Depuis janvier 2022 et l’application du règlement européen 2019/6, il n’est plus autorisé de traiter préventivement et systématiquement toutes les vaches avec des antibiotiques au tarissement. Le recours aux médicaments anti-microbiens sera réservé aux vaches à problème ou ayant un risque infectieux élevé.
Le traitement sélectif au tarissement passe par la pose d’obturateurs, sans antibiotique. Il fait ses preuves sur les vaches à moins de 250 000 cellules sur 6 mois. « Les obturateurs sont plus efficaces que les antibiotiques pour réduire les nouvelles infections », rappelle Sofie Piepers, professeur en santé mammaire à la faculté de médecine vétérinaire de Gand lors du symposium « au cœur du lait », organisé par MSD santé animale. « Le traitement sélectif fonctionne dans les troupeaux à situation sanitaire saine, où les stress au tarissement sont limités et avec peu de mammites de début de lactation. »
En cas de mammite, les antibiotiques c’est pas systématique
Une nouvelle approche est aussi possible pour soigner les mammites légères à modérées. « On peut sortir d’un traitement systématique en faisant des analyses bactériologiques qui guideront la nécessité ou non d’antibiotiques, la durée et la voie d’administration selon le germe à l’origine de la mammite », conseille Sofie Piepers.
Cette approche est possible avec un traitement immédiat aux antibiotiques comme un traitement tardif, qui ne débutera que 18 à 24 h après les symptômes, à réception des résultats de l’analyse. Si ces résultats indiquent que la mammite est causée par une bactérie à Gram -, il n’y a pas besoin d’antibiotiques, juste des anti-inflammatoires en soutien. Si elle est causée par une bactérie à Gram +, il est nécessaire de continuer ou de débuter un traitement antibiotique. En cas de staphylocoque doré, il sera administré des antibiotiques uniquement en l’absence d’infection chronique.
On peut aussi jouer sur la durée du traitement. Pour une mammite due à des coliformes, un traitement intra-mammaire de 3 jours laisse espérer 70 % de guérison. « Avec un traitement de 5 jours, on n’augmente que faiblement le taux de guérison alors que le coût double presque, chiffre Sofie Piepers. Le taux de guérison est meilleur avec des antibiotiques intra-mammaires et parentéales pendant 5 jours mais le coût est bien plus élevé. »
Si elle permet de réduire la consommation d’antibiotiques, cette approche du traitement des mammites après analyse n’est pas moins chère, au contraire. « Nous avons testé cette approche sur deux fermes expérimentales, partage Marylise Le Guénic, vétérinaire à la chambre d’agriculture de Bretagne. Nous avons réduit de 15 % le recours aux antibiotiques. Mais économiquement ce n’est pas rentable à cause du coût des analyses ».
Chez nos voisins néerlandais
En 2006, après une hausse en répercussion à l’arrêt des facteurs de croissance, les Pays-Bas ont décidé que la consommation d’antibiotiques en élevage devait revenir au niveau de 1999. « Entre 2009 et 2012, nous avons réduit notre consommation de 50 %. Maintenant, nous sommes arrivés à - 70 % par rapport à 2009 », chiffre Jantijn Swinkels, directeur technique santé mammaire chez MSD aux Pays-Bas.
Les éleveurs néerlandais ont réduit de 70 % leurs recours aux antibiotiques
Pour y arriver, le gouvernement néerlandais a décidé que chaque élevage aurait un vétérinaire attitré et qu’il y aurait qu’auprès de lui que l’achat d’antibiotiques serait possible. Lors du contrôle annuel, sont établis des plans de traitement, avec des préconisations d’antibiotiques et un recours limité aux molécules critiques.
En 2013, c’est l’usage préventif d’antibiotiques au tarissement qui a été interdit. « Le traitement sélectif est vite devenu une réalité. Pour autant, la diminution des moyennes cellulaires a continué », partage Jantijn Swinkels. Les seuils pour un tarissement sans antibiotique sont de 50 000 cellules pour les vaches, 150 000 pour les génisses. « Si un élevage n’a pas spécialement de problèmes, notamment pas de mammites à Gram +, le seuil peut être passé à 300 000 cellules », poursuit-il.
Les éleveurs ont été encouragés à utiliser des obturateurs et à améliorer la conduite des vaches taries. Des diagnostics bactériologiques sont faits en cas de mammites subcliniques pour adapter les traitements. Cette politique a porté ses fruits : en 2008, 80 % des vaches recevaient des antibiotiques. En 2016, elles n’étaient plus que 30 %.
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