens de gestion du marché. Les bassins de production se retrouvent en concurrence et il ne reste quasiment aucun outil pour accompagner les acteurs de la filière en cas de crise. Le programme de réduction de la production est arrivé un an trop tard. Il faut être plus réactif. On pourrait imaginer un outil de prévention des crises pour organiser un retrait ou une réduction volontaire de la production plus en amont.

Quel doit être le rôle des producteurs dans la filière ?

D.C. : Je considère la coopération comme la forme la plus aboutie de l’organisation économique. La gestion des volumes et des prix fait partie de sa stratégie. Nous faisons le choix du dynamisme économique parce que cela répond aux attentes de nos adhérents.Chez les privés, la relation entre l’industriel et les producteurs se limite au volume et au prix dans un cadre contractuel qui conduit à un rapport de force. L’industriel part de ses marchés et cherche une offre de lait adaptée à ses besoins, ce qui est tout à fait normal. Mais cela n’est pas forcément convergent avec les objectifs des éleveurs.

Il y a donc un enjeu pour ces derniers à prendre leurs responsabilités pour atteindre leurs propres objectifs. Le pilotage des volumes est, à ce titre, un élément important.

Pour avoir un réel rôle économique, les OP doivent se trouver face au marché. Je crois à l’organisation économique de l’offre de production.

Il existe des coopératives de collecte qui fonctionnent très bien. Des OP commerciales pourraient faire de même, dans l’intérêt des  producteurs, mais aussi des industriels.

N’oublions pas que la dérogation au droit de la concurrence, dont bénéficient les OP dans le cadre de l’OCM lait, ne court que jusqu’en 2020. Que se passera-t-il après ? Les OP conserveront-elles leurs missions sans transfert de la propriété du lait ? Ce n’est pas certain.

Qu’en est-il d’Atla ? Est-ce que le torchon brûle entre les coopératives et les privés ?

D.C. : Atla a besoin d’évoluer aussi. La fin des quotas modifie les enjeux et remet en exergue les divergences stratégiques liées aux modèles économiques, notamment à l’international. Les coopératives et les industriels privés font le même métier avec des objectifs différents. Nous avons donc toujours intérêt à mutualiser les expertises en ce qui concerne les analyses de marchés, de réglementations techniques, sanitaires ou sociales, par exemple. Mais dans cette association, la Fnil est majoritaire. Elle privilégie donc la représentation de sa famille, au niveau européen notamment. Les statuts et le fonctionnement ne sont pas conçus pour des prises de position politiques communes. Pour qu’Atla fonctionne en répondant aux nouveaux enjeux, il nous faut revenir à une gouvernance équilibrée, comme c’était le cas jusqu’en 2004. Des discussions sont en cours au sein d’Atla depuis deux ans et j’espère que nous allons aboutir à un rééquilibrage. C’est tout.

Comment voyez-vous l’avenir laitier de la France ?

D.C. :Nous devons faire un choix de filière : soit on opte pour le développement économique, soit on bascule dans un ajustement, plus ou moins piloté par les besoins du marché intérieur. Personnellement, je vote pour le développement. Nous avons tous les atouts pour cela. Mais il nous manque des outils de gestion de crise. C’est vrai au niveau des exploitations, qui ont besoin d’une fiscalité adaptée à la volatilité. C’est vrai aussi pour les entreprises. Et la question de la compétitivité est posée à tous. Il faut bien comprendre que si nous optons pour la réduction, le lait se fera ailleurs et nous ne verrons pas la différence sur la valorisation de notre production.

propos recueillis par PASCALE LE CANN
Aperçu des marchés
Vaches, charolaises, U= France 7,1 €/kg net +0,05
Vaches, charolaises, R= France 6,94 €/kg net +0,02
Maïs Rendu Bordeaux Bordeaux 190 €/t =
Colza rendu Rouen Rouen 465 €/t +3

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